Impôts : quand François Hollande regrette de ne pas avoir réformé la fiscalité locale

Ce 18 décembre au Sénat, l'ex-président de la République était le grand témoin du 25è anniversaire de l'association Régions de France. A l'origine de deux lois réformant le rôle et le périmètre des conseils régionaux, François Hollande s'est laissé aller à quelques confidences.
César Armand
François Hollande a été président de la République de 2012 à 2017.
François Hollande a été président de la République de 2012 à 2017. (Crédits : Reuters)

Le saviez-vous ? L'ancien président de la République François Hollande n'a pas seulement été député-maire de Tulle et président du conseil général de Corrèze, il a aussi été conseiller régional du Limousin. Une fois à l'Elysée, il a fait deux adopter en 2015 deux projets de loi réformant le rôle et le périmètre des conseils régionaux : la loi relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral, suivie de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRé) confortant les conseils régionaux comme moteurs économiques. Officiellement retraité de la vie politique nationale depuis l'élection d'Emmanuel Macron au printemps 2017, l'ancien chef de l'Etat reste toujours écouté par les élus locaux concernés. Huit ans après ces deux textes, François Hollande était en effet, ce 18 décembre au Sénat, le grand témoin du 25ème anniversaire de l'association Régions de France.

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« Nous n'avons jamais été au bout du transfert des moyens »

Comme à son habitude, mi-grave, mi-léger, l'ancien chef d'Etat a disserté sur des régions « qui ont pris confiance en elles-mêmes et ont été capables de monter des projets et de faire entendre leur voix ». « C'est le conseil régional qui est devenue la collectivité territoriale qui met en œuvre les politiques publiques avec une taille et des moyens assurant leur développement », a-t-il ajouté.

« Nous n'avons jamais été jusqu'au bout du transfert des moyens, des ressources et des compétences », a aussitôt concédé, et de manière surprenante, François Hollande. « J'ai sans doute commis les mêmes péchés que mes prédécesseurs et mon successeur avec toujours l'idée que l'Etat doit être le premier et que les régions doivent suivre », a-t-il poursuivi.

Avant de pointer « un Etat central aussi puissant et aussi pauvre en moyens et en ressources, qui crée une insatisfaction qui pèse sur la démocratie. Autant la centralisation constitue un « système efficace » pour les questions régaliennes (police, justice, défense, Ndlr) ; pour autant, « ce qui devient insupportable, c'est d'être entravé dans sa liberté par une tutelle technique, permanente ». « Il faut plus de liberté dans l'application des règles », a exhorté l'ex-locataire de l'Elysée.

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 Pour une réforme de la fiscalité locale afin de sortir de l'ambiguïté

Car ce que demandent les collectivités, c'est « plus d'autonomie ». A Matignon de 2002 à 2005, le Premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, a introduit dans la Constitution le principe d'autonomie financière, mais le Conseil constitutionnel a considéré qu'il était possible de supprimer un impôt, a encore persiflé François Hollande en référence à la fin de la taxe d'habitation actée dès le projet de loi de finances 2018 de l'automne 2017.

« Le problème, c'est de ne plus disposer de ressources propres. Il n'y a pas d'organisation démocratique sans l'autorité d'émettre une dépense et, en contrepartie, de voter une recette. Quand une partie des citoyens ne paient plus d'impôts, il s'opère une distinction entre ces mêmes citoyens et une distance entre les citoyens et les responsables politiques », a enchaîné l'ex-président.

Avocat de transferts d'impôts d'Etat, François Hollande a poussé à une réforme de la fiscalité locale « pour qu'il puisse y avoir des ressources décidées par les élus eux-mêmes »« Sinon, subsiste une ambiguïté : plus personne ne sait qui paie et où va l'impôt », a-t-il exposé.

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Un « regret » face à une situation « archaïque »et « injuste »

Il s'agit même de « l'un de [ses] regrets » « nous avons laissé notre fiscalité locale dans un état archaïque et injuste. Il a été commode ensuite d'en supprimer un certain nombre d'éléments (taxe d'habitation, CVAE... Ndlr), mais il y a sûrement une refonte générale qu'aucun gouvernement n'a menée car il y a des transferts de prélèvements qui sont extrêmement préjudiciables pour ceux qui en décident ».

Et d'asséner encore : « Qu'il n'y ait pas eu d'impôt sur le revenu additionnel et qu'il n'y ait jamais eu d'impôt économique pour les collectivités locales, quand vous ne disposez plus de la possibilité de lever l'impôt sur tous les citoyens et quand vous n'avez même plus intérêt à accueillir des habitants ou des installations économiques sur votre territoire, ça pose quand même un problème. La grande réforme à faire, c'est celle de la fiscalité locale ».

« Il faut réintéresser les élus à construire, à accueillir une population et à avoir toutes sortes de zones d'activité. Il faut les rendre bâtisseurs, investisseurs et innovateurs », a encore lâché l'ancien chef de l'Etat.

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 Deux options sur la table

Le même a admis « ne pas avoir été très généreux » sur la dotation globale de fonctionnement (DGF), principale subvention de l'Etat à destination des collectivités territoriales, « même si nous avons veillé qu'elle puisse être d'une certaine manière mieux péréquée », s'est-il ensuite défendu. « En France, le système mixte, à base de dotations, de compensations et d'impôts, est illisible », a-t-il encore fustigé.

