Le triomphe de François Fillon recompose la présidentielle

La victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre offre à François Hollande une rivalité électorale inespérée. Par Jean-Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, Président de j c g a

67% contre 33%  et plus de 4 millions de votants ! Nous le disions la semaine dernière, la nette victoire de François Fillon qui s 'accompagne des éliminations politiques définitives de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé modifie, non seulement l'avenir politique des Républicains, mais en profondeur, les contours prochains de l'élection présidentielle et des législatives de 2017.

Sur l'espace des centres, certains avaient anticipé et rejoint François Fillon avant le premier et le second tour. Après la cuisante défaite d'Alain Juppé, une partie du centre d'obédience européenne qui refusait Nicolas Sarkozy va se chercher une nouvelle voie. La victoire de François Fillon et de son programme d'alternance radicale plutôt souverainiste et libéral ouvre un espace politique inespéré pour ce centre d' « opposition » que vont convoiter Emmanuel Macron qui a lancé dès hier soir un appel aux ex juppéistes, et peut-être un François Bayrou, chasseur électoral placé en embuscade. Le Maire de Pau espérait Nicolas Sarkozy mais il va être tenté de se jeter dans cette nouvelle fenêtre d'opportunité électorale. Rude bagarre en perspective car il n'en restera qu'un.

Une mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen

Du côté des droites, cette victoire ressemble à une mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen. François Fillon chevauche sans tabou la problématique identitaire. Il ne soutient pas vraiment la présente dynamique européenne. Il regarde géopolitiquement plus aisément que d'autres du côté de Moscou. Il n'est pas vulnérable sur le plan personnel. Reste que le Front National est une force politique de nature hybride recrutant à la fois à gauche et à droite. Marine Le Pen perdra une partie de sa capacité électorale à droite, par exemple chez les agriculteurs et dans la ruralité, ce qu'elle va gagner sur la gauche de la gauche dans son conflit avec Jean-Luc Mélenchon pour incarner le souverainisme protecteur. Et c'est le Fillon libéral qu'elle attaque déjà : « c'est le pire programme de casse sociale qui n'ait jamais existé ».

Les gauches déjà balkanisées, sont elles aussi bousculées par cette vague de droite assumée que personne n'attendait vraiment. Les lignes bougent, les appétits s'expriment, la fronde tente de progresser. Est-ce seulement l'effet Fillon ? Candidat déclaré, Jean-Luc Mélenchon voit en Fillon une opportunité de vote utile fédérant les gauches en sa faveur autour de la triple résistance qu'il veut incarner : au Front National, à la Droite et à François Hollande. Comme une sorte de Podemos à la française ! On peut en douter même s'il vient de recevoir le soutien des militants du Parti Communiste. Dans une incroyable menace dirigée contre le Président de la République, Manuel Valls se dit ce week-end définitivement prêt à engager un face-à-face électoral avec François Hollande comme l'a suggéré le président de l'Assemblée Nationale, Claude Bartolone. Arnaud Montebourg appelle les électeurs de droite à venir éliminer le futur candidat venu de l'exécutif à la primaire des gauches et des écologistes ! Le PRG a quant à lui choisi de présenter Sylvia Pinel hors de cette primaire rejoignant Emmanuel Macron et Yannick Jadot dans leur décision de boycotter ce moment socialiste.

Une rivalité électorale inespérée pour François Hollande

Les regards se tournent désormais vers l'Elysée où François Hollande avait perdu avec l'élimination de Nicolas Sarkozy, celui qu'il pensait être son meilleur ennemi. Alain Juppé battu, il vient d'échapper à son adversaire le plus dangereux. François Fillon lui propose une rivalité électorale inespérée tant sur la forme que sur le fond. Comme le retour rassurant à un affrontement classique avec un leader clairement affirmé sur sa proposition politique de droite conservatrice et libérale à la fois. De quoi confirmer ce qui était attendu : François Hollande sera candidat à sa succession et va tenter de faire taire la fronde et fédérer les socialistes et leurs alliés historiques pour aborder un premier tour présidentiel difficile mais totalement recomposé. Car Il ne s'agit pas d'un retour au clivage droite-gauche, mais seulement du retour d'une offre politique de droite redevenue classique dans un système devenu lui tripolaire. La victoire de François Fillon lance une présidentielle aux cartes rebattues. La bataille de 2017 a commencé.

 Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, CEO de Zenon7, Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals

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Commentaires 6
à écrit le 29/11/2016 à 3:36
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Ces primaires sont risibles et ineptes. Les gens paient pour voter ! Bien heureux d'avoir quitte ce pays de doux dingues qu'est la France. Bon courage a ceux qui restent, l'avenir va etre onereux.

à écrit le 28/11/2016 à 15:53
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Intéressant ... mais une énorme faute d'orhographe grammaticale sur le dernier mot du texte !

à écrit le 28/11/2016 à 14:03
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En effet le premier tour de ces futures présidentielles va être bien incertain, ils vont tous se précipiter à se présenter du coup car la place au centre reste vide et il va être bien difficile à fillon de séduire à la fois les centristes et l'extrêm...

à écrit le 28/11/2016 à 13:55
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Je pensais, à l'encontre de JCG, que les résultats du premier tour ne seraient pas reconduits, avec une forte participation de gens de gauche pour tenter de limiter la casse en votant Juppé: j'avais tord. Aujourd'hui, on peut quand même s'interroger...

le 28/11/2016 à 14:50
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Sauf que les socialistes que je connais qui sont allés voter à la primaire de droite, ont voté fillon parce qu'ils détestent Juppé et qu'ils savaient qu'avec lui le premier tour était plié avec fillon hollande aura bien plus de chances, enfin du moin...

le 28/11/2016 à 18:22
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Mais peut on reprocher à des gens "de gauche" de ne pas intervenir dans une élection qui à priori ne les concerne pas? Ils auraient pourtant représenté 15% des électeurs de second tour, mais il y a eu également 9% des électeurs se sont dits proch...

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