Apple contraint par Pékin de retirer WhatsApp et Threads de sa boutique d'applications en Chine

Apple a retiré WhatsApp et Threads de sa boutique d'applications en Chine à la demande des autorités, rapporte ce vendredi l'agence Bloomberg qui cite le groupe américain Meta, propriétaire des deux programmes visés. Ce n'est pas la première restriction imposée à la marque à la pomme par Pékin qui surveille étroitement ses médias et son internet, soumis à une stricte réglementation et à une censure des contenus qui présentent la politique de l'Etat sous un mauvais jour ou sont de nature à créer de l'agitation.
Apple a retiré WhatsApp et Threads de sa boutique d'applications en Chine.
Apple a retiré WhatsApp et Threads de sa boutique d'applications en Chine. (Crédits : MIKE SEGAR)

Pékin renforce ses restrictions autour des produits Apple. À la demande des autorités chinoises, la marque américaine à la pomme a retiré WhatsApp et Threads de sa boutique d'applications en Chine, rapporte ce vendredi l'agence Bloomberg qui cite le groupe américain Meta, propriétaire des deux programmes visés.

Elles rejoignent la liste des nombreux sites (Google, Youtube...), applications et réseaux sociaux étrangers (X, Instagram, Facebook...) qui sont inaccessibles sans outils informatiques comme des réseaux privés virtuels (VPN) permettant de contourner les blocages.

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Apple respecte même s'il n'est « pas d'accord »

« L'administration chinoise du Cyberespace (CAC) a ordonné le retrait de ces applications en raison de préoccupations en matière de sécurité nationale », a indiqué Apple dans un communiqué, cité par l'agence d'information financière Bloomberg.

« Nous sommes tenus de respecter les lois des pays dans lesquels nous sommes présents, même si nous ne sommes pas d'accord », a précisé Apple dans un communiqué, toujours selon Bloomberg. Apple n'avait pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire de l'AFP.

WhatsApp est une populaire application de messagerie instantanée, tandis que le réseau social Threads est un concurrent de X (ex-Twitter). Toutes deux appartiennent au groupe américain Meta, qui a renvoyé l'AFP vers Apple pour un commentaire.

Sollicités par l'agence de presse, ni le régulateur chinois de l'Internet (CAC) ni le ministère de l'Industrie et des Technologies, qui supervise également en Chine l'internet, n'ont répondu dans l'immédiat.

Signal et Telegram également indisponibles

Ce vendredi, WhatsApp et Threads étaient donc indisponibles sur la version chinoise de l'App Store, la boutique virtuelle d'Apple où se téléchargent les applications, tout comme les applications de messagerie sécurisée Signal et Telegram. L'AFP n'avait pas reçu dans l'immédiat de réponse à une demande de commentaire envoyée à Signal et Telegram. Toutes ces applications restent cependant téléchargeables sur des App Store situés hors de Chine continentale.

WhatsApp est supplanté en Chine par WeChat (messagerie, paiement en ligne, réseau social, achats et réservations). L'application, présente sur la quasi-totalité des téléphones dans le pays, sert quotidiennement de moyen de paiement à des centaines de millions de Chinois. Quant à Threads, qui permet de publier publiquement et pour ses abonnés des contenus texte, photo et vidéo, il a un équivalent depuis 2009 : Weibo.

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Des restrictions sur les iPhone dans l'administration

Ce n'est pas la première fois que Pékin impose des restrictions à Apple. La Chine surveille, en effet, étroitement ses médias et son internet, soumis à une stricte réglementation et à une censure des contenus qui présentent la politique de l'Etat sous un mauvais jour ou sont de nature à créer de l'agitation.

Depuis novembre 2022, le géant américain applique déjà, sur ses iPhone vendus en Chine, des restrictions pour le partage de fichiers entre appareils, une fonction potentiellement utilisable pour contourner la censure et diffuser des informations jugées hostiles ou critiques du pouvoir. La fonction AirDrop d'un iPhone permet, en effet, de partager sans limite avec un appareil Apple situé à proximité tout type de contenus, dont des photos et des vidéos. Ainsi, depuis deux ans, une mise à jour sur les téléphones du groupe américain vendus en Chine désactive automatiquement cette fonction au bout de 10 minutes. Cette restriction réduit fortement la probabilité de recevoir à l'improviste des fichiers de la part d'inconnus.

En outre, en septembre dernier, le quotidien américain des affaires Wall Street Journal avait affirmé que les autorités chinoises interdisaient à certains fonctionnaires l'usage de l'iPhone à des fins professionnelles, pour se prémunir de risques d'espionnage.

La Chine a cependant démenti interdire dans ses ministères l'iPhone d'Apple ou « d'autres téléphones de marques étrangères » après ces informations de presse. « La Chine n'a pas de loi, de règlements ou de directives qui interdisent l'achat ou l'utilisation de téléphones de marques étrangères dont l'iPhone », avait affirmé devant la presse la porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning.

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Les produits Apple, très populaires en Chine

D'autant que les produits Apple, de l'iPhone à l'iPad, restent immensément populaires en Chine, l'un des principaux marchés du groupe américain hors des Etats-Unis. Apple a d'ailleurs pris pour la première fois en 2023 la tête des ventes de smartphones sur le marché chinois malgré une concurrence accrue des acteurs locaux et notamment du retour de Huawei, selon de nouvelles données publiées ce vendredi. La part de marché du géant américain de la technologie dans la deuxième économie mondiale s'élève à 19%, avait, en outre, indiqué le fournisseur de données industrielles Canalys en janvier.

Côté politique, la marque à la pomme s'est toujours abstenue de prendre position sur des sujets sensibles ou de froisser le pouvoir chinois. Son PDG a été plusieurs fois reçu par de hauts responsables, tel un chef d'Etat.

Des contrôles d'internet autour des dates et événements sensibles

De manière générale, un durcissement des restrictions est généralement observé, en Chine, autour de dates et d'événements sensibles. En mars, Pékin avait, par exemple, renforcé son contrôle d'internet et notamment l'accès aux sites étrangers durant la session annuelle du Parlement à Pékin, avait indiqué à l'AFP un prestataire de services permettant de contourner la censure.

« La censure s'intensifie » en ligne et certains outils pour la contourner « ne fonctionnent pas », avait indiqué le fournisseur de VPN Astrill, populaire auprès des étrangers vivant en Chine. Le recours à un VPN ou tout autre outil permettant d'accéder à des sites internet interdits est illégal en Chine sans autorisation officielle.

Des employés de certains médias d'Etat et des diplomates chinois utilisent des VPN pour publier notamment sur le réseau social X (ex-Twitter), bloqué en Chine. Dans un discours l'an dernier, le président Xi Jinping avait souligné l'importance pour la Chine de renforcer son contrôle et la sécurité de son internet.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 19/04/2024 à 17:42
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"À la demande des autorités chinoises" En d'autres termes sur injonction du régime autoritaire communiste chinois...

à écrit le 19/04/2024 à 16:01
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La réciprocité : il n'y a que comme çà qu'on peut lutter contre des états totalitaires.

à écrit le 19/04/2024 à 15:52
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je pense qu'il est grand temps d'interdire tiktok, temu alibaba, etc, ils posent de gros pbs de securite; a un moment donne faudra jouer avec les memes regles que les chinois qui n'en respectent aucune, et qui de toute facon mettent les gens dehors a...

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