C'est une mesure qui était attendue dans le secteur des énergies renouvelables. Le gouvernement britannique a annoncé, jeudi 16 novembre, une hausse du prix plafond de l'électricité dans l'éolien en mer (offshore), afin de doper l'attractivité d'un secteur crucial pour la transition énergétique du pays. Pour rappel, l'Angleterre avait subi un échec retentissant en septembre lors de son dernier appel d'offre.
« Le gouvernement a augmenté le prix maximum que les projets éoliens offshore et autres projets d'énergies renouvelables peuvent recevoir » pour l'électricité qu'ils produisent, a annoncé dans un communiqué l'exécutif britannique, dont l'objectif est de doper leur rentabilité, et donc leur attractivité pour les énergéticiens.
Dans le détail, ce prix plafond a été augmenté de 66% pour les projets éoliens offshore et de 52% pour les parcs flottants, avant un nouvel appel d'offres prévu l'an prochain, a précisé l'exécutif. Le gouvernement a aussi augmenté jeudi les prix maximums pour d'autres technologies, dont la géothermie (+32%), le solaire (+30%) ou encore l'énergie marémotrice (+29%).
La hausse du plafond est « une décision judicieuse et le seul moyen de ressusciter l'industrie éolienne offshore en difficulté au Royaume-Uni », a réagi jeudi Doug Parr, un responsable de Greenpeace, dans un communiqué. Même avec ce prix augmenté, « l'éolien offshore restera bien moins cher que le gaz » et constituera « un véritable moyen de réduire les factures » pour les ménages mais aussi « de renforcer notre sécurité énergétique et de réduire les émissions » du pays, a-t-il ajouté.
Un revers difficile
Le dernier appel d'offres du gouvernement britannique s'était donc soldé en septembre par un échec pour l'attribution de nouveaux champs éoliens offshore : aucun dossier pour ce type de projet ne figurait dans les contrats alloués aux énergies renouvelables. Les énergéticiens affirmaient en effet que le prix plafond était insuffisant pour rendre ces projets rentables, avec l'augmentation des coûts induits par le contexte économique mondial.
Un « échec politique humiliant pour le gouvernement, qui avait ignoré les avertissements du secteur selon lesquels l'inflation avait considérablement augmenté les coûts pour les développeurs éoliens offshore », selon Bob Ward, de l'institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l'environnement, à la London School of Economics.
Le groupe suédois d'électricité Vattenfall avait également annoncé dès juillet arrêter le développement d'un projet éolien au large du Royaume-Uni, l'un des plus vastes du pays. Cette annonce, puis l'échec de l'appel d'offres, avaient porté alors un coup aux ambitions britanniques dans les renouvelables, s'ajoutant en outre à une pléthore de nouveaux permis d'exploration pétrolière et gazière, alors que la guerre en Ukraine a remis la sécurité énergétique au cœur des priorités de Londres.
Un secteur chahuté dans toute l'Europe
L'Angleterre n'est cependant pas la seule à subir des difficultés avec l'éolien. Dans la foulée de la guerre en Ukraine, le prix de matériaux utilisés dans ces projets comme l'acier, l'aluminium et le cuivre s'est envolé et renchérit considérablement leur coût. L'éolien se retrouve également plombé par l'envolée des taux d'intérêt qui complique les financements et par les tensions sur l'approvisionnement en composants-clés (nacelles, câbles, turbines...) avec des fabricants chinois en embuscade. Au moment même où le secteur doit investir massivement en Europe pour répondre à la demande attendue et accélérer la transition énergétique.
Dans l'offshore, plusieurs projets, remportés avant l'envolée des coûts, ont été suspendus, comme le Trollvind du norvégien Equinor. Idem pour le suédois Vattenfall et son Norfolk Boreas (1,4 GW) en mer du Nord britannique, quand les déconvenues du danois Orsted dans ses projets américains lui valaient dépréciations et dégringolade boursière.
De son côté, la Chine est encore peu présente dans l'offshore, mais elle a déjà fourni en 2022 le premier parc italien. « L'avenir de notre industrie des technologies décarbonées doit se construire en Europe », avait dès lors averti la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, en promettant mi-septembre des mesures à venir pour l'éolien. L'Europe, pionnière, doit multiplier par dix son rythme actuel de déploiement d'éoliennes en mer pour tenir l'objectif fixé à horizon 2030, a indiqué en octobre la Commission européenne, qui souhaite faciliter encore davantage les procédures d'autorisation et appels d'offres des projets.
Fin 2022, les Vingt-Sept totalisaient 16,3 gigawatts de capacités d'éolien offshore, alors qu'ils se sont engagés à atteindre collectivement 111 GW d'ici la fin de la décennie. Ceci signifie qu'ils devraient donc désormais installer presque 12 GW par an... soit dix fois plus que les 1,2 GW construits l'an dernier, a expliqué l'exécutif européen.
(Avec AFP)
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