[article publié le 4 mai 2020 à 18h37, mis à jour le 6 mai 2020 à 11h01 avec l'annonce de la ville de Neuilly-sur-Seine]
Quel gabarit sanitaire pour quel cadre juridique ? Comment réduire le nombre de voies sur les artères urbaines ? Elargir les aménagements cyclables existants ? Agir sur les emplacements de stationnement motorisé ? Autoriser les cyclistes dans les couloirs de bus ? Garantir un faible trafic motorisé en modifiant le plan de circulation ? Modérer la vitesse ?
Au lendemain de l'annonce d'Anne Hidalgo à l'AFP de créer un "axe uniquement dédié au vélo" d'Est en Ouest de Paris à Neuilly-sur-Seine, le centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), établissement public sous la double tutelle du ministère de la Transition écologique et solidaire et du ministère de la Cohésion des Territoires, vient de publier ce 4 mai un "guide express" intitulé "Aménagements cyclables provisoires: tester pour aménager durablement".
Des artères 2 fois 2 voies, 2 fois 1 voie, avec ou sans terre plein-central
Il y est question d'artères deux fois deux voies avec ou sans terre-plein central, deux fois une voie avec bandes cyclables larges équipées de balises d'alignement, de deux fois une voie avec terre-plein central et bandes cyclables larges équipées de balises d'alignement... Mais aussi de deux fois une voie et stationnement longitudinal ou encore de deux fois une voie et bandes cyclables protégées par des balises d'alignement.
"C'est dans nos métiers de fabriquer ce genre de guides", explique à La Tribune son directeur général Pascal Berteaud. "L'idée est d'aider à réaliser quelque chose qui soit faisable facilement, économique et rapidement. Si la collectivité attend six mois, les gens auront repris leurs habitudes."
Couvrir les aller-retours
"Ainsi, on pourra circuler d'est en ouest à vélo (de la porte de Vincennes à la porte Maillot en passant par Bastille, rue de Rivoli, la place de la Concorde et les Champs-Elysées). L'avenue Foch pourrait être aménagée et on filerait ensuite en obliquant jusqu'à la porte Maillot", a précisé la maire de Paris, qui a également évoqué l'aménagement de parkings relais aux portes de Paris et reliés au réseau cyclable. "Nous travaillons avec le maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts de Seine), Jean-Christophe Fromantin, pour qu'il puisse y avoir aussi un prolongement vélo jusqu'à La Défense", ajoutait-elle.
Dans un communiqué envoyé à la presse ce 6 mai, le maire de Neuilly "se réjouit des initiatives communes prises avec Anne Hidalgo, Georges Siffredi, Valérie Pécresse et les services de l'Etat pour faire cette première expérience" et se félicite de la décision de la Direction des Routes d'Ile-de-France de dédier, "même temporairement", une file du Pont de Neuilly, aux vélos, la qualifiant d'"avancée très significative".
"La perspective d'ouvrir l'axe majeur aux circulations douces, du cœur de Paris à La Défense, a été initiée en 2011 par la ville de Neuilly, à l'origine de ce projet", rappelle Jean-Christophe Fromantin. "Cette impulsion a été la base de nombreuses décisions comme la suppression du rond-point de la Porte-Maillot, le déclassement de l'avenue Charles de Gaulle ou, plus récemment, le projet de requalification de l'axe Tuileries- Etoile."
"Toute la question est d'arriver à l'échelle, c'est-à-dire couvrir les 15 km aller-retour entre le chez-soi et le travail, en passant par les parkings-relais", confirme le DG du Cerema. Dans le même temps, d'aucuns, à l'image du maire (LR) du Ier arrondissement de Paris, redoutent un déplacement de la pollution. "Si, aux endroits réservés, la pollution diminue, il peut en effet y avoir un report voire une aggravation des émissions sur d'autres axes, comme cela avait été constaté avec la fermeture des voies sur berges", relève Pascal Berteaud.
"Maillage" en cours avec les voisins de la capitale
Anne Hidalgo souhaite également "doubler en surface" les lignes 1, 4 et 13 du métro par des pistes cyclables, "à condition de laisser une place suffisante aux vélos", prévient le DG du Cerema. "En cas d'espaces étriqués, les voies ne seront pas utilisées..."
De même que la maire de Paris dit travailler à "un maillage" avec les axes mis en place par les voisins de la capitale - les routes dépendent en effet soit des communes, soit des départements, soit de l'Etat.
"L'organisation actuel des pouvoirs est un sujet, mais s'il est possible de créer des couloirs de bus, pourquoi serait-ce impossible pour le vélo ? La réflexion doit se faire à l'échelle de l'intercommunalité" poursuit Pascal Berteaud. "Tout est le monde est motivé. C'est plus facile maintenant, en sortie de confinement, qu'hier ou demain, en situation normale. C'est dans ces moments que ce genre de situations peut être cranté."
Le Val-de-Marne vient de lancer des travaux
Simultanément ou presque, la ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé un plan global de 20 millions d'euros pour financer des places de stationnement temporaire et des formations, ainsi que pour accélérer l'instauration du forfait mobilités durables dans le secteur privé (jusqu'à 400 euros) impulsé lors d'un plan gouvernemental de septembre... 2018.
"Nous voulons que cette période fasse franchir une étape dans la culture vélo et que la bicyclette soit la petite reine du déconfinement, en quelque sorte", avait déclaré au Parisien le 30 avril Elisabeth Borne.
En cela, Paris rejoint les métropoles de Grenoble, Montpellier, Lyon, Lille, Nice, Rennes, Rouen... qui y travaillent depuis le début du confinement. Ce lundi 4 mai, c'est le conseil départemental du Val-de-Marne (94) qui communiqué sur le début de travaux le long des lignes du RER A, des métros 1 et 7 et de la ligne de bus TVM, pour une mise en service le... 11 mai.
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