"Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes dans le même bateau"! Le cri d'alarme de Marc Bruschet, président de la branche concessionnaire du CNPA sonne comme un avertissement pour les constructeurs automobiles. Le Conseil National des Professions de l'Automobile (CNPA) qui fédère les distributeurs automobiles parmi d'autres professions (garage, stations services, auto-écoles...) a lancé une contre-offensive aux assauts médiatiques des constructeurs automobiles. Ceux-ci ont récemment prétendu que "le coût de la distribution automobile tournait autour de 30% du prix d'une voiture", ce qui justifie, selon eux, de revoir la structure de coûts des distributeurs. Stellantis a tiré le premier en dénonçant récemment tous ces contrats pour une renégociation. En réalité, ces contrats arrivaient à terme, mais le groupe dirigé par Carlos Tavares n'a pas caché sa volonté de baisser ce "coût".
"Nous ne sommes pas un coût"
"La distribution automobile est présentée comme un coût alors que c'est la rémunération d'un service", s'insurge Marc Bruschet. "Nous partageons les stocks, nous prenons en charge les coûts d'opportunité des fonds propres, nous gérons pour le compte de l'Etat les procédures de prime à la conversion tout en avançant les aides, nous entretenons le lien entre vente et service après-vente, nous faisons du conseil, et nous avons un rôle de plus en plus important dans la transition énergétique", égrène-t-il énergiquement.
En outre, Marc Bruschet conteste vigoureusement le chiffre de 30% qui aurait été distillé par les constructeurs automobiles par presse interposée. Le CNPA a donc mandaté le cabinet TGC Conseil pour analyser la structure de coûts de la distribution automobile et son évolution entre 2011 et 2019. D'après cette étude, la marge dite de distribution (qui prend en compte le coût d'acquisition, les aides commerciales et les remises clients) n'était que de 7,2% en 2019. Elle serait même en baisse puisqu'elle était de 8% en 2011. Les distributeurs estiment avoir subi plusieurs vents contraires comme la hausse des prix catalogues (+16% sur la période, hors inflation), et la hausse des remises clients (+3,5 points). A l'inverse, si les primes des constructeurs ont augmenté, elles n'ont pas permis de compenser cette hausse, du moins, "sur longue période", précise Marc Bruschet.
Un modèle qui doit évoluer
Pour le CNPA, l'offensive médiatique des constructeurs automobiles s'effectue à un moment de grande interrogation pour l'avenir de la profession. L'électrification à marche forcée du marché du neuf va les contraindre à faire évoluer leur modèle économique. "Personne n'est capable de dire de quoi l'automobile sera fait demain, nous manquons de base pour reconstruire quelque chose", objecte Marc Bruschet. Selon lui, les constructeurs ne pourront pas se passer de leurs réseaux dans la phase de transformation économique.
Marc Bruschet refuse néanmoins d'inscrire sa contre-offensive médiatique pourtant baptisée "la vérité sur les coûts de distribution" dans une démarche conflictuelle.
Sujets les + commentés