Le conseil d'administration de Covéa vient de nommer deux nouveaux administrateurs. Le premier, André Martinez, déjà administrateur de la mutuelle affiliée MMA, a une solide expérience de dirigeant, dans l'hôtellerie (groupe Accor) et la banque (Morgan Stanley). Le second est plus connu du grand public.
Il s'agit de Jean-Pierre Jouyet, haut fonctionnaire par excellence, qui a servi plusieurs gouvernements et présidences, toutes tendances confondues. Directeur du Trésor, secrétaire d'État aux affaires européennes dans le gouvernement Fillon, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), directeur général de la Caisse des dépôts et secrétaire général de la présidence de la République auprès de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet affiche la trajectoire parfaite du grand commis de l'État au carnet d'adresses bien étoffé.
C'est donc une personnalité de poids que Covéa a réussi à convaincre pour venir renforcer sa gouvernance, sous l'œil attentif du régulateur. Ce dernier avait rédigé, à l'automne 2019, un rapport très critique sur la concentration excessive des pouvoirs au sein du groupe mutualiste.
Création du statut d'administrateur référent
Comme pressenti en janvier dernier, Jean-Pierre Jouyet devrait être nommé administrateur référent le 24 juin prochain lors de la prochaine assemblée générale de Covéa. Cette assemblée devra auparavant adopter le statut d'administrateur référent qui n'existe pas actuellement dans ses statuts. Le groupe dispose pourtant d'un administrateur délégué, Christian Baudon, figure historique de Covéa, qui doit assumer la présidence du groupe en cas d'empêchement de l'actuel PDG du groupe,Thierry Derez.
D'origine anglo-saxonne, l'administrateur référent occupe un poste de confiance qui pourrait s'assimiler à celui d'un président non exécutif. Il s'impose de plus en plus dans les entreprises françaises cotées, notamment celles qui n'ont pas adopté la dissociation des fonctions de président et de directeur général, comme c'est le cas chez Covéa (et contrairement au souhait du régulateur).
En pratique, l'administrateur référent est le garant des bonnes pratiques de gouvernance. Il fait contrepoids au PDG qui concentre les pouvoirs, et prévient également tous les risques de conflits d'intérêt au sein du conseil. La nomination d'une personnalité telle que Jean-Pierre Jouyet ne doit donc rien au hasard.
Après la nomination en décembre d'un numéro deux en la personne de Paul Esmein, elle pourrait donner un sérieux gage au régulateur, et permettre d'éviter de nouvelles suspicions de conflits d'intérêt, qui sont au cœur de la bataille procédurière que se livrent Scor et Covéa depuis l'échec de la tentative de rachat du premier par le second durant l'été 2018. Le calendrier judiciaire de cette bataille va d'ailleurs s'accélérer l'été prochain.
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