L'heure est aux grandes manœuvres financières. Dans un communiqué publié ce vendredi matin, Altice Europe indique que Patrick Drahi, son fondateur et propriétaire à hauteur de 77,6%, a passé un « accord conditionnel » avec le groupe. Il a déposé une offre publique sur le solde des titres Altice Europe, pour un montant de 4,11 euros par action, soit, au total, 2,5 milliards d'euros. Cette opération, qui pourrait s'achever au premier trimestre 2021, doit permettre au magnat des télécoms et des médias de retirer Altice Europe de la Bourse d'Amsterdam.
Dans le communiqué, Patrick Drahi juge que la transaction « ouvrira une nouveau chapitre passionnant pour Altice Europe et (ses) parties prenantes ». « La structure de propriété permettra de mettre davantage l'accent sur l'exécution de notre stratégie de long terme, et souligne ma confiance et mes convictions dans les perspectives du groupe », poursuit-il.
« Échapper aux aléas de la Bourse »
Patrick Drahi semble surtout faire preuve d'opportunisme alors que le titre d'Altice Europe, maison-mère d'Altice France et de SFR, a dégringolé de 6 euros à 2,75 euros entre février et mars, pendant la crise du coronavirus. Et ce même s'il est remonté, depuis, à un peu plus de 4 euros. « Le titre est sous-valorisé pour Patrick Drahi, et le contexte lui permet de racheter le solde du groupe à bas prix », constate Stéphane Beyazian, analyste chez Mainfirst. Lequel constate, par ailleurs, que « les taux restent bas, que le marché français va mieux, et que Patrick Drahi montre ainsi sa confiance dans l'avenir ».
En retirant Altice Europe de la cote, Patrick Drahi souhaite, probablement, aussi « échapper aux aléas de la Bourse », enchaîne l'analyste. « Cela ne rassure jamais les banquiers d'avoir un titre très volatil, ajoute Stéphane Beyazian. L'opération permet à Patrick Drahi d'apaiser ses relations avec les créanciers, qui sont nombreux étant donné la taille de sa dette. »
Les activités européennes de Patrick Drahi, et en particulier celles de SFR, suscitent une certaine méfiance chez beaucoup d'investisseurs. Tous ont en mémoire la dégringolade boursière d'Altice, en 2017, suite aux mauvais résultats de SFR. C'est la raison pour laquelle Patrick Drahi a fini, en 2018, par séparer clairement ses activités dans le câble aux Etats-Unis de celles dans les télécoms et les médias sur le Vieux Continent. L'objectif étant, notamment, d'éviter qu'une nouvelle fronde des investisseurs en Europe ne déteigne sur son groupe aux pays de l'Oncle Sam. En sortant Altice Europe de la cote, Patrick Drahi se prémunit d'éventuelles piques des marchés.
Sujets les + commentés