A Rodez, Bosch prépare l'usine du futur

A Rodez, Bosch met un pied dans le futur. L'usine qui fabrique des éléments pour moteurs diesels est le premier employeur privé de l'Aveyron. Pour Bosch, les nouveaux process de cette industrie connectée et numérique doivent permettre de pérenniser le site, à condition toutefois qu'ils soient bien introduits et acceptés par les salariés...
L'usine Bosch de Rodeza été inaugurée en 1955 et emploie 1.800 personnes, et près de 9.000 emplois indirects.

On n'y pense pas assez mais le numérique n'est pas l'apanage des seuls GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et autres start-ups. La bonne vieille industrie s'y intéresse également... Mieux, certains industriels considèrent que c'est même une nouvelle frontière.

L'industrie 4.0 au coeur de l'Aveyron

Et pour montrer que ce sujet ne concerne pas que l'industrie de pointe, le groupe allemand Bosch a choisi un de ses plus anciens sites en France pour donner un aperçu de l'industrie du futur. C'est au cœur de l'Aveyron, à Rodez, que l'équipementier automobile a organisé ses "TechDays". Clients, fournisseurs, partenaires et journalistes étaient invités à découvrir les innovations du groupe mais également ses réflexions pour répondre au défi de l'industrie dite "4.0". Un showroom a été installé en plein milieu des lignes de production pour présenter ses solutions en robotique collaborative, réalité augmentée, ses capteurs intelligents et autres Pocket PC, tous censés apporter de l'efficacité dans la chaîne de production et donc de la productivité.

Fondée en 1955, cette usine est un élément essentiel du dispositif industriel de Bosch. Le groupe allemand investit même des sommes colossales pour moderniser le site : plus de 50 millions d'euros en deux ans. Ouf ! Car cette usine emploie 1.800 personnes mais fait également vivre 9.000 emplois indirects, ce qui fait du site le premier employeur privé de la région.

Investir dans le Premium et la productivité

L'usine investit désormais sur des pièces plus haut de gamme. Elle vient ainsi d'investir 25 millions d'euros dans une nouvelle ligne de production réservée à des bougies en céramique pour moteurs diesel Premium.

L'avenir du site pourrait en réalité provenir de l'application de nouveaux process industriels : la fameuse usine du futur dont Bosch se veut à la pointe. Les ingénieurs maison estiment en effet qu'à terme, cette usine 4.0 peut permettre d'économiser 40% sur le coût de certaines pièces et de faire baisser les pannes de 60%. La maintenance prédictive, une nouvelle gestion des approvisionnements et des stocks, mais également l'échange d'informations entre différents ateliers... Le vivier des gains de productivité est immense.

La révolution 4.0, un enjeu majeur pour la France

Pour Guy Maugis, patron de Bosch France, il s'agit d'un enjeu majeur pour l'industrie. "L'Europe a vu l'internet 3.0 préempté par les Etats-Unis, l'Allemagne ne laissera pas passer la révolution de l'industrie 4.0, c'est une question de suprématie nationale", a-t-il déclaré lors d'un point presse à Rodez.

Pour celui qui dirige également la chambre de commerce franco-allemande, il est devenu vital que la France s'intéresse au sujet. Et de rappeler : "la France a raté la révolution de la robotique dans les années 1970 et 1980, elle a désormais trois à quatre fois moins de robots que l'Allemagne. Elle a pensé qu'elle pouvait construire une industrie sans usines, mais on ne peut pas être qu'un pays de conception, on a besoin d'un lien avec des sites industriels".

D'ailleurs, il juge que la France a tout intérêt à s'intéresser à l'industrie du futur puisque celle-ci, selon lui, va justement permettre d'atténuer le facteur coût de la main d'œuvre dans les choix géographiques d'investissements.

Une alliance pour préparer "le coup d'après"

En France, un organisme a vu le jour dans la foulée des 34 programmes de la "Nouvelle France industrielle" lancée par le ministère de l'industrie sous l'égide d'Arnaud Montebourg et repris par son successeur Emmanuel Macron. L'alliance de l'industrie du Futur se donne pour mission de sensibiliser les industriels français et les PME à cette thématique : formation d'experts, création de vitrines technologiques, instituer des normes communes entre industriels pour pouvoir les imposer à l'international... L'organisme veut accompagner l'industrie française, et notamment son tissu de PME. Pour Tahar Melliti, directeur de l'Alliance pour l'industrie du futur, la France ne peut plus rattraper le retard industriel cumulé pendant 20 à 30 ans, elle doit désormais "préparer le coup d'après".

Ne pas négliger la dimension RH

Cette fois, les industriels ne devront pas imposer de nouveaux process industriels. Il faudra expliquer et accompagner les salariés dans cette révolution. Guy Maugis estime ainsi que si l'Hexagone a raté la marche de la robotique c'est aussi parce que les chefs d'entreprise n'ont pas su l'expliquer à leurs salariés. La dimension RH de cette industrie 4.0 est peut-être plus prégnante en France qu'en Allemagne compte tenu du taux de robotisation de ce dernier. Voilà de quoi remettre sur le devant de la scène la question du dialogue social, un sujet où là encore, les Allemands estiment avoir un coup d'avance sur leurs voisins français...

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Commentaire 1
à écrit le 27/11/2015 à 13:55
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Un pied dans le futur Très bien, ça leur portera bonheur. Ils en ont bien besoin, eux qui étaient à l'origine de la fameuse combine de VW.

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