Avec la "circulation active" du virus, il fallait s'y attendre. La ministre du Travail l'a annoncé hier: "Il est nécessaire de systématiser, comme l'a préconisé le Haut conseil de la santé publique (HCSP), le port du masque dans tous les espaces de travail clos et partagés, comme les salles de réunions, couloirs, vestiaires, open space", a déclaré Elisabeth Borne à l'AFP, à l'issue d'une réunion avec les partenaires sociaux. Si le bureau individuel est exempté de ce dispositif qui doit entrer en vigueur "fin août", "la distanciation du mètre reste d'actualité", a-t-elle encore précisé.
Sans attendre début septembre, les professionnels de l'immobilier de bureaux travaillent déjà à l'amélioration de la qualité de l'air intérieur, l'air recyclé des bureaux favorisant la propagation du coronavirus. Si d'aucuns imaginent des labels sanitaires pour attirer les talents et les conserver, d'autres lancent des appels à projet pour dénicher des solutions déjà éprouvées. Avec EDF, son deuxième principal locataire, la foncière Covivio entend trouver un outil qui retient les microbes. Son directeur de l'innovation Philippe Boyer imagine déjà quelque chose comme les algues qui aspirent les microparticules fines et le dioxyde de carbone.
La fin de l'open space et du flex office ?
Est-ce pour autant la fin de l'open space, le bureau ouvert où nombreux salariés cohabitent dans un espace plus ou moins grand ? "Je pense que chaque entreprise a besoin de sa propre organisation et que ce qui caractérise le travail aujourd'hui est que les organisations changent très vite. Qui peut dire ce que sera son métier dans 5 ans ?", répond l'architecte Nicolas Laisné.
Le flex office ou bureau flexible, parfois même rebaptisé "sans bureau fixe", semble, lui, condamné au regard des coûts sanitaires qu'il engendre. Si chacun change de poste de travail tous les matins, selon son envie et/ou son heure d'arrivée, il faut le désinfecter selon les protocoles sanitaires en vigueur.
"Quel que soit l'âge du salarié, son bureau idéal, demain, sera un mix entre un peu plus de télétravail et de l'open space avec postes de travail affectés, où l'on peut décider de la distance", assure de son côté l'économiste Ingrid Nappi, professeure à l'Essec, titulaire de la chaire Workplace Management et autrice d'une enquête sur 800 employés de bureaux.
Les limites du télétravail généralisé
Le confinement a en outre montré les limites du télétravail généralisé. Les employés vont au travail pour rencontrer leurs collègues et interagir avec eux. De ces échanges, naissent des idées auxquelles personne ne pense seul(e) devant son ordinateur. A l'avenir, l'aménagement des lieux de passage, comme les couloirs ou même les escaliers, où se déroulent ces discussions, ne devront plus être négligés.
"Les circulations ouvertes et éventuellement extérieures auront leur importance. Cela permet de mieux circuler, de ne pas trop être près les uns des autres dans les ascenseurs. En temps d'urgence sanitaire, cela permet de faire des circuits où on ne se croise pas", relève l'architecte Nicolas Laisné.
En attendant, les acteurs du coworking, qui louent des espaces aux entreprises, estiment qu'ils incarnent le compromis entre le travail à domicile et le bureau traditionnel. Le président-fondateur de Morning (groupe Nexity) Clément Alteresco défend par exemple la création de "tickets bureaux" sur le modèle des tickets resto. Lorsque le salarié en assez d'être sur son canapé, il peut se rendre dans ce type de lieux. Soit il y rencontre des employés d'autres entreprises qui peuvent lui décloisonner l'esprit, soit il y donne rendez-vous à ses collègues pour travailler ensemble le temps d'une matinée, d'un après-midi ou d'une journée.
Sujets les + commentés