Créateurs et destructeurs d'emploi : l'analyse par secteurs

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, les créations et les destructions d'emploi, l'analyse par secteurs
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Dans un environnement très délicat, l'emploi a résisté ! C'est la première surprise de l'étude que nous avons menée sur les créations nettes d'emplois : palmarès des entreprises et des secteurs.

Un ajustement de 126.000 emplois

En 2013, 27 millions de Français ont un travail, c'est moins qu'en 2008 mais face au cataclysme de la plus grande et surtout plus longue récession depuis la 2nde guerre mondiale, l'ajustement paraît mineur : sur la période, 126.000 emplois, ont disparu, soit 0,5% des effectifs. Les statistiques en valeurs absolues donnent cependant une vision tronquée de la réalité car elles ne qualifient pas les emplois sur lesquels les ajustements ont été réalisés. Une information, plus qualitative, est donnée par l'évolution de l'emploi en équivalent temps plein. Ce simple glissement de définition fait passer les pertes de 126.000 à 377.000, du simple au triple !

Et si l'écart se creuse entre les deux séries c'est bien parce que les temps partiels se multiplient et que la durée d'intermittence entre deux CDD tend à s'allonger. Une première conclusion s'impose : l'emploi se maintient au prix de son émiettement et de sa précarisation. Ces évolutions macroscopiques masquent cependant une grande variété de trajectoires sectorielles en liaison directe avec  leurs performances économiques. Sans surprise, les pertes se sont concentrées dans les secteurs industriels même si tous ne subissent pas les mêmes assauts. Les secteurs en déclin ont généralement trois caractéristiques communes :

1- le rapport de force est passé des fabricants aux commerçants. Globalisées et internationalisées les chaines d'approvisionnement ont la capacité de mettre en concurrence les industriels, quelle que soit leur localisation.

2- la lutte s'effectue essentiellement sur les prix.

3- le coût de la main d'œuvre constitue une part importante du coût total. Il n'est pas donc étonnant de retrouver l'ensemble « Habillement-textile-cuir » en queue de classement : près de 20% d'emplois en moins entre 2008 et 2013. Plus récemment c'est le meuble (et à travers lui l'ensemble de la filière bois) qui est à son tour attaqué.

Les secteurs menacés

Ces professions ont généralement un point commun : ce sont d'anciens fleurons industriels qui conservent des positions fortes et une base productive installée sur le territoire encore puissante mais dont le rayonnement commence à faiblir et qui détruisent à leur tour des emplois.

Parmi ces secteurs la chimie, l'industrie pharmaceutique, l'automobile et les industries agroalimentaires.

Les secteurs protégés

Ces professions disposent d'un atout considérable : l'impératif (absolu ou relatif) pour les producteurs d'être proches de la demande, excluant ainsi toutes possibilités de délocalisation ou d'importation en dehors des zones frontalières.

La distribution, la restauration, la santé et le médico-social font partie de ces secteurs. Le vieillissement de la population constitue un puissant vecteur de demande pour ces professions.

Mais, ils subissent aussi de plein fouet le ralentissement du pouvoir d'achat, un ralentissement qui affecte sans échappatoire possible, nombre de secteurs opérant dans les services au consommateur ou tout le domaine du logement. La construction et les activités immobilières ont ainsi détruit des emplois sur la période 2008-2013. Une partie des services aux entreprises subissent aussi par ricochet le marasme du marché intérieur comme les services informatiques, moins par les volumes que par les prix mais la tendance reste bonne, notamment dans l'informatique.

Les secteurs offensifs

 

A côté de ces secteurs, une dernière catégorie apparait, celle des secteurs « offensif » dont les principaux traits caractéristiques mélangent pêle-mêle un cycle long de R&D, un Etat innovateur /développeur, la présence d'un leader capable de tirer l'ensemble d'une filière.

Un leader de classe mondial. L'exemple le plus emblématique est le succès de l'aéronautique. Un succès qui montre bien que l'industrie française dispose encore de nombreux atouts et ce n'est pas un hasard si la catégorie « Fabrication d'autres matériels de transport » affiche la second  meilleure performance en matière de création d'emplois sur la période 2008-2013.    

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Commentaires 3
à écrit le 29/07/2014 à 10:55
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Analyse intéressante, mais trop générale, on aurait besoin de ventiler les secteurs qui marchent, mais aussi ceux qu'ils faudrait protéger car au milieu d'une chaîne générant des emplois en amont et en aval. Comme l'industrie du bois, la France plus...

à écrit le 28/07/2014 à 14:11
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c'est pas brillant, bel avenir pour nos jeunes...

à écrit le 28/07/2014 à 13:11
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Comment des "économistes" peuvent se féliciter de l'aéronautique francais en disant que nous avons encore des atouts ?? Ce secteur n'est concurrencé que par Boing actuellement, qui vient de finir sa restructuration et qui a d'énorme problème sur son...

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