L'offre débute aujourd'hui. La fourchette de prix pour l'introduction à la Bourse de Paris de Neuf Cegetel proposée aux investisseurs est de 19 à 22,08 euros par titre. L'opération se déroulera sous la forme d'une offre à prix ouvert (OPO) destinée aux particuliers et un placement global auprès des institutionnels. L'OPO prendra fin le 23 octobre et le placement global le 24 octobre. C'est ce jour-là que sera fixé le prix définitif d'introduction de l'opérateur de télécoms, la cotation démarrant le lendemain, 25 octobre.

Plus de 37 millions d'actions seront mises sur le marché, ce qui représente 18,5% des titres après augmentation de capital. L'introduction en Bourse de Neuf Cegetel devrait permettre de lever environ 761 millions d'euros sur la base du prix médian, y compris une augmentation de capital de 201 millions d'euros. Une option de surallocation est prévue. Elle pourra être exercée jusqu'au 23 novembre au plus tard. Si tout est exercé, la mise sur le marché d'une partie du capital de Neuf Cegetel pourrait représenter une levée de fonds de 847 millions d'euros, on atteindrait alors 20,5% du capital. La plus grosse partie des actions mises sur le marché vient des actionnaires financiers de l'entreprise qui ont décidé de céder tout ou partie de leur participation. Ainsi Suez qui possédait près de 12% de Neuf Cegetel se désengage aujourd'ui de la société.

Un maximum de 1,25 million d'actions sera proposé aux salariés de Neuf Cegetel qui pourront acheter des titres à un prix préférentiel dans une fourchette de 15,20 à 17,67 euros, l'action.

Neuf Cegetel, né en 2005 de la fusion des deux opérateurs alternatifs de téléphonie fixe et d'accès Internet Neuf Télécom et Cegetel, est présent dans la téléphonie fixe, mobile et Internet. Il est valorisé, sur la base du prix médian, à plus de 4,2 milliards d'euros, une valorisation qui se monterait même à 4,5 milliards d'euros sur la base du haut de la fourchette de prix. On est donc dans la moyenne des estimations de valorisation de la société des analystes financiers, qui allaient de 3 à 5,4 milliards d'euros.

Pour Jacques Veyrat, PDG de Neuf Cegetel, cette entrée en Bourse est stratégique, car elle va permettre d'augmenter la visibilité de l'entreprise. Elle se justifie également par un besoin de générer du cash-flow. L'occasion pour l'entreprise, qui a des projets de croissance externe, de se procurer les moyens de ses ambitions. Neuf Cegetel vient d'ailleurs de renforcer ses positions dans l'Internet à haut débit en acquérant le 21 septembre dernier les activités d'accès à Internet d'AOL France, pour 288 millions d'euros. Un rachat qui lui permettra d'atteindre son objectif de 2 millions d'abonnés ADSL fin 2006. Et de renforcer ses positions face à son grand concurrent Free.

Cette introduction en Bourse suscite des interrogations en ce qui concerne la stratégie de SFR, le principal actionnaire de Neuf Cegetel. SFR a significativement renforcé sa position ces derniers mois dans le capital de Neuf Cegetel. Au cours de deux opérations en mai et en août derniers, il est ainsi passé de moins de 30 à plus de 40% du capital. Frank Esser, le PDG de SFR, ne cesse de répéter qu'il ne veut pas aller au delà et qu'il n'est pas dans l'intérêt de son entreprise d'avoir 100% et de racheter Neuf Cegetel. Il affirmait notamment au cours d'une conférence de presse le 4 octobre dernier: "ce n'est pas la clé de notre stratégie d'avoir notre propre réseau fixe, nous voulons juste avoir un accès au réseau de téléphonie fixe de Neuf Cegetel". Et ce alors que les deux sociétés vont être prochainement en concurrence sur l'ADSL, puisque Neuf Cegetel prévoit de lancer son offre l'an prochain. Frank Esser estime que la concurrence serait saine. Il ajoutait: "si nous faisons la bataille de manière séparée, nous allons gagner plus".

Néanmoins, en dépit de ces déclarations, la spéculation fait rage. Certains analystes financiers estiment que SFR est en embuscade et s'apprête à mettre la main sur Neuf Cegetel. L'introduction en Bourse servirait d'ailleurs selon certains experts à évaluer la valeur de la société. Un moyen pour SFR de proposer ensuite le bon prix au groupe Louis Dreyfus, deuxième actionnaire de Neuf Cegetel avec 35% du capital. Pour l'heure, seul mouvement au capital annoncé: pour maintenir sa participation à 40,7% et ne pas être dilué au cours de l'opération boursière, SFR va acheter des titres au groupe Louis Dreyfus dont la part baissera de 35 à 29,6%.