Orange a levé le voile, ce vendredi, sur les conclusions de son enquête interne visant à faire la lumière sur la panne géante de la semaine dernière, qui a empêché de nombreux Français de joindre les services d'urgence. « Le dysfonctionnement a porté sur l'interconnexion entre les services voix mobile, voix sur IP d'une part et ceux hébergés sur le réseau commuté (la plupart des numéros d'urgence étant sur cette technologie), et d'autre part, suite à une opération de modernisation et d'augmentation capacitaire du réseau, débutée début mai, pour répondre à l'accroissement du trafic », affirme l'opérateur historique dans un communiqué.
Orange souligne que cette interconnexion repose sur « une plateforme de call servers ». L'opérateur en possède six, disséminés dans tout le pays. Or, « un dysfonctionnement de la plateforme de service est intervenu et a provoqué les perturbations », précise le leader français des télécoms. D'après le groupe, celui-ci a été provoqué par un « bug » au niveau des logiciels de call serveurs. « Ce bug s'est activé suite à des commandes usuelles de reconnexion, perturbant le fonctionnement global des calls servers », détaille l'opérateur. Orange assure que cette « défaillance logicielle » a été « identifiée » par son « partenaire fournisseur des équipements concernés » - dont l'opérateur refuse de donner le nom. « Un correctif a été adressé », assure le groupe.
« Une communication tardive »
Dans son communiqué, Orange juge que ses troupes ont fait correctement leur travail. Celles-ci ont été alertées tout de suite, affirme l'opérateur. L'enquête conclut que la « complexité de la panne, la variété des technologies et des architectures réseau des services d'urgence » ont retardé le diagnostic. L'opérateur souligne, toutefois, qu'un « retard dans l'activation de la cellule de crise managériale » a accouché d'« une communication tardive vers toutes les parties prenantes ». Dans leurs préconisations, les enquêteurs du groupe préconisent ainsi de réduire « de deux heures à 30 minutes » le délai de déclenchement d'une cellule de crise « en cas de perturbation touchant les appels aux services d'urgence et services vitaux au niveau national ».
Dans le sillage de cette enquête interne, le gouvernement a commandé un audit « de contrôle de la sécurité et de l'intégrité » des services d'Orange. Ce travail a été confié à l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi), qui rendra sa copie d'ici deux mois. Guillaume Poupard, son chef de file, a déclaré ce jeudi qu'il fallait « impérativement continuer à développer la maîtrise de ces systèmes » pour éviter les pannes, les bugs, mais aussi faire face aux cyberattaques.
L'entretien des réseaux en question
La panne chez Orange, qui a affecté les numéros d'urgence 12, 17, 18 et 112, est suspectée, à ce jour, d'avoir provoqué cinq décès dans l'Hexagone. Des enquêtes judiciaires sont ouvertes. « Nous déplorons des victimes qui sont susceptibles d'avoir été causées par ce grave incident », a déclaré vendredi dernier le Premier ministre Jean Castex. Stéphane Richard, le PDG d'Orange, reviendra certainement sur cette panne mercredi prochain, lors d'une audition par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, des députés et élus ruraux estiment qu'Orange n'entretient pas correctement certaines infrastructures, et en particulier son réseau cuivre, essentiel pour accéder au téléphone et à l'ADSL.
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