Publicité : pourquoi des annonceurs boycottent Google et Youtube

Aux Etats-Unis et en Europe, plusieurs annonceurs privés et publics ont décidé de boycotter la plateforme publicitaire de YouTube après avoir remarqué que certaines campagnes étaient associées à des vidéos très controversées. En réponse, Google a promis des améliorations de son service, basé sur des algorithmes.
Grégoire Normand
Les médias traditionnels pourraient profiter de cette polémique pour gagner quelques parts sur le marché de la publicité en ligne.

La polémique ne cesse de prendre de l'ampleur. Après McDonald's, HSBC, l'Oréal, le Guardian, Channel 4, la BBC et Havas, les opérateurs américains de télécommunications Verizon et  AT&T ont annoncé mercredi soir avoir suspendu certaines publicités sur YouTube et Google. Dans un communiqué, AT&T a déclaré que "nous sommes très préoccupés par le fait que nos publicités aient pu apparaître à côté de contenus YouTube faisant l'apologie du terrorisme et de la haine". En réponse, Google a affirmé ce jeudi 23 mars engager un examen "en profondeur" de ses conditions d'utilisation relatives à la publicité.

Une enquête du Times à l'origine du scandale

Une enquête du Times a révélé il y a quelques jours que des bannières publicitaires apparaissaient près de contenus violents, racistes, antisémites, terroristes ou homophobes. Le Guardian s'est par exemple rendu compte que ses campagnes publicitaires étaient associées à des vidéos de suprémacistes blancs.

Le gouvernement britannique a par la suite convoqué le géant de Mountain View pour avoir des explications après avoir remarqué que certaines annonces du ministère de la Défense étaient accolées à des vidéos très controversées. Dans les colonnes du Guardian, une porte-parole du gouvernement a ainsi déclaré que :

"La publicité numérique est une manière très rentable pour le gouvernement de mobiliser des millions de personnes dans des campagnes pour le recrutement militaire ou le don du sang [...] Nous avons une mis une restriction temporaire sur les publicités de YouTube en attendant la confirmation de Google que les messages du gouvernement soient diffusés de manière sûre et appropriée."

Google promet des changements

Face à l'ampleur de cette polémique, Google a fait son mea culpa lundi dernier. Le président de Google en Europe et au Moyen-Orient, Matt Brittin a déclaré : "Je voudrais présenter nos excuses à nos partenaires et nos annonceurs qui pourraient avoir été affectés par l'apparition de contenus controversés près de leurs annonces."

Le lendemain, Philipp Schindler, directeur commercial chez Google a avancé plusieurs changements pour améliorer son service dans un post de blog. La firme a promis de renforcer le contrôle des sites internet en augmentant ses effectifs et en modifiant ses conditions d'utilisation. Après avoir affirmé qu'il ne pouvait pas contrôler les 400 heures de vidéos diffusées par minute, le groupe américain s'est engagé à "accélérer la procédure de suppression des messages publicitaires associés aux contenus de haine". Philipp Schindler a ainsi déclaré :

"Nous pensons que ces nouvelles conditions d'utilisation ajoutées aux nouveaux contrôles renforceront considérablement notre capacité à aider les annonceurs à atteindre une large audience, tout en respectant leurs valeurs [...]. Nous allons embaucher un nombre important de personnes et développer de nouveaux outils grâce à nos dernières avancées dans l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique afin d'augmenter notre capacité à détecter des contenus douteux pour la publicité."

La publicité programmatique remise en cause

Le modèle de la publicité programmatique est pointé du doigt dans cette polémique. Interrogée en 2016 par La Tribune Sophie Poncin, la directrice d'Orange Advertising et présidente du Syndicat des Régies Internet expliquait que ce format permet "d'adapter le message publicitaire à chaque individu, et ce en temps réel, en fonction d'un champ de plus en plus large de paramètres". En d'autres termes, ce système passe par "l'automatisation de l'achat et de la vente d'espaces publicitaires" grâce à l'usage d'algorithmes. Mais la publicité programmatique a rapidement trouvé ses limites au regard du nombre de plaintes et de boycotts annoncés ces derniers jours.

>> Lire aussi : La publicité programmatique, l'arme fatale des annonceurs

Un enjeu économique

Il est encore trop tôt pour avoir une estimation précise de la perte de revenus pour Google et YouTube. Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research Group a indiqué dans les colonnes du New-York Post que l'impact pour Google pourrait s'élever à environ 1% de ses revenus de base, soit un milliard de dollars.

En revanche, si les pertes s'annoncent relativement importantes pour Google, les éditeurs de médias traditionnels pourraient profiter de cette polémique. En effet, les sites d'information peuvent mettre en avant la fiabilité et la sécurité de leurs services comme l'ont expliqué des analystes à l'agence Reuters.

>> Lire aussi : Fraude publicitaire : l'UE menace Google, Facebook et Twitter

Grégoire Normand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 11/04/2017 à 11:54
Signaler
Bonjour, C'est très intéressant merci de découvrir https://devsurmesure.fr/

à écrit le 25/03/2017 à 9:35
Signaler
Si on aborde le sujet par la systémique plutôt que par le scandale, tout est dans la phrase de la directrice d'Orange Advertising : ce format permet "d'adapter le message publicitaire à chaque individu, et ce en temps réel, en fonction d'un champ de ...

à écrit le 25/03/2017 à 9:29
Signaler
Si on aborde le sujet par la systémique plutôt que par le scandale, tout est dans la phrase de la directrice d'Orange Advertising : ce format permet "d'adapter le message publicitaire à chaque individu, et ce en temps réel, en fonction d'un champ de ...

à écrit le 24/03/2017 à 22:08
Signaler
Ben c'était il y a plusieurs années, les débuts des scripts de pubs, une info comme en voit tous les étés: un petit garçon se noie dans une piscine, et juste à côté le robot avait casé une pub pour les piscines machin truc. Comme quoi la pub est à 8...

à écrit le 24/03/2017 à 8:43
Signaler
La question ne devrait elle être pas plutôt, pourquoi la majorité des annonceurs ne sont pas gênés par ce fait quand même particulièrement moche ? Une simple inversion d'une question et c'est son sens en entier qui se retourne.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.