Merck revoit à la hausse ses estimations de profits

Le groupe pharmaceutique américain Merck, actuellement confronté à des milliers de plaintes concernant le Vioxx, affiche des résultats trimestriels en hausse grâce à la demande pour ses traitements anti-cholestérol et pour l'asthme ainsi qu'une maîtrise de ses dépenses. Confiant, le groupe a relevé sa prévision de bénéfice par action sur l'ensemble de l'année 2006.

Le laboratoire Merck vient d'annoncer un bénéfice net de 1,52 milliard de dollars, en hausse de 11% sur le premier trimestre 2006, soit 69 cents par action. Le groupe a souligné que dans ses comptes du premier trimestre a été inscrite une charge de restructuration qui a grevé de 9 cents le bénéfice par action, soit environ 12%. Hors éléments exceptionnels, le bénéfice par action ressort à 78 cents, soit 6 cents de plus que le consensus établi, en prenant en compte la comptabilisation des stock-options selon First Call.

Le chiffre d'affaires ressort quasiment inchangé (+0,9%) à 5,41 milliards d'euros en raison d'un effet de change négatif qui a pesé pour 2% sur ses ventes mondiales du trimestre. "Les résultats du trimestre ont bénéficié de la performance du Zocor (anti-cholestérol), de Singulair et de nos vaccins, ainsi que de la forte performance de nos partenariats", a expliqué Richard Clark, PDG du groupe. Pour le seul Singulair, traitement oral contre l'asthme et les allergies dues aux saisons, Merck a enregistré des ventes de 801 millions de dollars, en hausse de 9% sur un an, tirées par les performances sur le marché américain (+17%).

En outre, l'Américain a rehaussé ses estimations de bénéfice par action sur l'année. Le groupe s'attend désormais à dégager un bénéfice net par action, hors charges de restructuration, compris entre 2,32 et 2,40 dollars. D'après l'agence First Call, le marché table, lui, pour l'instant sur 2,36 dollars. Pour le second trimestre, la prévision médiane de Merck est légèrement supérieure à celle attendue par le marché. Le laboratoire l'estime entre 62 et 66 cents, là où les analystes attendaient jusqu'alors 62 cents. Ces prévisions ne tiennent pas compte des provisions pour restructuration que Merck, encore ébranlé par le scandale Vioxx, va passer dans ses comptes tout au long de l'année.

Il s'agit en effet de financer des fermetures de sites et les indemnités de départ des milliers d'employés licenciés. En novembre, Merck avait annoncé la suppression de 7.000 emplois dans le monde, soit 11% de ses effectifs, d'ici à la fin 2008. Dans le cadre de cette restructuration, environ 1.800 postes ont déjà été supprimés au cours du premier trimestre.

Concernant l'anti-inflammatoire Vioxx, le laboratoire a indiqué qu'à la date du 31 mars il se savait visé par environ 11.500 plaintes émanant de quelque 23.350 ex-usagers du médicament, ou leurs ayants droit, se plaignant de ses effets indésirables. Le Vioxx a été retiré du marché en septembre 2004, après la publication d'une étude interne montrant qu'il doublait les risques d'accident cardiaque après au moins 18 mois de traitement. Le 11 avril dernier, les jurés d'un tribunal d'Atlantic City ont condamné au pénal Merck à verser 9 millions de dollars à un plaignant, John McDarby, 77 ans, qui accusait le médicament d'être à l'origine d'un incident cardiaque. Ces mêmes jurés avaient condamné la semaine précédente au civil le groupe pharmaceutique à verser 4,5 millions au plaignant et à son épouse. Le début d'une longue liste d'indemnisations.

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