Transition énergétique : le Territoire de Belfort relance un cluster pour répondre à l’urgence climatique

L'écosystème du Nord Franche-Comté compte à lui seul près de 200 entreprises autour de l'énergie. Pour les acteurs économiques, l'enjeu est de réunir autour de la table des grands donneurs d’ordre et des startups du secteur ayant des intérêts communs. Ce qu'ils avaient déjà essayé de faire en 2011 avec le projet de la Vallée de l’énergie. Aujourd'hui, il s'agit de réussir à lui donner un nouveau souffle mais aussi une gouvernance partagée.
(Crédits : Reuters)

« La Vallée de l'énergie est de retour pour s'occuper des intérêts des industriels et de l'ensemble du réseau des acteurs de l'énergie du Territoire de Belfort et du Nord Franche-Comté », assure Alain Daubas, qui a repris la présidence du cluster, en novembre 2021. Pensée en 2011, la Vallée de l'énergie est une initiative publique-privée du département du territoire de Belfort, de la CCI, de General Electrics, d'Alstom Énergie et d'EDF. Plus de dix ans après une première tentative, il s'agit de réussir à fédérer les grands groupes et les petites entreprises. Exit le modèle où les donneurs d'ordre imposent leurs volontés, de manière verticale, promet-on encore.

À ses meilleures années, l'association comptait une soixantaine d'adhérents. Pour l'heure, il n'en reste plus que 34, dont 22 industriels. Pour autant, le nouveau projet ambitieux du cluster a su convaincre les institutionnels qui financent pour près de moitié le budget annuel - qui s'élève à 220.000 euros - tels que le Conseil régional, le Pays de Montbéliard, la CCI du territoire de Belfort, et même le Grand Belfort qui s'était retiré quelques années. L'un des premiers défis du nouveau directeur, Michel Armand, un ancien de Stellantis, sera d'agrandir le cercle pour d'une part, augmenter le budget via les cotisations et d'autre part avoir une représentativité des activités du territoire : « si nous voulons avoir une vraie force de frappe et une vraie diversité, il faut avoir les industriels avec nous », souligne-t-il. Objectif : doubler le nombre d'adhérents en un an.

« Notre vocation est d'être une association à dimension régionale », insiste Alain Daubas. Également cadre de la direction de l'action régionale Bourgogne-Franche-Comté d'EDF, ce dernier incarne une nouvelle dynamique au sein de la Vallée de l'énergie - que vient impulser l'élection du nouveau directeur, en octobre dernier. Le bureau exécutif du cluster regroupe désormais 11 membres en gouvernance partagée.

« Je ne veux pas que la Vallée de l'énergie soit le cluster des grands groupes qui dictent aux petits fournisseurs ce qu'ils doivent faire, mais au contraire que ce soit le cluster de tous », précise-t-il. De nouvelles orientations qui traduisent la volonté de redonner sa place à la Vallée de l'énergie qui était « restée en sommeil depuis quelques années », reconnaît volontiers Alain Daubas.

La manne de l'hydrogène

Le retour de la Vallée de l'énergie s'explique par un alignement des planètes sur cet écosystème : les enjeux de la transition énergétique, les projets locaux qui se multiplient dans le Nord Franche-Comté mais également dans toute la région (Dijon avec la construction d'une station de production d'hydrogène "vert", Auxerre et son projet hydrogène destiné à faire fonctionner ses bus et ses trains d'ici 2023 ; ou encore à Chalon-sur-Saône où la zone industrielle Saône Or se dote de stations multi-énergies, etc...). Sans oublier les soutiens financiers sur l'hydrogène, soutenu en particulier par la Région, mais plus récemment par l'Europe.

Pour rappel, en juillet dernier, une enveloppe globale de 5,4 milliards d'euros avait été accordée par la Commission européenne, dont deux milliards pour la France pour les entreprises œuvrant dans ce secteur. Dans le Nord Franche-Comté, cela représente 500 millions d'euros. Dans le détail, ces subventions pourront atteindre 114 millions d'euros pour Mac Phy (qui fabriquera des électrolyseurs avec 450 créations d'emplois à la clé, à Belfort Fontaine), 213 millions pour Faurecia (spécialisée dans les réservoirs à hydrogène à Bavans) et 247 millions pour Alstom (pour la construction de trains à hydrogène, à Belfort).

L'hydrogène sera une thématique importante de la Vallée de l'énergie, amenant de nouveaux acteurs autour de la table, tout comme le nucléaire, relancé par Emmanuel Macron, le 10 février, lors du discours de Belfort. Par exemple, une première mise en œuvre est déjà inscrite dans le plan d'actions 2023 du cluster : le développement du Lean management dans le secteur du nucléaire par des ingénieurs spécialisés issus de trois entreprises - AE2i Ingénierie, le groupe M-Plus dans le Territoire de Belfort, en collaboration avec l'association Apsiis - adaptée aux interventions dans ce milieu. « Les énergies renouvelables, peu développées, ne doivent toutefois pas non plus être oubliées », souligne Alain Daubas qui a justement dévoilé des intentions pour le territoire d'acteurs de cette industrie. L'ensemble des énergies inscrites dans le Plan Vert de l'Union Européenne sont incluses dans le périmètre d'action de la Vallée de l'énergie : gaz (naturel et biogaz), nucléaire, hydrogène, solaire photovoltaïque, éolien, hydraulique.

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