Des autobus électriques sino-français bientôt assemblés en Alsace

Dietrich Carebus Group, entreprise familiale établie à Ingwiller (Bas-Rhin), a renforcé ses fonds propres et signé un accord de partenariat avec le constructeur chinois Yutong. Objectif : produire 500 autobus par an dans une nouvelle usine en Alsace.
"Le marché français s'établit entre 5.500 et 6.000 unités par an. Yutong, notre partenaire, a vendu 17.000 autocars et autobus électriques en 2015. Nous partons avec une longueur d'avance", se réjouit Pierre Reinhart.

Le distributeur d'autocars Dietrich Carebus Group (DCG) négocie un virage stratégique. Après avoir été concessionnaire de la marque Mercedes entre 1972 et 1998 puis importateur en France des autocars turcs Temsa depuis 1999, l'entreprise installée à Ingwiller (Bas-Rhin) se lance dans la co-conception et l'assemblage d'autobus électriques en partenariat avec le Chinois Yutong. "Importer directement des véhicules chinois eût été suicidaire. C'est pourquoi nous établissons une plate-forme technique commune, adaptée à nos besoins", annonce Pierre Reinhart, président de cette société familiale (103 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015). "Nous offrirons 50 % de valeur ajoutée française et européenne. Les packs de batteries seront français. Les caisses, qui n'intéressent personne, seront produites en Chine", détaille Pierre Reinhart.

Autobus électriques : une vraie demande des villes

Depuis plusieurs mois, DCG procède à des essais sur le marché français avec une gamme composée de deux autobus électriques fournis par son partenaire chinois. Les véhicules subissent des tests en conditions d'exploitation commerciale, notamment à Paris et à Strasbourg.

"Depuis la COP 21, il est établi que les villes auront recours à des véhicules verts pour équiper leurs réseaux de transport. À Paris, la RATP envisage 80 % de véhicules électriques dans le renouvellement de son parc en 2025", observe Pierre Reinhart.

En cas de réponse favorable sur ces marchés, les premiers exemplaires seront assemblés dans les structures existantes à Ingwiller : les hangars qui servent à la préparation des autocars Temsa couvrent 8.000 mètres carrés. Pierre Reinhart entend ensuite construire une usine dédiée à l'électrique, sur 3.000 mètres carrés. "Le projet créera entre 30 et 100 emplois. Nous pourrons fabriquer entre 300 et 500 véhicules par an", assure-t-il. L'unité d'assemblage se doublera d'un centre de stockage pour les pièces détachées, sur 1600 mètres carrés.

Doublement des fonds propres

Pour financer son projet, Pierre Reinhart vient d'ouvrir le capital de DCG à Tikehau Investment Management et Zencap Asset Management. Ces deux fonds d'investissement apportent 30 millions d'euros en obligations convertibles et en obligations simples.

"Le doublement des fonds propres permet d'améliorer nos ratios financiers. Nous voulons sécuriser les ressources afin de disposer d'une visibilité sur six à sept ans", calcule Jacob Hazan, directeur financier de DCG.

"L'objectif de ce financement à sept ans est de passer à 200 millions d'euros de chiffre d'affaires", confirme Philippe Hugon, directeur délégué de Carax, conseiller et arrangeur de l'opération d'investissement. Le calendrier le plus optimiste fait état d'une construction de la nouvelle usine de bus électriques en 2018.

"Le marché français s'établit entre 5.500 et 6.000 unités par an. Yutong, notre partenaire, a vendu 17.000 autocars et autobus électriques en 2015. Nous partons avec une longueur d'avance", se réjouit Pierre Reinhart.

Les opérateurs de transport urbain ont longtemps été réservés quant à la performance de la technologie électrique, préférant les motorisations hybrides ou le gaz.

Le problème de l'autonomie des batteries ne se pose plus

"Nous sommes en train de démythifier ce sujet. Nous avons procédé à des essais en côte à 12 %, sur un kilomètre, avec un arrêt au milieu. Le problème de l'autonomie ne se pose plus. Avec 250 kilomètres en usage urbain, on répond à 80 % des besoins des réseaux de transport en commun, sans avoir à recharger les batteries en bout de ligne", promet Pierre Reinhart.

DCG entend également proposer ses véhicules à des exploitants de réseaux péri-urbains, pour le transport scolaire. "Là aussi, les besoins seront couverts avec 200 kilomètres d'autonomie", assure Pierre Reinhart. Reste à baptiser la nouvelle gamme sino-française made in Ingwiller. Le nom Dietrich (ne pas confondre avec son quasi-éponyme De Dietrich, établi également en Alsace), qui décorait les bâches des camions en Alsace du Nord au début du XXe siècle, pourrait connaître une seconde jeunesse. Pour Pierre Reinhart, petit-fils du fondateur de cette entreprise de 180 salariés, ce serait la cerise sur le gâteau.

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Commentaires 3
à écrit le 09/12/2016 à 17:20
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Avec des batteries théoriquement "made in France" http://www.saftbatteries.com/press/press-releases/saft-and-dietrich-carebus-group-sign-partnership-agreement-equip-yutong

à écrit le 02/12/2016 à 17:14
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est-ce que les batteries seront françaises?

le 03/12/2016 à 20:10
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Et ton café, il est français ?

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