
LA TRIBUNE - Avec les marchés financiers quotidiennement déstabilisés par le coronavirus, quel est le bon comportement à adopter lorsque l'on est un petit porteur, ou sur des placements plus importants ?
Karl Toussaint du Wast. Tout d'abord la priorité quel que soit d'ailleurs votre profil d'investisseur est de rester pragmatique et cohérent et de ne surtout pas sur-réagir. La baisse a déjà été constatée. Il serait donc irresponsable de sortir maintenant et, se faisant, d'accepter ainsi d'encaisser la totalité de la chute. Voyons à présent quel comportement adopter selon chaque type d'investisseur.
Pour les petits porteurs : les petits porteurs sont généralement moins exposés aux marchés financiers. Ils privilégient souvent des solutions garantis type fonds euro. Cela étant dit, pour celles et ceux qui avaient des positions exposées aux marchés, surtout ne paniquez pas en sortant, en vendant ou en arbitrant vos positions! La baisse est déjà là. Maintenant il faut attendre que les marchés remontent irrémédiablement dans les prochains mois. Si toutefois vous avez besoin de liquidités, privilégiez dans l'ordre :
- Rachat de votre épargne de précaution (qui joue donc pleinement son rôle dans ces situations) à savoir livrets, LDD, PEL et CEL.
- Si cela ne suffisait pas, alors demandez à votre conseiller financier de ne racheter que la poche fonds euro. Et oui, la poche fonds euro, mais pas les unités de compte.
Pour les gros porteurs : pour les détenteurs de portefeuille plus importants et qui donc seraient davantage susceptibles de disposer de liquidités disponibles, le meilleur conseil que je puisse vous donner est de vous repositionner dès à présent sur les marchés. Le niveau actuel des marchés est historiquement bas et offre donc mécaniquement des opportunités de hausse et de reprise très significatives à court/moyen terme. Il est tout à fait cohérent d'envisager 30 à 50% de gain sur les 3 à 4 prochaines années (voire potentiellement beaucoup plus). Reprendre des positions aujourd'hui, c'est quasiment s'assurer de bénéficier pleinement de la hausse et de la reprise.
Peut-on être plus précis sur l'échéance de la reprise que vous évoquez ?
Cette crise du virus va durer 6 semaines et ensuite, avec l'arrivée du printemps, la reprise sera forte. En priorité donc utilisez votre épargne de trésorerie pour vos besoins de liquidités puis, si nécessaire, éventuellement un rachat sur les fonds euro mais surtout ne pas vendre ses positions et unités de compte.
Quelles seront les meilleurs placements à opérer après la crise ?
Les meilleures positions sont celles qui vont être prises sur les marchés entre maintenant et dans les semaines qui viennent. Le scénario rationnellement le plus probable est le suivant : nous savons à présent (avec les Chinois, les Coréens et les Italiens) que la courbe de propagation du virus est en U inversé. La montée est rapide, mais la descente également. Nous savons aussi (pour suivre l'évolution de la courbe chez nos voisins italiens) que d'ici quelques semaines, la contagion sera quasiment terminée et annoncera donc la sortie de ce phénomène de confinement. Dans l'intervalle, le gouvernement a annoncé sans la moindre équivoque un soutien massif de l'économie, des emplois à hauteur de 300 milliards d'euros, de quoi tenir sans trop de difficultés cette période. Il y a donc fort à parier que l'arrivée du printemps s'accompagnera d'une reprise de la consommation, de l'économie et donc... d'une forte reprise des marchés.
Donc côté placements, une fois n'est pas coutume, c'est simple : tous ! Toutes les classes d'actifs, toutes les zones, tous les marchés sont tombés à des niveaux bas et tous vont reprendre. CAC 40, SBF 120, Dow Jones, Nasdaq. Il y a des opportunités à saisir partout et à court terme.
L'or qui a perdu 5% en séance lundi 17 mars, dans le sillage des Bourses mondiales, est-il encore une valeur refuge ?
Nous l'avons vu, l'or n'a pas résisté. Mais dès que la reprise sera là d'ici quelques semaines vraisemblablement, l'or n'aura plus aucun intérêt.
Achetez Air France et LVMH, positionnez vous sur le pétrole et les distributeurs. A surveiller en revanche : les bancaires et assurance qui pourraient potentiellement mettre un peu plus de temps à remonter. Il y aura de la volatilité forte sur ces valeurs. Pour les investisseurs français, ils peuvent se limiter au marché français voire européen. Il y a déjà largement de quoi faire. Nous recommandons des fonds (paniers d'actions) de grandes et moyennes capitalisations qui vont aller chercher de la performance partout dans les semaines qui viennent.
Les plans de soutien à l'économique annoncés par les gouvernements sont en effet massifs... Dans un scénario extrême où les banques devront refinancer les Etats, comme en 2008, les comptes en banque des Français sont-il protégés ?
La situation n'a justement aucun rapport avec 2008. Cette année-là, nous avons découvert que les foyers américains étaient dans l'incapacité de rembourser des prêts immobiliers construits sur des taux variables non capés. Leur incapacité à rembourser ont effectivement mis en danger la solvabilité même des banques. Dans le cas présent, le phénomène est identifié et connu temporellement. L'Etat a annoncé un soutien massif de 300 milliards d'euros le temps de passer cet évènement. Les banques serviront donc de relais entre la banque centrale et les entreprises. Il n'y a donc pas de raison de s'inquiéter de l'état des banques.
Plus largement, toutes les banques mondiales et les institutions financières du monde sont imbriquées les unes dans les autres. Il est donc dans l'intérêt de tous (Etats, banques, banques centrales...) que la machine reparte.
Le seul risque effectif auquel les banques pourraient être confrontées est celui lié aux retraits massifs des épargnants qui voudraient retirer leur argent de leurs contrats en même temps. Or, sur ce risque, nous avons appris du passé : le gouvernement a mis en place il y a quelques années la loi Sapin 2 qui, si elle était mise en application, ferait geler les avoirs des Français, le temps de laisser passer la tempête, justement pour éviter un effondrement du système bancaire. Cette loi n'a pas pour le moment été initiée ni même évoquée mais elle existe et remplirait alors sa mission en cas de mise en application.
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