La planification écologique va « protéger le pouvoir d'achat », assure Élisabeth Borne

Après les chefs des partis politiques, Élisabeth Borne a détaillé au Conseil national de la refondation la répartition des 10 milliards d'euros supplémentaires engagés dans la transition écologique. La question de l'articulation entre écologie et pouvoir d'achat s’est invitée dans ces réunions. La Première ministre y a répondu en affirmant que pour « protéger le pouvoir d'achat, (...) cela passe par la planification écologique ».
Sur ces 10 milliards d’euros prévus en plus, sept seront dépensés en 2024. Selon le centre de réflexion I4CE, le budget 2023 comprenait environ 28 milliards d'euros de dépenses pour la planification écologique.
Sur ces 10 milliards d’euros prévus en plus, sept seront dépensés en 2024. Selon le centre de réflexion I4CE, le budget 2023 comprenait environ 28 milliards d'euros de dépenses pour la planification écologique. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Devant les acteurs du Conseil national de la refondation (CNR) et accompagnée de cinq ministres, Élisabeth Borne a dévoilé, ce mardi 19 septembre, la répartition des 10 milliards d'euros supplémentaires que le gouvernement compte engager dans la transition écologique. Cette feuille de route doit permettre d'atteindre les objectifs de la France en termes de réduction des émissions des gaz à effet de serre d'ici à 2030. Elle est même cruciale pour « protéger le pouvoir d'achat des Français », prétend la Première ministre.

« Certains craignent que la transition écologique soit synonyme de baisse de pouvoir d'achat. C'est au contraire l'absence de transition qui y conduirait, car nous serions éternellement soumis à des chocs sur les prix et donc sur le pouvoir d'achat », a affirmé Élisabeth Borne.

XXXX

« Protéger le pouvoir d'achat, cela passe donc par la sortie des énergies fossiles, la rénovation des logements, les relocalisations. Cela passe par la maîtrise des coûts de l'électricité (...). En un mot, cela passe par la planification écologique », a asséné la locataire de Matignon, face aux représentants d'organisations patronales, syndicales, de chambres consulaires, d'associations environnementales et de lutte contre la pauvreté.

Lire aussiEn 2022, la hausse des salaires dans le privé n'a pas empêché une baisse du pouvoir d'achat par tête

À l'issue de cette réunion, Noam Leandri, président du collectif Alerte qui rassemble 34 associations de lutte contre la pauvreté, a souligné que « les ménages les plus modestes (...) sont ceux qui polluent le moins, mais qui sont les plus impactés par la pollution » et qui « sont les moins armés pour faire face à cette transition ». Il réclame des mesures « beaucoup plus concrètes » en leur faveur.

Les représentants des collectivités, eux, ont demandé des « moyens adaptés » à cette transition, a rapporté pour l'Association des maires ruraux, Yvan Lubraneskin, tandis que pour l'U2P (Union des entreprises de proximité), Michel Picon a réclamé du « temps » pour s'adapter.

10 milliards dispatchés entre tous les secteurs

Sur ces 10 milliards d'euros supplémentaires, 7 milliards d'euros seront dépensés en 2024. Selon le centre de réflexion I4CE, le budget 2023 comprenait environ 28 milliards d'euros de dépenses pour la planification écologique.

Dans le détail, la plus grosse enveloppe sera destinée à l'agriculture et à la biodiversité avec 2,3 milliards d'euros dédiés, dont 500 millions pour le plan eau. Le secteur du bâtiment bénéficiera d'une somme équivalente (2,2 milliards d'euros), dont la plus grande partie (1,6 milliard) consacrée à la rénovation énergétique des logements et le reste celle des bâtiments de l'État.

Les secteurs de l'énergie et de l'industrie profiteront chacun de 1,8 milliard d'euros, dont 700 millions de soutien à l'hydrogène, les transports de 1,6 milliard à destination principalement des infrastructures ferroviaires, fluviales et maritimes et, enfin, les collectivités de 800 millions d'euros.

Le pouvoir d'achat s'invite au cœur des débats

Avant ce rendez-vous avec le CNR, Élisabeth Borne a présenté cette feuille de route ce lundi à Matignon aux chefs des partis politiques - seule la France insoumise n'a pas répondu présente. La question de l'articulation entre écologie et pouvoir d'achat s'est invitée dans la réunion, plusieurs chefs de partis ayant par exemple appelé à « une régulation très forte » du prix de l'électricité, selon Matignon.

Lire aussiPlanification écologique : Elisabeth Borne présente sa « feuille de route »

« Une guerre contre le climat, ça suppose une économie de guerre et on en est très, très loin », a déclaré le patron du Parti socialiste Olivier Faure. Le chef du Parti communiste Fabien Roussel était lui arrivé « sans illusions », désireux surtout de « faire baisser la facture » d'électricité et de gaz. Pour la droite, Éric Ciotti a tiré un « bilan en demi-teinte » de cette planification, sans « perspective très claire sur les moyens d'y parvenir et de (la) financer ». Il réclame une conférence « sur les prix de l'énergie » et une baisse des taxes sur le gaz et l'électricité plutôt qu'une vente à perte, « placebo sur une jambe de bois » à ses yeux.

Selon Matignon, « tous » les partis présents à la réunion de lundi « s'accordent à dire que la réussite de cette transition repose notamment sur l'électricité décarbonée et qu'elle doit l'être à un prix compétitif », avec « un appel d'un grand nombre de participants à ce qu'on ait une régulation très forte » de son prix.

Avec ces deux réunions, le gouvernement a en tout cas ouvert une « séquence » d'une dizaine de jours sur le sujet de la planification écologique. Une prise de parole d'Emmanuel Macron à ce propos est attendue lundi prochain, avant la présentation, le 27 septembre en Conseil des ministres, du projet de budget pour 2024.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 20/09/2023 à 13:18
Signaler
La camarade Borne maîtrise parfaitement le discours "variantiel" : si on ne le fait pas maintenant, cela nous coûtera plus cher plus tard. De là à laisser entendre que cette transition énergo-écologique est une chance pour le citoyen en quête de pouv...

à écrit le 19/09/2023 à 19:56
Signaler
Peut on vraiment croire qu'handicaper l'autoproduction peut être un moyen de créer du pouvoir d'achat ? ;-)

à écrit le 19/09/2023 à 18:07
Signaler
A-t-on jamais vu un gouvernement (français) capable protéger le quidam de quoi que ce soit?

à écrit le 19/09/2023 à 17:53
Signaler
Veilliez-vous tout de même à ne pas trop dépasser les bornes, car en politique et en économie le poids des mots a du sens. La Première ministre a affirmé que pour "protéger le pouvoir d'achat, (...) cela passe par la planification écologique". Bon, a...

à écrit le 19/09/2023 à 17:43
Signaler
MENTEUSE, tout le monde sait que ca va couter très cher, ça va rien rapporter et ça n'aura que des effets marginaux sur le climat, kes résultats commencent à tomber aussi bien au niveau voiture qu'au niveau bâtiment

le 19/09/2023 à 19:09
Signaler
"les résultats commencent à tomber" et ils disent quoi, les "résultats" ? Avec 1% de wattures, vous concluez quoi comme amélioration de l'air des villes (& des campagnes) ? Mieux isoler votre bien permettra de voir votre consommation en kWh baisser ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.