L'ère Macron commence concrètement cette semaine

reuters.com  |   |  867  mots

par Elizabeth Pineau et Emile Picy

PARIS (Reuters) - Installation des députés à l'Assemblée, projet de loi d'habilitation à réformer par ordonnances le Code du travail et résultat de l'audit des finances publiques : le quinquennat d'Emmanuel Macron entre cette semaine dans le vif du sujet.

Les 577 députés français élus les 11 et 18 juin feront leur entrée mardi à l'Assemblée pour une législature placée sous le signe d'un renouvellement sans précédent sous la Ve République.

Majoritaires, novices en politique pour la plupart, les 308 députés du parti présidentiel La République en marche (LREM) et leurs collègues commenceront par élire leur président.

Plusieurs noms circulent pour occuper ce poste-clé, tels ceux des écologistes passés sous la bannière LREM Barbara Pompili et François de Rugy, ainsi que celui de Brigitte Bourguignon, issue du Parti socialiste.

Suivront dans la semaine les nominations des présidents des commissions parlementaires.

Le renouvellement en la matière s'annonce important, nombre d'experts reconnus par leurs pairs ayant quitté l'Assemblée par choix ou après une défaite aux législatives.

La plus prestigieuse des commissions, celle des Finances, ne devrait pas échapper au député Les Républicains Eric Woerth, ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, qui a annoncé dimanche être candidat à ce poste réservé à l'opposition.

Il a estimé lors de l'émission Le Grand Rendez-vous avec CNEWS, Europe 1 et Les Echos qu'il entend "accompagner au cas par cas, avec pragmatisme" l'action du gouvernement.

OPÉRATION VÉRITÉ SUR LES COMPTES

L'ancien ministre du Travail et du Budget a invité le chef de l'Etat à "afficher la vraie trajectoire" budgétaire, alors que la Cour des Comptes doit rendre jeudi prochain les résultats de l'audit demandé par le gouvernement sur le déficit.

Avant même que les magistrats de la Cour des comptes ne rendent leur avis jeudi, le gouvernement a préparé l'opinion à de mauvaises nouvelles : le chiffre prévu par le précédent gouvernement - 2,8% du PIB, soit sous les 3% prévus par le traité de Maastricht - devrait être hors d'atteinte.

Le Premier ministre Edouard Philippe avait promis de prendre "une série de mesures" si l'opération vérité sur les comptes montre un dérapage, sans confirmer le chiffre, évoqué dans la presse, de cinq milliards d'euros d'économies à trouver.

Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a confirmé dimanche qu'il n'y aurait ni budget rectificatif, ni augmentation d'impôts pour compenser.

Pour souder ses troupes, Edouard Philippe réunira son gouvernement en séminaire à Nancy vendredi et samedi.

Le Premier ministre a complété mercredi dernier son équipe, nommée "pour durer", après des semaines marquées par des affaires judiciaires qui ont notamment conduit le président du MoDem, François Bayrou, et le député du Finistère Richard Ferrand, à quitter le gouvernement.

Réélu dans le Finistère, ce dernier a été désigné samedi président du groupe LREM à l'Assemblée lors d'un séminaire de travail notamment destiné à familiariser les nouveaux députés avec leurs nouvelles fonctions.

ORDRE DU JOUR CHARGE

Fort de 42 membres, le groupe MoDem sera quant à lui présidé par Marc Fesneau, préféré pour ce poste à l'éphémère ministre des Affaires européennes Marielle de Sarnez.

L'exécutif pourra aussi compter sur le soutien du groupe dissident des Républicains "LR constructif, UDI et indépendant", composé d'une quarantaine de membres.

Avec 94 élus, le groupe LR "historique" présidé par Christian Jacob sera la deuxième force politique de l'Assemblée.

Aux extrêmes, l'opposition se fera surtout entendre par la voix de deux anciens candidats à l'élection présidentielle, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon et la présidente du Front national Marine Le Pen.

Réduits à une trentaine de membres, le groupe socialiste se veut dans l'opposition, pas dans l'"obstruction", et la plupart de ses membres ne voteront pas la confiance au gouvernement après la déclaration de politique générale le 4 juillet.

Soucieux d'engager sans attendre des projets parfois controversés, l'exécutif veut agir vite pour ne pas laisser se cristalliser les mécontentements, comme ce fut le cas pour le mariage homosexuel au début du quinquennat de François Hollande.

L'ordre du jour s'annonce donc chargé pour les députés appelés à oeuvrer dans un premier temps jusqu'à début août, avec une possible seconde session extraordinaire en septembre.

Au menu de la session de juillet : le texte sur la moralisation de la vie publique, portée par la nouvelle ministre de la Justice Nicole Belloubet, et un projet de loi de finances, avec notamment le report au 1er janvier 2019 du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu.

La reconduction de l'état d'urgence, un texte sur la sécurité permettant une sortie possible de l'état d'urgence au 1er novembre et le projet de loi d'habilitation autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour réformer le Code du travail, qui sera présenté mercredi, y figureront aussi.

(Edité par Yves Clarisse)