Covéa met en place son nouveau comité exécutif

Sous pression du gendarme de l’assurance sur sa gouvernance, le groupe d’assurance mutualiste a mis en place une équipe de direction remaniée autour de son PDG Thierry Derez. La création d’un poste de numéro deux, en la personne de Paul Esmein, est désormais officialisée.
Thierry Derez (photo), PDG du groupe d'assurance mutualiste Covéa, nomme un numéro deux, en la personne de Paul Esmein.
Thierry Derez (photo), PDG du groupe d'assurance mutualiste Covéa, nomme un numéro deux, en la personne de Paul Esmein. (Crédits : Covéa)

Le comité exécutif remanié de Covéa est entré officiellement en fonction depuis ce mardi 1er décembre. Annoncé en septembre dernier, ce remaniement à la tête du groupe d'assurance mutualiste (GMF, MMA et MMA), fruit d'une réflexion en interne menée depuis plusieurs mois, consacre la nomination, aux côtés du PDG Thierry Derez, d'un numéro deux en la personne de Paul Esmein, jusqu'ici directeur général Offres et Services, et promu directeur général adjoint.

Numéro deux et dirigeant effectif

Paul Esmein est par ailleurs désigné comme dirigeant effectif de la SGAM Covéa, structure politique faîtière du groupe, au sens de la réglementation prudentielle européenne, l'autre « paire d'yeux » étant Maud Petit, confirmée dans ses fonctions de directrice générale Finances.

La mise en piste d'un numéro deux, formellement identifié dans l'organigramme, est une des réponses aux critiques soulevées depuis un an par le gendarme des assureurs, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (APCR) sur la gouvernance du groupe. Dans ses courriers successifs, le régulateur avait notamment pointé « une concentration excessive des pouvoirs » et « un manque de clarté » dans l'organisation du groupe.

Une réponse partielle aux demandes de l'ACPR

La désignation d'un successeur potentiel à la tête du groupe répond partiellement aux inquiétudes du régulateur sur la continuité de la direction effective du groupe, en cas d'empêchement du PDG. Un souci d'autant plus légitime que Thierry Derez est toujours sous le coup d'une procédure au pénal pour abus de confiance dans son litige avec le réassureur Scor, après avoir déjà été condamné par le Tribunal de Commerce dans le même dossier.

Toutefois, la création d'un poste de directeur général adjoint élude la principale critique sur la concentration des pouvoirs. Thierry est et reste PDG, au nom de « la cohésion du groupe », selon Covéa. Exit donc, la dissociation des fonctions entre Président et Directeur général, souhaitée par le régulateur, mais qui n'est pas imposée par la réglementation dans le secteur de l'assurance, contrairement au secteur bancaire.

Plusieurs promotions

Autre grief de l'ACPR : le manque de clarté dans les responsabilités et les prérogatives du comité exécutif. Le nouvel organigramme tente manifestement de donner des gages au régulateur dans ce domaine. Cela se traduit par la promotion de quatre dirigeants.

Tout d'abord, Laurent Toullié, jusqu'ici en charge des investissements, devient directeur général de la Relation client, et, à ce titre, devient le responsable de la gestion des marques (MMA, GMF, MAAF). Il remplace à ce poste un dirigeant historique, Joaquim Pinheiro, qui a annoncé son départ surprise en mai dernier, peu après l'échec de l'opération de rachat du réassureur PartnerRe.

Laurent Toullié est par ailleurs désigné dirigeant effectif de Covéa Coopérations, la structure financière et opérationnelle du groupe. C'est Olivier le Borgne qui prend la succession de Laurent Toullié à la direction générale des investissements.

Départ de Pierre Michel du comité exécutif

Ensuite, Lionel Calvez, en charge des risques du groupe, est promu directeur général Risques, et Thierry Francq, proche de Thierry Derez, déjà en charge de la direction générale Transformation, voit son périmètre élargi aux activités internationales. Il est, en outre, également dirigeant effectif de Covéa Coopérations, ce qui porte au total à quatre le nombre des dirigeants effectifs au sens prudentiel, contre deux précédemment.

Pierre Michel, « l'homme » de la réassurance au sein du groupe, et cheville ouvrière du projet de rachat de PartnerRe, quitte en revanche le comité exécutif, tout en conservant ses responsabilités sur la réassurance.

Autre promotion, Valérie Cohen, auparavant chargée de l'assurance IARD, devient directrice générale des Offres et Services, poste précédemment occupé par Paul Esmein.De son côté, Amaury de Hauteclocque, directeur général des Coopérations Humaines voit son périmètre amputé de la communication et il perd, au passage, son statut de dirigeant effectif du groupe.

Le régulateur n'avait pas caché ses interrogations sur ses compétences en matière d'assurance, compte tenu de son parcours professionnel atypique (ancien patron du Raid). Enfin, les directeurs généraux des trois marques sont inchangés.

Définir une nouvelle stratégie

Au total, ce nouveau comité exécutif compte, outre le PDG, douze membres aux responsabilités plus clarifiées. Il avait déjà été amputé de moitié à la fin 2017 lors d'une précédente réorganisation du groupe. Ce nouveau comité exécutif aura à mettre en œuvre le nouveau plan de route du groupe, après son double échec de croissance externe pour se diversifier dans la réassurance (Scor en 2018 et PartnerRe en 2020) et la vente de sa participation dans l'assureur espagnol Caser Seguros.

L'année 2020 aura été en effet difficile pour l'assureur mutualiste : la crise sanitaire, un marché de l'assurance dommages plus difficile, l'abandon de son projet de rachat, les pressions du régulateur avec une procédure toujours en cours sur la gouvernance, la condamnation au Tribunal de commerce, le choc d'image sur la question des assurances pertes d'exploitation sans dommages que l'assureur MAAF renonce désormais à couvrir.

Reste, enfin, la question à 9 milliards d'euros : que compte faire Covéa de son trésor de guerre alors que les opportunités de croissance externe semblent désormais s'éloigner ?

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Commentaire 1
à écrit le 02/12/2020 à 4:30
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Un nouveau comité executif pour s'octroyer de généreuses rémunérations au détriment des assurés? A quand un plafonnement de la niche fiscale salariale pour dirigeant de société? Faut-il disposer de plus de 3 fois le SMIC pour vivre convenablement?

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