Ces trois entreprises du Cac40 inconnues du grand public

Parmi l’indice parisien rassemblant les plus grosses entreprises de France se trouvent des noms connus par tous les Français comme Renault, Michelin ou encore L’Oréal. Mais trois entreprises à la capitalisation dépassant 10 milliards de dollars ont pourtant des noms qui ne disent rien à la plupart des tricolores.
Maxime Heuze
Eurofins Scientific a pris la place d'Atos au Cac40 le 17 septembre 2021 après avoir connu un rallye boursier lié à l'augmentation du nombre de test Covid.
Eurofins Scientific a pris la place d'Atos au Cac40 le 17 septembre 2021 après avoir connu un rallye boursier lié à l'augmentation du nombre de test Covid. (Crédits : GONZALO FUENTES)

L'indice parisien rassemble les 40 plus grosses entreprises tricolores cotées en bourse. Des mastodontes valorisés plusieurs dizaines de milliards d'euros qui ne peuvent pas passer inaperçues... Et pourtant trois entreprises ne font que très rarement parler d'elles, quand bien même leur capitalisation est aussi élevée que celles des très connus Bouygues (12,05 milliards d'euros), Renault (12,30 milliards) et Alstom (10,1 milliards).

Téléperformance

La première de ces sociétés peu connues du grand public s'appelle Téléperformance. Avec 15,1 milliards d'euros de capitalisation, il s'agit de la 33e plus grosse entreprise du Cac40 dans lequel elle est entrée le 22 juin 2020 à la place de Sodexo.

Cette société, dirigée par Daniel Julien, s'est développée autour de la gestion de l'expérience client pour le compte d'autres entreprises avec environ 400.000 employés et une activité répartie entre 88 pays. Concrètement, « elle a une activité de centrale d'appel qui représente 88% de son chiffre d'affaires et d'autres activités sur internet comme la modération de contenus », présente Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l'analyse de marché chez eToro.

Ce géant des supports clients est peu connu car « une très faible part de son activité est réalisée France et c'est une société qui exerce pour le compte d'autres entreprises. Quand un client appelle une entreprise, c'est un opérateur de Téléperformance qui lui répond et le client ne le sait pas. De plus, il y a dix ans, sa capitalisation boursière était inférieure à 2 milliards d'euros, à comparer à plus de 15 milliards aujourd'hui », précise Patrick Jousseaume, responsable de la recherche action sur Mid & Small Caps chez Société Générale.

Et pourtant, Téléperformance affiche un beau palmarès. « Cette société a un taux de croissance et bénéfice net à 2 chiffres depuis une quinzaine d'années et une performance de quasiment 25% par an entre 2012 et 2021! », rappelle Antoine Fraysse-Soulier. Et entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021 l'action a même réalisé un rallye de 80% (de 218 euros à 392 euros), boosté par l'épidémie de Covid-19. « Au début de la pandémie on a eu peur que la société se retrouve dans une situation difficile mais elle a su switcher vers le télétravail. De plus, elle a su générer des revenus additionnels avec de bons niveaux de marge en signant des contrats avec des gouvernements pour répondre aux questions des populations sur le Covid-19. Cela lui a permis de connaître une forte accélération de sa croissance organique, qui a dépassé 30% sur certains trimestres en 2021 contre environ 10% habituellement », analyse Patrick Jousseaume.

Depuis la fin 2021 et le quasi-retour à la normal au niveau mondial, la société a cependant perdu une bonne partie de sa valeur pour retomber à 256 euros le 23 février 2023.

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Worldline

Autre grande valeur avec 11,83 milliards d'euros de capitalisation qui se situe en 38e place du Cac40, Worldline ne se tient pourtant que peu sous le feu des projecteurs.

