Automobile : "Les marchés ne sont plus focalisés sur les volumes de vente", Frédéric Rozier (Mirabaud)

A quelques semaines des résultats semestriels dans un contexte compliqué, les valeurs automobiles françaises restent attractives à l'achat. Pour Frédéric Rozier, gestionnaire de portefeuille chez Mirabaud, il faudra être particulièrement attentif aux annonces sur les plans d'électrification qui seront successivement annoncés par Renault (30 juin) puis par Stellantis (8 juillet).
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Nous approchons de la fin du semestre. Peut-on être satisfait de la dynamique des ventes sur cette période un an après l'effondrement du marché dû à la crise sanitaire ?

FRÉDÉRIC ROZIER - Les chiffres de progression sont extraordinaires par effet de base seulement. Nous sommes clairement dans une phase de reprise, mais nous n'avons toujours pas retrouvé le niveau d'avant-crise. Et de ce point de vue-là, le marché européen semble être plus en retard que d'autres régions du monde dans cette phase de rattrapage. Et en particulier, la France qui est loin d'être la plus dynamique en Europe. Il y a de nombreux facteurs techniques comme la crise de semi-conducteurs, même si les constructeurs semblent accréditer l'idée d'une normalisation progressive de la situation. Cela n'empêchera pas Stellantis de perdre environ 190.000 voitures à cause de cette pénurie, soit 11% de ses ventes.

Les valeurs automobiles françaises risquent donc d'être encore sous la pression des volumes...

Que ce soit Stellantis ou Renault, les marchés ne sont plus focalisés sur le critère des volumes. En 2020, PSA (désormais fusionné dans Stellantis, ndlr) avait enregistré une forte baisse de ses ventes du fait de la crise sanitaire, mais cela ne l'avait pas empêché d'afficher de bons ratios de rentabilité. Le groupe continue d'ailleurs de tabler sur une marge opérationnelle élevée de 7,5%. La situation financière des deux groupes s'est considérablement améliorée. Y compris pour Renault qui a largement engagé des mesures de désendettement avec des cessions non-stratégiques comme la vente de sa participation dans Daimler.

Stellantis est-il mieux placé que Renault ?

Le titre Stellantis s'achète légèrement au-dessus de 5 fois ses bénéfices, ce qui n'est pas cher du tout quand on regarde les standards de marché qui se paient au-dessus de 6. Renault se paie moins bien mais il est en souffrance depuis le début de l'année. Mais Stellantis a un gros travail d'intégration industrielle à engager pour parfaire sa fusion, tandis que Renault assume des ventes en baisse mais de meilleures qualités. Nous gardons une nette préférence pour Stellantis qui est structurellement bon marché.

Quelles sont les échéances les plus attendues ?

Renault a prévu une journée investisseur consacrée à l'électrification le 30 juin prochain. Autant dire que cette journée est très attendue par les marchés. Il y a d'énormes enjeux pour le groupe qui est pourtant déjà bien positionné avec la Zoé. Mais le marché de l'électrification est dans une phase de forte accélération et les annonces stratégiques qui seront annoncées lors de cette journée serviront de catalyseur pour la suite.

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Stellantis donnera également une conférence sur sa stratégie d'électrification le 8 juillet. Les groupes français ont-ils pris du retard par rapport à d'autres grands groupes comme Volkswagen qui a totalement changé de modèle industriel ?

En termes de R&D, les Français ne sont pas à la traîne. Bien au contraire. En revanche, ils ont moins communiqué y compris à la communauté financière. C'est tout l'enjeu de ces deux markets days.

Côté équipementier, sont-ils mieux placés que les constructeurs pour rebondir ?

Michelin reste notre valeur préférée. La capacité de ce groupe à répercuter les hausses de matières premières sur ces prix est toujours aussi forte. En outre, Michelin sera l'un des premiers à profiter de la reprise économique, notamment grâce à sa très bonne position sur les pneus poids lourds. Nous avons aussi un avis favorable sur Plastic Omnium qui a publié des résultats au-dessus des attentes. Le groupe est tiré par la Chine mais également l'Europe et les Etats-Unis.

Faurecia continue de souffrir de son lien avec son ancienne maison-mère (PSA qui a cédé sa participation de 44% après la fusion avec Stellantis, ndlr) mais le groupe est sur une bonne dynamique avec une croissance solide sur l'ensemble de ses marchés. Par contre, nous avons été surpris par les résultats de Valeo qui doit sa croissance essentiellement à la Chine. Nous observons des performances mitigées voire décevantes en Europe et aux Etats-Unis.

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Commentaires 2
à écrit le 24/06/2021 à 18:23
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ça fait belle lurette que les marchés ne sont plus focalisés sur le volume de vente, mais sur le cours de l'action d'abord, et la rentabilité ensuite.

à écrit le 24/06/2021 à 8:03
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Forcément vu qu'alimentés de plus en plus par l'argent public mais remplacer un mal par un autre mal a rarement été une initiative pertinente exposant que par ailleurs les marches sont toujours bien malades.

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