Et si Rick Santorum remportait les primaires républicaines ?

Après ses victoires dans l'Alabama et le Mississippi, l'ancien sénateur de Pennsylvanie commence à sérieusement menacer Mitt Romney dans la course à l'investiture. Son principal obstacle se nomme, encore, Newt Gingrich.
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Depuis le début de la campagne à l'automne 2011, tous les experts et observateurs politiques américains sont unanimes: Mitt Romney sera l'adversaire de Barack Obama pour l'élection présidentielle du 6 novembre. Une victoire rapide et indiscutable lors des primaires républicaines était ainsi annoncée, alors qu'aucun de ses opposants à l'investiture ne parvenait à tenir la distance et à affirmer son statut de présidentiable, capable de battre le candidat sortant. Un sentiment renforcé par les deux premiers succès glanés par l'ancien gouverneur du Massachusetts dans l'Iowa (où le décompte final différera des résultats initialement annoncé, donnant la victoire à Rick Santorum pour quelques voix) et dans le New Hampshire. La suite ne devait alors n'être qu'une simple formalité.

Mais voila. Deux mois et demi plus tard, la course est toujours bel et bien ouverte. Si Mitt Romney possède une bonne longueur d'avance en termes de délégués - qui désigneront officiellement le candidat républicain au cours de la convention du parti, fin à août à Tampa (Floride) -, il ne parvient toujours pas à clore l'affaire. Les nouvelles règles de ces primaires, qui privilégient cette année la proportionnelle dans l'allocation des délégués à la place au traditionnel "winner takes all", expliquent en partie cela. Mais pas seulement.

Résistance héroïque

Mitt Romney a beau faire office de favori depuis le début, c'est un en réalité un favori par défaut. Jamais l'ancien homme d'affaires n'a véritablement été en mesure de rassembler au-delà de ses partisans de la première heure. Son image de seul candidat capable de renverser Barack Obama et la volonté de certains électeurs d'en finir au plus vite avec ces primaires lui ont, parfois, permis de le faire. Mais sans jamais créer un réel mouvement d'adhésion. Il s'est au contraire développé, chez de nombreux sympathisants républicains, un sentiment de rejet, de "tout sauf Romney' qui a successivement porté Michele Bachmann, Rick Perry, Herman Cain, Newt Gingrich puis Rick Santorum en tête des sondages nationaux.

C'est précisément ce dernier qui pose aujourd'hui problème à Mitt Romney. Longtemps sous-estimé par ses adversaires et ignoré par les médias américains, l'ancien sénateur de Pennsylvanie offre depuis le début une résistance presque héroïque face à la machine de son principal rival, bien mieux organisé (Rick Santorum ne figurait pas, par exemple, sur les bulletins en Virginie faute d'avoir accompli les démarches administratives à temps) et disposant de moyens financiers nettement supérieurs. Et le voila maintenant qu'il menace très sérieusement le favori annoncé.

Mardi, Rick Santorum s'est ainsi imposé dans l'Alabama et le Mississippi, confirmant sa domination dans les Etats religieux et conservateurs du sud des Etats-Unis (après avoir remporté la semaine dernière le Tennessee et l'Oklahoma). Mitt Romney n'est arrivé qu'en troisième position, devancé de peu par Newt Gingrich. Il espérait pourtant remporter l'une de ces deux primaires pour, enfin, rassurer sur sa capacité à rassembler les militants en triomphant de l'aile droite du parti qui ne le juge pas suffisamment conservateur. Pari perdu.

Le problème Newt Gingrich

Rick Santorum, c'est le candidat à double casquette. D'un côté, il est le candidat de la droite chrétienne, celui des valeurs familiales et religieuses aux positions souvent excessives et controversées pour l'avortement, la contraception ou l'homosexualité. Cela ravit une grande partie de l'électorat républicain, tout autant que cela lui ôte presque toute chance de remporter un éventuel duel face à Barack Obama - ce qui explique pourquoi les cadres du parti se sont presque tous rangés derrière Mitt Romney. De l'autre côté, Rick Santorum est le candidat de la classe moyenne, des cols bleus, de cette Américaine industrielle oubliée et en souffrance. L'opposé de son rival, le millionnaire qui a fait fortune à Wall Street déconnecté des difficultés quotidienne de la population.

Si ce double discours rencontre son public, Rick Santorum a également un souci (au-delà de son manque d'organisation et de ses ressources financières limitées). Il s'appelle Newt Gingrich. Par détermination ou plus certainement par ego, l'ancien président républicain de la Chambre des représentants n'a toujours pas abandonné la course à l'investiture. Il n'a pourtant remporté que deux Etats depuis le début des primaires: la Géorgie, où il a été parlementaire, pendant 20 ans et l'Etat voisin de Caroline du Sud. Or, son maintien est un coup de pouce pour Mitt Romney en divisant les voix conservatrices entre deux candidats, coûtant des délégués et de potentielles victoires (Ohio, Michigan, Alaska) à Rick Santorum.

"Il est temps pour les conservateurs de se rassembler", a de nouveau lancé Rick Santorum mardi soir. Un appel immédiatement rejeté par Newt Gingrich, qui entend bien se maintenir jusqu'au bout, estimant être l'unique républicain capable de rivaliser avec Barack Obama en novembre. Sa dernière proposition (le gallon d?essence à 2,50 dollars contre près de 4 dollars aujourd'hui) l'a conforté dans cette idée, lui permettant de remonter dans les sondages. Mais à ce petit jeu là, il fait en fait les affaires de Mitt Romney, le "modéré du Massachusetts" comme il aime l?appeler. Et seul un retrait rapide - peut-être dès la semaine prochaine après les votes dans l'Illinois, le Missouri et la Louisiane - pourrait permettre à Rick Santorum de triompher.

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