Il s'agit pourtant d'un mastodonte des solutions de paiements digitaux qui a intégré l'indice le 23 mars 2020, à la place de TechnipFMC après avoir racheté son concurrent Ingenico qui a fait subitement grossir sa valorisation. Dans le détail, l'entreprise qui emploie 18.000 salariés et est présente dans 40 pays propose de mettre en lien les internautes qui payent avec leurs cartes bancaires et les sites qui reçoivent des paiements. Il s'agit d'un intermédiaire qui subit la même invisibilisation que Téléperformance en travaillant pour le compte d'autres entreprises sans même que leur nom ne soit connu des clients.

Et pourtant, cette société « a le vent en poupe et elle a profité du boom des paiements dématérialisés et des achats en ligne pendant la période du covid », affirme Antoine Fraysse-Soulier. L'entreprise dirigée par Gilles Grapinet a triplé son résultat opérationnel entre 2018 et 2021 (passant de 205 millions d'euros à 665 millions) et a vu son cours augmenter de 30% en deux ans en passant de 64 euros le 31 janvier 2019 à un pic de 84 euros le 24 juillet 2021. Depuis la période de la crise pandémique, l'action s'est cependant bien dégonflée en retrouvant ses points bas de 2018 autour de 40 euros. « Cela vient du retour au calme sur les transactions dématérialisées, mais aussi de la forte concurrence du secteur avec des acteurs comme Lydia, Pumpkin ou Paypal, ce qui pousse ces entreprises à baisser leurs marges pour rester compétitives », précise l'analyste d'eToro qui estime néanmoins que le secteur reste porteur « puisque de plus en plus de sociétés mettent en place des services de paiements dématérialisés ».

Eurofins Scientific

Enfin, le troisième géant boursier caché dans l'ombre, s'appelle Eurofins Scientific. Cette société qui est la dernière arrivée dans le Cac le 17 septembre 2021 et située à la 35e place de l'indice parisien avec 13,07 milliards d'euros de capitalisation. Eurofins Scientific est un groupe rassemblant des laboratoires d'analyse qui réalise des analyses à partir de prélèvement pour les secteurs de l'alimentaire, la pharmacie et l'environnement. La société dirigée par Gilles Martin et dont le siège se situe au Luxembourg compte 61 000 employés répartis à travers plus de 940 laboratoires dans 59 pays.

Si cette entreprise a été propulsée dans l'indice parisien alors même que son nom ne défraye pas la chronique, c'est grâce à la pandémie du Covid-19. « Cette valeur a cartonné pendant le Covid car elle s'occupe de l'analyse des tests PCR et antigéniques qui ont été très nombreux en 2020 et 2021, cet engouement des investisseurs lui a permis de rejoindre le Cac de manière très rapide », analyse Antoine Fraysse-Soulier. L'action Eurofins Scientific est, en effet, passée de 41 euros le 3 avril 2020 à 125 euros le 10 septembre 2021.

Mais ce qui était son meilleur atout il y a 2 ans s'est finalement transformé en boulet accroché à sa cheville. Depuis son plus haut en septembre 2021, l'action Eurofins a lentement perdu de sa valeur pour afficher un cours autour de 67 euros en février 2023. « L'engouement boursier pour les valeurs Covid de la medtech s'est détérioré, car les investisseurs anticipent des performances et des ventes qui devraient ralentir si la situation revient à la normale », explique Florent Cespedes, analyste action chez Société Générale, spécialiste du secteur pharmaceutique. Problème, la diminution du nombre de test a plombé les résultats de l'entreprise qui a vu son chiffre d'affaires et son résultat opérationnel diminuer de plus de moitié entre le quatrième trimestre 2021 et le premier trimestre 2022 pour tomber respectivement à 1706 millions d'euros et 262 millions d'euros au premier et deuxième trimestres 2022. « Aujourd'hui il est difficile de dire quels pourraient être les relais de croissance d'Eurofins », confie l'analyste de eToro qui n'exclut pas une future sortie du Cac40 pour la dernière société entrée dans l'indice.

Maxime Heuze

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Commentaires 2
à écrit le 24/02/2023 à 10:55
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

à écrit le 24/02/2023 à 9:20
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

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