Les commandes d'Airbus en chute libre au premier semestre

Le constructeur aéronautique a vu ses commandes chuter de 57% sur le premier mois de l'année, alors même que Boeing accumulait les ordres. Alors qu'EADS, la maison mère d'Airbus, tente de sortir de la crise qui affecte ses projets industriels et sa gouvernance, des actionnaires lancent une action collective contre le groupe.

L'avionneur Airbus a annoncé ce matin avoir engrangé 117 commandes au cours du premier semestre 2006, dont 96 monocouloirs et 21 appareils de la famille A330/A340/A350. L'année dernière sur la même période, les commands s'étaient élevées à 276. La chute est donc de 57% sur un an.

Simultanément, toutefois, les livraisons ont augmenté, passant de 189 sur le premier semestre 2005 à 219 cette année.

Le chiffre des commandes s'inscrit en fort contraste avec ceux de Boeing. Car pendant ce temps, le constructeur américain vend! Et le retard pris par l'avionneur européen face à son grand rival se confirme donc. Après trois années en retrait, l'Américain reprend du poil de la bête grâce notamment à deux succès industriels: le B777 et le nouveau B787. Le 5 juillet dernier, la firme de Chicago a en effet publié un solde de 480 commandes d'avions civils sur les six premiers mois de l'année, dont 374 pour son B737, 69 pour des B787, 11 B747, 4 B767 et 22 B777. La firme américaine a livré 195 appareils depuis le début 2006.

Alors qu'Airbus et sa maison mère EADS viennent de traverser une grave crise qui s'est soldée par le départ de deux de leurs dirigeants et l'arrivée de Louis Gallois à la co-présidence d'EADS et de Christian Streiff à la tête d'Airbus, Boeing consolide donc son avance.

Aujourd'hui, EADS et Airbus veulent retrouver la sérénité et combler leur retard sur Boeing en préparant l'avenir. Pour cela, l'objectif numéro un de Christian Streiff, nommé officiellement président d'Airbus vendredi dernier en remplacement de Gustav Humbert, est de résoudre les retards de livraison de l'A380. Aucun exemplaire de ce dernier avion n'a été commandé depuis plusieurs mois.

Par ailleurs, Christian Streiff doit s'atteler au délicat problème du développement de l'A350. Les premiers projets du futur long courrier de la firme toulousaine ayant été jugés trop peu ambitieux par les compagnies aériennes, la copie doit être revue. Devant le coût du projet, et le mauvais départ pris par l'avion, des rumeurs insistantes font penser que l'avionneur pourrait faire table rase et lancer un nouveau programme plus ambitieux et techniquement capable de rivaliser avec le B787. Un A370 a ainsi été plusieurs fois évoqué par des spécialistes, qui attendent du nouveau de ce point de vue au Salon de Farnborough, qui se tiendra du 17 au 21 juillet. Le modèle long-courrier 787 de Boeing, dont l'entrée en service est prévue pour 2008, affiche actuellement un total de 363 commandes, contre une centaine de commandes pour l'A 350 dans sa version initiale.


Les actionnaires lance une action collective aux Pays-Bas contre EADS
Une association française d'actionnaires a annoncé qu'elle se joignait à une action collective contre EADS engagée aux Pays-Bas, où est situé le siège social de la maison mère d'Airbus. Dans un communiqué, maître Frederik-Karel Canoy, président de l'Association des actionnaires actifs (AAA), a déclaré avoir choisi de rejoindre avec un collectif d'avocats une action collective déposée devant le tribunal de grande instance d'Haarlem, "afin que les actionnaires de son association puissent récupérer leurs pertes financières". Selon l'avocat, les actionnaires d'EADS "ont été trompés par la communication financière du groupe EADS" alors que le titre EADS a perdu plus de 26% le 14 juin dernier après l'annonce de nouveaux retards de livraisons du très gros porteur A380. EADS s'est refusé à tout commentaire.

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