Le courroux des investisseurs ne s'est pas fait attendre. Ce vendredi matin, le titre Ubisoft dégringolait de plus de 20% à la Bourse de Paris, à 44,5 euros. La raison de cet effondrement ? Jeudi, juste après la fermeture des marchés, le champion français des jeux vidéo s'est fendu d'une sombre missive à la presse et aux analystes financiers. Le groupe a annoncé que les ventes de deux de ses derniers titres phares, The Division 2, et surtout le blockbuster et très attendu Ghost Recon Breakpoint, avaient essuyé de piètres ventes.
Concernant ce dernier, « la réception critique et les ventes sur les premières semaines ont été très décevantes », a constaté Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft, lors d'un point presse. « Certains joueurs ont apprécié le jeu, jusqu'à y consacrer plus de trois heures par jour, nous précise l'éditeur. Mais une partie de la communauté l'a clairement rejeté... »
Le jeu de tir a fait l'objet de plusieurs critiques acerbes dans la presse spécialisée. Ainsi, le site jeuxactu.com n'y va pas avec le dos de la cuiller : « A la manière d'un gloubi-boulga, Ghost Recon Breakpoint pioche allègrement dans différentes recettes, et intègre des tas d'ingrédients sans jamais se soucier de leur cohérence », dézingue-t-il. Plusieurs critiques estiment que le jeu a été sorti de manière précipitée, et qu'il aurait mérité d'être largement peaufiné.
Un chiffre d'affaires en très forte baisse
Conséquence de cet échec, Ubisoft a retardé les sorties de plusieurs titres importants. Il s'agit de Gods & Monsters, de Rainbow Six Quarantine et de Watch Dogs Legion, désormais attendus en 2020-2021. L'objectif de l'éditeur est « d'accroître [leur] durée de développement ». Ou, plus simplement, d'éviter de les sortir trop vite, au risque d'essuyer de nouveaux échecs. « Nous souhaitons [...] nous assurer que les innovations que nous apportons seront parfaitement implémentées pour une expérience optimale », insiste Ubisoft dans son communiqué.
Reste que ces décisions ont un impact sérieux et immédiat sur les résultats de l'éditeur. Dans son communiqué d'hier soir, Ubisoft anticipe désormais un chiffre d'affaires de 1,45 milliard d'euros pour l'année en cours, c'est-à-dire environ 700 millions d'euros de moins que prévu ! Le résultat opérationnel, lui, devrait fondre comme neige au soleil. L'éditeur estime qu'il sera compris entre 20 et 50 millions d'euros, contre près d'un demi-milliard d'euros prévu jusqu'à présent.
Accélérer en Asie
Il s'agit d'un gros coup dur pour Ubisoft, et la sanction des marchés apparaît logique. L'éditeur s'est toutefois voulu rassurant. Fort d'un riche carnet de sorties du fait des reports de ses trois titres, il espère un très fort rebond de ses résultats en 2020-2021. Le groupe table sur un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros, pour un résultat opérationnel avoisinant les 600 millions d'euros. Si Yves Guillemot convient que le groupe va serrer les dents, il demeure optimiste pour les années à venir. Ubisoft bénéficie toujours d'un important portefeuille de titres, a-t-il indiqué, tout en réaffirmant vouloir accélérer en Asie et miser davantage sur les jeux mobiles.
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