Banques françaises : des résultats 2012 teintés « d'exceptionnels »

Dépréciations d'écarts d'acquisition et réévaluation de dette propre devraient entraîner une baisse des bénéfices des banques françaises.
La banque de La Défense donnera le 13 février le coup d'envoi de la saison des résultats annuels, dans le secteur bancaire français. Copyright Reuters

Mercredi, la Société Générale ouvrira le bal des résultats annuels des banques françaises. BNP Paribas lui emboîtera le pas dès le lendemain, suivie de Crédit Agricole et de Natixis la semaine prochaine. Quelle saveur aura ce millésime 2012 ? « Les bénéfices des grandes banques françaises subiront une légère baisse », prévient un analyste crédit d'un grand établissement financier américain. Pour mémoire, la Société Générale avait clos l'exercice 2011 sur un résultat net part du groupe de 2,4 milliards d'euros, Natixis avait engrangé un profit de 1,56 milliard, et BNP Paribas s'était taillé la part du lion, avec un bénéfice de 6 milliards d'euros. A l'autre extrémité du spectre, CASA, l'entité cotée du groupe Crédit Agricole, avait accusé une perte de 1,47 milliard d'euros.

Vers une perte historique pour CASA

Rebelote cette année, CASA ayant averti le 31 janvier qu'elle accuserait une perte historique, au titre de 2012, en raison de 2,67 milliards d'euros de dépréciations d'écarts d'acquisition, comptabilisées sur le seul quatrième trimestre. CASA ne sera pas seule dans ce cas : « Les résultats des principales banques françaises seront entachés de nombre d'éléments exceptionnels, à commencer par les dépréciations de goodwill [différence positive entre le prix payé pour racheter un actif et la valeur comptable de ce dernier ; Ndlr] », indique l'analyste. De fait, la Société Générale avait devancé le Crédit Agricole, en prévenant, mi-janvier, que ses comptes du quatrième trimestre 2012 pâtiraient d'une dépréciation d'écart d'acquisition d'un montant maximum de 384 millions d'euros, relative à sa participation de 50% dans le courtier Newedge, détenu conjointement avec le Crédit Agricole.

L'ESMA tape du poing

Si les dépréciations de survaleurs risquent de s'inviter au menu des publications de résultats des banques, c'est parce que l'ESMA, l'autorité européenne des marchés financiers, a tapé du poing sur la table le 21 janvier, menaçant de livrer les noms des entreprises qui n'auraient pas inscrit correctement dans leurs comptes les dépréciations qu'elles sont contraintes de passer. Or, près de la moitié des goodwills en question concerne les banques, en raison des nombreuses acquisitions réalisées par ces dernières avant la crise de 2008. Et particulièrement par CASA, qui avait multiplié les emplettes durant ses six premières années de cotation en Bourse, de 2001 à 2007.

Les réévaluations de dette propre également en cause

Autre élément exceptionnel en vue : les réévaluations de la dette propre des banques à leur prix de marché Les investisseurs ayant repris confiance dans le secteur bancaire, en 2012, ils ont été plus enclins que l'année précédente à acheter des obligations émises par les banques. Ce qui a entraîné une augmentation du cours de ces titres, obligeant les banques à comptabiliser un écart négatif entre leur prix d'émission et leur valeur de marché. Société Générale avait ainsi prévenu, le 16 janvier, que la réévaluation - à sa valeur de marché - de sa dette propre déboucherait sur une charge de l'ordre de 605 millions d'euros, au titre du dernier trimestre 2012.

Un joli parcours boursier depuis janvier

Conséquence, les investisseurs devront s'armer d'un peu de patience, avant que les analystes financiers ne leur livrent la vérité des résultats des banques françaises, retraités de ces éléments exceptionnels. Une vérité qui décidera de la suite de la trajectoire boursière des banques. Depuis le 1er janvier, les valeurs bancaires françaises affichent des hausses comprises entre 5%, pour BNP Paribas, et 21,5%, pour CASA, alors que l'indice CAC 40 grappille 0,81% seulement.
 

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Commentaires 4
à écrit le 11/02/2013 à 23:07
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Pour améliorer les résultats : sabrez dans les bonus : les bonus doivent récompenser uniquement les gains, donc en cas de pertes (les 4 milliards du crédit agricole), pas de bonus. C'est le principe même des bonus, n'est ce- pas ?

le 12/02/2013 à 8:28
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C'est la faute des employés si les patrons ont acheté une filiale qui ne vaut rien aujourd'hui et doit être dépréciée? Il faut voir le résultat hors éléments exceptionnels, qui représente le vrai travail des employés

à écrit le 11/02/2013 à 20:10
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A l'heure de la mondialisation, il serait grand-temps de se rendre compte que TOUTES les banques de la planète récoltent ce qu'elles ont semé. L'endettement est une arme à double tranchant. Fin de l'histoire commencée en 1492 en Italie.

le 12/02/2013 à 11:00
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Joli sens des raccourcis mais malheureusement cette généralisation facile (elle évite de se documenter) et ce raccourci abrupt et non argumenté sur l'endettement (il évite d'avoir à raisonner) sont un peu faciles. Quant à 1492, ça fait un peu étalage...

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