Immobilier : les enchères en ligne, ce nouveau service qui promet de vendre son bien en un temps record

Face au gel des transactions immobilières, des outils se développent à toute vitesse pour proposer un mode de vente alternatif passant par des enchères en ligne. A la clé, un délais de vente divisé par deux et des prix alléchants. Mais alors, comment fonctionne ce type de service ? Et s’agirait-il de la solution permettant de dégripper le marché? Explications.
Maxime Heuze
En 2023, les ventes enchérisées se sont faites en moyenne sur des prix 5 à 15% en dessous des estimations selon les plateformes interrogées.
En 2023, les ventes enchérisées se sont faites en moyenne sur des prix 5 à 15% en dessous des estimations selon les plateformes interrogées. (Crédits : DR)

Et si la crise de l'immobilier allait finalement être résolue grâce... aux enchères ? C'est en tout cas la solution apportée par des startups aux vendeurs qui se désolent de voir leurs biens rester de longs mois sur le marché sans trouver d'acheteurs. Des enchères particulières qui n'ont pas grand-chose à voir avec les judiciaires traditionnelles dans lesquelles le vendeur n'a pas la main sur le prix final de vente qui se décide en adjudication. En effet, les « enchères interactives » proposées par plusieurs startups « sont en réalité de simples appels d'offres » auprès d'acquéreurs pour un bien mis en vente dans une agence, résume du Louis du Clary, créateur de la plateforme Enchères Immo.

Simplicité

Le principe est simple. Sur un site spécialisé mis à disposition d'agences immobilières abonnées, un bien est proposé à un prix bien inférieur à son prix estimé par l'agent, par exemple « à 160.000 euros pour un bien estimé à 200.000 euros », explique Louis du Clary. Après visites organisées par l'agent en charge de la vente du bien et constitution des dossiers, les acquéreurs potentiels peuvent faire des propositions à la hausse jusqu'à ce que le vendeur se décide à sélectionner la meilleure proposition « ou celle ayant le schéma de financement le plus fiable ou intéressant », précise Baptiste Duny, directeur commercial de la plateforme proposant des enchères 36h immo.

Ce système permet donc aux acheteurs au porte-monnaie réduit de « fixer leurs prix et d'avoir une transparence sur les autres propositions faites sur le bien » ajoute Baptiste Duby. Pour les vendeurs, il donne l'opportunité d'attirer plus d'acheteurs potentiels et de réduire leur délai de vente à moins de 30 jours en moyenne selon les plateformes, contre 70 jours pour les ventes traditionnelles.

A noter aussi, ces derniers peuvent décider d'annuler la vente dans le cas où ils estiment que les propositions ne montent pas assez haut. Reste que cette méthode de vente alternative montre son efficacité. En 2023, les ventes se sont faites en moyenne sur des prix 5 à 15% en dessous des estimations selon les plateformes interrogées. Un rabais qui aurait pu néanmoins être obtenu dans le cadre d'une négociation classique. Mais peut-être pas dans des délais aussi courts.

Les enchères bénéficient de la crise

Une chose est sûre : cette promesse de transactions rapides séduit de plus en plus d'agences. Ainsi, Enchères Immo, l'un des leaders du marché ayant trois années d'activité a triplé son nombre de clients sur l'année 2023. Une très forte dynamique constatée par la plupart des autres plateformes. « Depuis la crise, les agences qui ont vu leur chiffre d'affaires diminuer sont beaucoup plus réceptives aux nouveaux outils apportant des solutions pour parvenir à réaliser des transactions », analyse le directeur commercial de 36h Immo.

Ce fut notamment le cas de l'agence l'Evidence immobilière qui a souscrit à ce type de service en 2022 et réalise aujourd'hui 20% de ses ventes via les enchères.

« Ce service nous permet d'attirer les acquéreurs et de faire comprendre, aux vendeurs qui surestiment leurs biens, quel est le véritable prix attendu par le marché et, in fine, de lui permettre de vendre son bien », reconnaît Vincent de Bejarry, le manager commercial de l'agence.

Un marché encore balbutiant

Si la solution offre une véritable alternative, « il ne s'agit cependant aujourd'hui que d'un marché de niche qui ne résoudra pas la crise immobilière à court terme », tranche Eric Allouche, directeur exécutif du réseau Era immobilier. Pour l'instant, les plateformes interrogées adressent entre 250 et 500 agences chacune, soit à peine 2 à 4% du marché.

Nombre d'agences n'ont donc pas encore entendu parler de ce service et parmi celles qui y ont jeté un oeil, certaines ont fait le choix de ne pas souscrire à un abonnement autour de 200 euros par mois proposé par les plateformes « car elles n'ont pas encore conscience que nous ne sommes plus dans une période ou la surenchère des prix est fréquente et qu'elles ont besoin de changer leurs méthodes pour réussir à vendre », confie Louis Du Clary. Autre point pouvant refroidir les professionnels : « cette solution ne fonctionne que si l'on parvient à convaincre les vendeurs de fixer un prix de départ relativement bas. Si vous ne baissez que de 10.000 euros le prix, cela n'attire pas beaucoup plus d'acquéreurs », reconnaît de son côté, Jordan Evain, directeur général de l'Évidence immobilière.

Des barrières à la démocratisation de ce service, qui n'effraient cependant pas les startups du secteur qui visent à nouveau un doublement voire un triplement de leur nombre de clients cette année.

Maxime Heuze

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.