Les effets de l'acquisition de SFR par Numericable sont déjà très marqués sur les résultats 2014 du nouvel ensemble fusionné, même si l'ex-filiale de Vivendi n'est consolidée que sur un mois. Le nouveau groupe Numericable SFR affiche ainsi une perte nette de 175 millions d'euros sur l'exercice, due essentiellement aux frais financiers : le groupe a dû lever la dette d'acquisition dès avril-mai et payer des intérêts alors que la contribution au résultat du numéro deux français des télécoms n'a été effective qu'au 1er décembre. Il va en outre devoir payer 1,9 milliard d'euros supplémentaires pour racheter les 20% résiduels de Vivendi, qui aura cédé tout SFR pour 17 milliards d'euros.
Les chiffres sont difficilement lisibles et comparables : le parc de clients mélange ceux de Numericable, ceux de SFR et ceux de Virgin Mobile, également acheté au même moment. Toutefois, la mauvaise année de SFR dans le mobile a clairement pesé sur les résultats.
Sur l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires pro forma de Numericable-SFR s'est établi à 11,43 milliards d'euros, en baisse de 5%, essentiellement due « à l'érosion des revenus mobile tant dans le segment du résidentiel que dans celui de l'entreprise », une baisse partiellement compensée par le plan de réductions de coûts mis en place par le management précédent. Du coup, le résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté et pro forma est en recul de 11% à 3,1 milliards d'euros, reflétant la dégradation de l'ARPU le revenu moyen par abonné mobile, tombé à 22,5 euros (-5,9%). La marge brute opérationnelle a diminué de 1,8 point à 27,1%.
« Carence d'investissements patente » de SFR
Le parc de clients grand public dans le mobile a diminué de 4,7%, à 16,2 millions, ce qui inclut les 14 millions de SFR environ, les 1,7 million de Virgin et le solde venant de Numericable (MVNO).
La refonte des tarifs dans le mobile sera annoncée avant le mois de mai, l'objectif étant de « stopper la décroissance du mobile, dans un marché extrêmement concurrentiel » a souligné le directeur financier, Thierry Lemaître, lors d'une conférence téléphonique. Il a évoqué les problèmes de qualité de réseau rencontrés par SFR l'an dernier, venant d'une « carence d'investissements assez patente, en particulier au troisième trimestre » : sur l'année, les investissements de SFR ont diminué de 150 millions d'euros.
Malgré ses plans ambitieux de déploiement dans la fibre (jusqu'au pied d'immeuble) et dans la 4G, le nouveau groupe n'a pas l'intention d'augmenter le niveau global d'investissement en 2015 en jouant sur « la maîtrise des coûts. » Si SFR a « fortement » amélioré sa couverture 4G à 50% fin 2014, c'est en fait en partie grâce à l'itinérance, partielle et temporaire, accordée par Bouygues Telecom dans le cadre du contrat de mutualisation signé par les deux opérateurs, a reconnu la direction de Numericable SFR.
Priorité au réseau câblé
Patrick Drahi, le principal actionnaire d'Altice, la maison-mère de Numericbale-SFR, avait prévenu dès le printemps dernier que son mot d'ordre était « investir mieux c'est investir plus. »
L'accent reste mis sur le réseau câblé rénové en fibre de Numericable qu'il faut remplir.
« Depuis fin novembre 2014, les ventes brutes de Numericable-SFR ont été 2,5 fois supérieures à celles de Numericable sur la même période en 2013. Cette dynamique se confirme sur les deux premiers mois de 2015 et laisse présager que 2015 sera bien l'année de la fibre » se félicite ainsi le groupe dans son communiqué de résultats.
Le parc de clients ADSL a diminué de 1,4% à 5,03 millions et cette décroissance « va se poursuivre en 2015 au bénéfice d'une migration de ces clients vers le réseau Très haut débit du groupe. » Le revenu moyen par abonné a légèrement baissé « en raison d'une politique de forte remise de SFR sur le FTTH », la fibre jusqu'à l'abonné, à laquelle Numericable a mis fin : il vient d'ailleurs d'augmenter de 2 à 3 euros le prix des abonnements de ses clients fixe.
« Nous préférons avoir des clients à valeur, nous leur proposons du très haut débit » a fait valoir Thierry Lemaître, qui se réjouit qu'il n'y ait « pas de cannibalisation, et le taux de churn (désabonnement) de Numericable diminue. » Le parc d'abonnés très haut débit a progressé de 4,5% sur l'année à 1,54 million de clients.
A 10h ce jeudi, l'action Numericable-SFR gagne un peu plus de 3% à la Bourse de Paris.
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