Télécoms : 2018, année noire pour le géant chinois ZTE

Après avoir été, durant un trimestre, sous le coup d'une interdiction de commercer avec les États-Unis, le champion chinois des équipements télécoms a prévenu qu’il s’attendait à une lourde perte pour l’exercice en cours.
Pierre Manière
ZTE compte 74.000 collaborateurs.
ZTE compte 74.000 collaborateurs. (Crédits : China Stringer Network)

La note sera salée. Et 2018 une année à oublier. Le mastodonte chinois ZTE a indiqué, la semaine dernière, qu'il s'attendait à enregistrer une grosse perte pour l'exercice en cours. Sur l'année, celle-ci pourrait s'élever à 7,2 milliards de yuans (936 millions d'euros). Le groupe, qui compte 74.000 collaborateurs, va payer au prix fort ses déboires commerciaux avec les États-Unis. Pour rappel, ZTE, qui est avec son compatriote Huawei le fer de lance des équipements télécoms en Chine, s'est vu interdire, au printemps dernier, d'acheter des composants électroniques américains. Une punition émanant de Washington, qui reprochait au groupe chinois d'avoir violer l'embargo contre l'Iran et la Corée du Nord.

L'affaire a fait grand bruit. Et pour cause : ZTE, qui est largement dépendant de ces composants, a été contraint de suspendre ses activités. Après de longues et difficiles négociations entre Pékin et Washington, les Etats-Unis ont levé leurs sanctions au début de l'été. Un accord a été trouvé avec ZTE, qui a fait le ménage dans son équipe dirigeante et accepté de payer une amende faramineuse de 1 milliard de dollars. ZTE a pu reprendre ses activités. Mais en marchant sur des œufs. Au début du mois, la justice américaine a décidé d'étendre jusqu'en 2022 sa surveillance du groupe chinois pour s'assurer de son respect des lois américaines sur les exportations - alors que celle-ci devait s'achever en 2020.

Lire aussi : Télécoms : les Etats-Unis renforcent leur surveillance sur ZTE

Des déboires en cascade

Mais les déboires de ZTE ne se sont pas arrêtés là. Il y a trois semaines, l'équipementier a essuyé une fronde des investisseurs, lâchant plus de 11% à la Bourse de Hong Kong. Cette dégringolade a fait suite à des informations de l'agence Bloomberg, selon lesquelles les systèmes de certaines sociétés américaines étaient gangrenés par des processeurs trafiqués, insérés par des espions chinois. Cela ne pouvait pas plus mal tomber.

Aux États-Unis, une partie de la classe politique estime que les groupes chinois, en particulier dans le secteur des nouvelles technologies, représentent une menace pour le pays de l'Oncle Sam. Ils redoutent que Pékin utilise leurs produits et infrastructures à des fins d'espionnage. C'est d'ailleurs ce qui a poussé l'autre géant chinois des équipements télécoms, Huawei, à cesser ses activités aux États-Unis.

ZTE, qui est un des groupes les plus en pointe en matière de 5G, fait aussi les frais de la bataille entre Washington et Pékin, qui mettent les bouchées doubles pour être les premiers à maîtriser et déployer cette technologie jugée stratégique dans l'économie de demain. Sous ce prisme, il est clair que pour la Maison Blanche, ZTE comme Huawei constituent des menaces sérieuses. C'est dans ce contexte difficile que l'équipementier va devoir se relancer. Un sacré défi.

Lire aussi : ZTE au coeur de la bataille commerciale sino-américaine

Pierre Manière

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