Malgré des IPO à l'arrêt, les marchés prêts à seconder les banques dans l'effort de financement

Alors que les introductions en Bourse sont quasiment à l'arrêt à cause de la crise sanitaire en cours, le recours aux marchés reste une option pour les entreprises en quête de refinancement.
(Crédits : DR)

Crise du coronavirus oblige, les introductions en Bourse devraient se faire rares cette année, en France comme ailleurs. Mais pour les entreprises en quête de refinancement, le recours aux marchés reste une option de choix.

Après une année 2018 et un début 2019 plutôt décevants en matière d'IPO - concurrence du capital-investissement oblige -, l'horizon semblait pourtant se dégager en septembre, quelques semaines avant la retentissante privatisation de la Française des Jeux.

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À l'échelle mondiale, "nous avons eu un premier trimestre 2020 exceptionnel avec une progression de 89% des montants levés en Bourse" sur un an, quoique surtout grâce à l'Asie et à de grosses opérations chinoises préparées avant la crise du Covid-19, relève auprès de l'AFP Franck Sebag, responsable du département des sociétés en forte croissance chez EY.

Depuis fin février toutefois, "nous avons connu le choc le plus rapide et le plus violent que l'on ait eu sur les marchés financiers dans ces dernières décennies", rappelle Camille Leca, responsable des activités de cotation pour la France chez Euronext, interrogée par l'AFP.

Dans ce contexte hautement incertain, même si les mesures de soutien massives décidées très rapidement par les pouvoirs publics et les banques centrales ont permis un retour des investisseurs dès la mi-mars, les projets d'introductions en Bourse devraient subir un sérieux coup de frein ces prochains mois.

La dernière en date sur le marché français, celle de l'entreprise spécialisée dans les jeux vidéo Nacon, s'est faite début mars et depuis, une vingtaine de sociétés en France ont mis leur projet d'IPO en attente, selon Camille Leca.

"Il n'y a plus d'IPO en France depuis la crise et de façon anecdotique en Europe", constatait début mai le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) Robert Ophèle, lors d'une audition à l'Assemblée nationale. "C'est normal car quand on entre en Bourse, il faut raconter une histoire et aujourd'hui, ce n'est pas très simple de dire de façon fiable où on en est et où on veut aller."

Échapper à la volatilité

Avec l'objectif de lever quelque 2 milliards d'euros, l'IPO du géant néerlandais du café JDE Peet's annoncée mardi devrait ainsi faire figure d'exception, prévient Mme Leca: il s'agira "probablement d'une des plus grosses opérations en Europe et dans le monde cette année alors que tous les marchés, sur la partie primaire, sont en ce moment très calmes".

Une pause qui devrait durer a priori jusqu'en 2021 - d'autant que l'approche de l'élection américaine risque de limiter les initiatives -, même si "nous ne sommes pas à l'abri de bonnes surprises" en fin d'année "si les marchés restent calmes et qu'il n'y a pas de deuxième vague" de contamination par le coronavirus, estime-t-elle.

"Le retour des IPO sera progressif et en premier lieu sur des secteurs soit très résilients soit jugés clés dans le contexte actuel", à l'instar des télécoms ou de la communication numérique, souligne auprès de l'AFP Renaud-Franck Falce, responsable des activités de marchés de capitaux chez BNP Paribas.

Pour autant, comme lors des crises précédentes, "les marchés financiers restent ouverts pour les opérations de renforcement de fonds propres", note Mme Leca.

"Les entreprises, en particulier celles qui ont moins bien vécu la crise, vont [d'abord] utiliser les moyens de financement en dette mis à leur disposition", mais devraient ensuite "utiliser les marchés pour renforcer leurs bilans", ce qui trouve aussi "un écho chez les investisseurs, généralement assez réceptifs" à ces opérations, poursuit-elle.

Certains outils de financement sont particulièrement plébiscités dans les périodes chahutées, comme les obligations convertibles - auxquelles Safran a eu recours - ou des placements privés accélérés.

Ces derniers, limités à un nombre restreint d'investisseurs, sont "des offres qui ont lieu sur une période de temps très courte et se font après la fermeture des marchés, ce qui permet de ne pas être soumis à la volatilité", explique Mme Leca.

Ainsi au Royaume-Uni, "des secteurs fortement impactés par la crise ont pu se tourner avec succès dès la première quinzaine d'avril" vers ce type de financement, constate M. Falce.

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Commentaire 1
à écrit le 22/05/2020 à 9:46
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Notre argent les intéresse, mais bon ça on le savait bien hein, c'est toute l'histoire de la destruction de notre monde.

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