Orange se renforce au capital de sa filiale belge

Au terme d’une OPA sur les 47% d’Orange Belgium qu’il ne possédait pas encore, le géant français des télécoms dispose désormais de près de 77% du capital de cette filiale. Insuffisant, toutefois, pour la retirer de la Bourse, comme il le souhaitait.
Pierre Manière
Orange a déboursé 316 millions d'euros dans cette opération.
Orange a déboursé 316 millions d'euros dans cette opération. (Crédits : Regis Duvignau)

Officiellement, Orange se montre satisfait. Le numéro un français des télécoms se félicite, ce jeudi matin, des résultats de son OPA sur les 47% d'Orange Belgium qu'il ne possédait pas encore. Désormais, le voici propriétaire de 76,97% de cette filiale belge. « Nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixé : offrir un prix juste aux actionnaires qui souhaitaient monétiser leurs titres et nous renforcer au capital d'Orange Belgium, affirme Ramon Fernandez, le directeur financier d'Orange. Avec près de 77% du capital détenu par le groupe, nous disposons désormais de moyens pour améliorer la flexibilité financière d'Orange Belgium, déployer plus efficacement sa stratégie de création de valeur à long terme et lui permettre de mieux réagir aux transformations majeures du marché belge. »

Au total, l'opérateur historique a récolté 14,36 millions d'actions supplémentaires, au prix de 22 euros par titre. L'opération lui a donc coûté plus de 316 millions d'euros. Pas de quoi, toutefois, sabrer le champagne. L'objectif d'Orange était clair : ramasser plus de 95% des titres, ce qui lui aurait coûté près du double, mais lui offrait la possibilité, comme son état-major le souhaitait, de retirer Orange Belgium de la Bourse. En l'état, la manœuvre s'avère impossible.

Le fonds Polygon monte au créneau

Au terme de l'OPA initiale, qui s'est achevée le 23 avril, Orange possédait 74,68% d'Orange Belgium. Ce qui ne le satisfaisait pas. Le géant français des télécoms a décidé de prolonger son offre, sans modifier son prix. Cela n'a pas franchement incité les minoritaires à apporter davantage de titres. Avec cette dernière manoeuvre, Orange a récupéré seulement 2,28% du capital total de sa filiale.

Beaucoup de minoritaires ont, semble-t-il, jugé trop faible le prix proposé par Orange. Quand bien même Ramon Fernandez a répété que les 22 euros représentaient « une prime de 36% par rapport au cours de l'action avant [le lancement] de l'offre », et que ce prix était à ses yeux « bon, juste et équitable ». Le fonds Polygon, en particulier, a largement dénoncé l'OPA d'Orange, et a préféré conserver ses titres. Celui-ci possède 5,3% d'Orange Belgium. Pour ses dirigeants, l'offre d'Orange était « dérisoire »« Polygon réaffirme son point de vue selon lequel l'offre d'Orange revient à sous-évaluer substantiellement la société Orange Belgium sur une base 'stand-alone', a argué Polygon dans un communiqué fin avril. Polygon estime, qu'entre autres facteurs, l'offre d'Orange fait état d'un prix qui, de l'avis de Polygon, a été temporairement et indûment réduit par la crise du Covid-19 et les inquiétudes persistantes de voir arriver un potentiel quatrième entrant sur le marché de la téléphonie mobile belge. » Le fonds, de son côté, militait pour un prix d'au moins 40 euros.

L'opération a suscité l'ire de la CFE-CGC, la première organisation syndicale d'Orange, et de l'Association des actionnaires salariés de l'opérateur (ADEAS). Dans un communiqué, elles dénoncent un « fiasco ». D'après elles, il est urgent d'« arrêter les frais ». A leurs yeux, les « objectifs 'business' de l'opération n'ont toujours pas été clairement énoncés ». En étant aujourd'hui largement majoritaire au capital d'Orange Belgium, Orange se trouve dans une position favorable pour jouer un rôle en cas de consolidation du marché belge des télécoms. Le groupe français n'a, en particulier, jamais caché son intérêt pour le câblo-opérateur Voo, qui pourrait bientôt être mis en vente. Mais pour la CFE-CGC et l'ADEAS, Orange, qui était déjà majoritaire chez Orange Belgium avant l'OPA, n'avait pas besoin de renforcer son pouvoir pour mener, par la suite, des acquisitions.

La CFE-CGC et l'ADEAS rappellent que cette OPA sur Orange Belgium a été financée par un magot de 2,2 milliards d'euros provenant d'une restitution fiscale fin 2020. Elles appellent l'opérateur à utiliser le cash restant dans « des investissements productifs, notamment en Afrique ». En décembre dernier, la CFE-CGC et l'ADEAS militaient pour que l'opérateur mette le grappin sur Atos, avec l'ambition de grandir dans la cybersécurité et le cloud. Mais l'état-major du groupe a balayé cette perspective.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 07/05/2021 à 23:10
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En fait c’est juste un échec de plus qui alourdit le bilan de dix années d’échecs financiers et commerciaux d’orange, sans aucune innovation à mettre sous la dent des contribuables premier actionnaire. L’Assemblée Générale d’orange doit intervenir et...

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