Pour en sortir, François Hollande a posé deux options sur la table : soit un système à l'allemande où il n'y a que des dotations et où il n'y a plus de fiscalité du tout, « supposé être le système de la confiance réciproque », soit un système où les élus locaux décident des dépenses et des recettes nécessaires. Il serait « nécessaire » de choisir l'une des deux options et de « s'y tenir », a-t-il martelé.

« Les Français ne comprennent plus rien au système de prélèvements », a affirmé, sans détour, l'ex-locataire de l'Elysée.

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 La « chance » des présidents de région

Aux questions « Quelles compétences envoyer aux régions ? »« Quelle différenciation l'Etat est-il prêt à accepter ? » et « Quelles recettes ? », sa religion est faite : « sur la base de ces clarifications, c'est aux élus de pouvoir mettre en œuvre ».

Car là réside « la chance » des présidents de conseil régional : leur mandat dure sept ans, jusqu'en 2028. « Profitez du temps, vous avez tout l'avenir devant vous », s'est encore exclamé François Hollande.

Il en sait quelque chose : lui-même pressé par la gauche du Parti socialiste, victorieuse à une primaire interne, et la percée politique de son ministre de l'Economie, un certain Emmanuel Macron, il avait dû renoncer, dès décembre 2016, à se représenter à l'élection présidentielle...

César Armand
Commentaires 16
à écrit le 19/12/2023 à 17:23
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Bonjour, MDR Mr haullande avez tous les pouvoir lors de sont mandats, exécutif et législatives, et ils n'as rien fait... A part se ridiculiser lors de sont mandats et faire de la mobilette... Honte a cette homme, honte au socialiste, honte au part...

à écrit le 19/12/2023 à 16:20
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Les collectivités locales sont bourrées d'incompétents, qui par exemple distribuent des permis de construire dans des zones inondables depuis des dizaines d'années, et qui dilapident l'argent public dans le but de justifier de leur action (constructi...

à écrit le 19/12/2023 à 12:36
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La fiscalité locale, après la suppression de la TH , est supportée uniquement par les propriétaires. Les collectivités locales manquent d'argent et taxe tout ce qui se présente, ils trouvent normal de faire payer une TH aux résidents secondaires (q...

le 19/12/2023 à 14:14
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Il est quand meme assez sain de taxer plus les residences secondaires que principales a moins de vouloir un pays ou une partie vit dans la rue alors que l autre possede X logements qui sont vide les 3/4 du temps. PS: les residences secondaires cou...

à écrit le 19/12/2023 à 11:55
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La vraie souci vient du chamboule tout permanent un pays comme la France c'est comme un supertanker il faut être souple sur le manche. Les politiques publiques veulent décentraliser alors il faut le faire à 100% et supprimer les postes à Paris et ...

le 19/12/2023 à 16:04
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Il "faut être souple sur le manche" .... et le manier "à 100%"? En même temps?

à écrit le 19/12/2023 à 9:26
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Tout était fait pour décentraliser les responsabilités et centraliser les moyens financiers, à l'image de la coalition bruxelloise, pour déposséder le peuple de sa souveraineté et donc, la disparition de la nation !

à écrit le 19/12/2023 à 2:12
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La honte de la France. On peut ne pas aimer Macron. Le problème de Hollande est que l’on en avait honte. Il aurait pu réformer, mais le scooter, et tout le reste… Il nous faisait honte. On n’avait qu’un seule souhait, c’était qu’il disparaisse. Aujou...

le 19/12/2023 à 12:14
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Et n'oublions pas non plus la nomination au poste de ministre de son ex Royale. Donc pas de discussion sur son integrite et son sens de l'honneur vers les citoyens.

le 19/12/2023 à 16:21
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Certes. Mais la Royale avait tout de même fait 47% à la présidentielle. Cela lui aurait probablement valu le poste de premier ministre...si elle n'avait pas été l'ex du président! De toute façon, toute la société marche comme cela, c'est la connivenc...

le 19/12/2023 à 18:45
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Oui, mais comment est-il possible que cette personne donne lecon aux enfants? Quel conseil scolaire aveugle a autorise cela?

à écrit le 18/12/2023 à 23:33
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Mais, comme tout homme politique (ou d'Etat) français, il a adoré l'impôt. Il n'y a finalement que deux Enarques à avoir réduit l'impôt: Fabius et Macron.

à écrit le 18/12/2023 à 23:07
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Allons, allons, un Président ne devrait pas dire ça... C'est trop tard ! Il fallait y penser avant

à écrit le 18/12/2023 à 20:26
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Il pose pour une fois les bonnes questions qui sont simples et élementaires. Après ce n'est pas trop difficile de trouver les bonnes réponses... Mais pourquoi il n'a pas fait ce diagnostic en 2012? C'est la base d'un état qui fonctionne dans toutes ...

le 19/12/2023 à 18:28
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ETTAS GASPI TROTS DE FONCTIONNAIRE SA COUTE CHER LEUR BARATINS EXEMPLE FAIRE UNE DEVIATION IL LEUR FAUT 30 ANS

le 19/12/2023 à 18:29
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ETTAS GASPI TROTS DE FONCTIONNAIRE SA COUTE CHER LEUR BARATINS EXEMPLE FAIRE UNE DEVIATION IL LEUR FAUT 30 ANS

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