Retraite : pourquoi il ne faut pas racheter des trimestres trop tôt

Par Marc Darnault, associé chez Optimaretraite
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Avec d'une part l'augmentation progressive de la durée d'assurance nécessaire pour obtenir le taux plein, et d'autre part la baisse du coût du rachat de trimestres pour les personnes âgées de moins de 61 ans, selon le barème 2011 des versements pour la retraite, la tentation peut être grande de racheter immédiatement des trimestres, même si la retraite est encore loin.

Pourtant, le principal ennemi de cette opération est le temps. En effet, si le coût réel du rachat (en tenant compte de l'économie d'impôt réalisée) se calcule facilement, le gain, lui, dépend des conditions qui seront appliquées lors du départ à la retraite. Autrement dit, l'assuré sait ce qu'il paye, mais il n'est pas certain de ce qu'il aura !
Et les menaces pesant sur le gain issu d'un rachat de trimestres sont nombreuses. En voici un petit aperçu :

- La reconduction de l'accord AGFF : si les conditions liées à cet accord n'étaient pas reconduites après le 30 juin 2011, l'impact d'un rachat serait moins important car il ne porterait plus sur les régimes complémentaires ARRCO et AGIRC.

- L'évolution du système de retraite par répartition : la réforme des retraites 2010 n'est certainement pas la dernière et plus la date de rachat est éloignée de la date de liquidation des droits à la retraite, plus le risque de subir les modifications des textes législatifs ou règlementaires est important. Et il n'est pas certain que le rachat, s'il s'avérait inopérant, soit systématiquement remboursé par l'organisme de retraite concerné.

- Le choix de la date de liquidation des droits à la retraite : le gain issu d'un rachat de trimestres est étroitement lié à la date de départ à la retraite. Par exemple, un rachat de trimestres pour le taux seul, pour un départ à la retraite à l'âge du taux plein (entre 65 ans et 67 ans selon la date de naissance), ne procure aucun gain financier. Et pour ceux qui à 40 ans souhaitent prendre leur retraite le plus tôt possible, ce n'est plus forcément le cas à 59 ans, soit par choix, soit par contrainte (la pension de retraite n'étant pas toujours suffisante pour subvenir aux besoins de la famille).

- La précarité de l'emploi : selon la convention chômage actuelle, les salariés qui sont encore couverts par Pôle emploi après l'âge légal de départ à la retraite peuvent, sous conditions, continuer à percevoir l'allocation chômage jusqu'à ce qu'ils obtiennent le taux plein. Dans ces conditions, racheter des trimestres n'aura pour effet que de raccourcir le temps de versement de l'allocation. Or celle-ci est souvent plus favorable qu'une pension de retraite.

Le rachat de trimestres est le seul placement qui peut être imbattable tout en ne présentant aucun risque pour le souscripteur : il est par exemple tout à fait possible de racheter le 1er mars pour un départ à la retraite au 1er avril. Dans ce cas, il n'y a aucun doute sur les modalités de calcul du gain et donc sur la rentabilité de l'opération.
Racheter au plus prés de la date de liquidation évite ainsi de mauvaises surprises. Toutefois, il est utile de provisionner tôt la contre-valeur des trimestres en capitalisant, par exemple, sur un contrat d'assurance vie, ce montant. Cela permettra notamment de ne pas subir une augmentation future du barème du rachat.

Il est vrai qu'en rachetant les trimestres « au plus tard », il existe un risque de ne pouvoir bénéficier des mêmes conditions de rachat par la suite (le risque maximum pouvant être, par exemple, la disparition du rachat de trimestres). Mais ce risque là est gratuit ...

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