Le groupe des BRICS va s'ouvrir à de nouveaux Etats pour peser sur l'ordre mondial

Ce mercredi 23 août, les dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunis jusqu’à jeudi pour un sommet à Johannesburg, se sont tous déclarés favorables à un élargissement du groupe. Alors que l’Inde avait émis certaines réserves, le projet fait désormais l’unanimité. Le mystère plane toujours sur le nom des pays favoris et les conditions d’adhésion. Les équilibres géopolitiques mondiaux pourraient être redéfinis avec l’arrivée de nouveaux membres.
Au sommet des BRICS, les pays émergents sont ouverts à une expansion du bloc.
Au sommet des BRICS, les pays émergents sont ouverts à une expansion du bloc. (Crédits : JAMES OATWAY)

L'ouverture du bloc fait (enfin) l'unanimité au sein des BRICS. Les dirigeants des cinq pays membres du groupe (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont déclaré ce mercredi 23 août soutenir unanimement le projet d'un élargissement du bloc. Les BRICS, qui produisent un quart de la richesse mondiale et rassemblent 42% de la population du globe, souhaitent étendre leur influence. Mais le choix des pays entrants et les conditions doivent encore être discutés.

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« Nous sommes sur le point d'élargir la famille des BRICS », a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa. « Tous les membres » soutiennent « pleinement » la proposition, s'est-il félicité avant une réunion avec ses homologues qu'il accueille jusqu'à jeudi à Johannesburg.

La Russie a par ailleurs annoncé organiser le sommet des BRICS l'an prochain.

L'Inde apporte finalement son soutien

L'Inde avait jusqu'à présent émis certaines réserves. Le pays le plus peuplé du monde (plus d'1,4 milliard d'habitants) se méfie des ambitions de son rival régional chinois et ne s'était pas exprimé sur une possible expansion à l'ouverture du sommet mardi. L'Inde a finalement affiché son soutien au projet d'élargissement des BRICS, sous condition d'un accord sur les modalités.

« L'Inde soutient pleinement l'élargissement de la composition des BRICS et se réjouit d'avancer vers un consensus », a déclaré le Premier ministre du pays Narendra Modi.

De son côté, le président sud-africain Cyril Ramaphosa s'est dit « heureux d'apprendre le soutien de l'Inde », ajoutant « espérer trouver une solution claire » à la question du choix des candidats et les conditions de leur entrée. En, effet, le processus de décision au sein des BRICS nécessite l'accord de la totalité des membres.

Les nouveaux membres restent inconnus

Or, le processus d'ouverture du bloc reste encore mystérieux. Aucune précision n'a été donnée à ce stade pour savoir si le bloc choisira de nouveaux membres avant la fin du sommet le 24 août ou si l'enjeu est limité à poser les bases d'une extension. Pretoria, capitale d'Afrique du Sud et hôte du sommet, doit en tout cas présenter une liste de « directives » pour l'entrée de nouvelles nations dans le groupe.

Une quarantaine de pays répartis à travers le globe ont évoqué un projet d'adhésion au bloc. Certains ont demandé de manière directe à rejoindre le groupe des BRICS, comme l'Algérie, l'Arabie saoudite, l'Argentine, le Bangladesh, Cuba, l'Égypte, ou encore l'Éthiopie, l'Iran et le Vietnam. D'autres, à l'instar du Mexique, du Pakistan et de la Turquie, ont manifesté leur intérêt.

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Une ambition économique

De son côté, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, plaide pour une intégration de l'Argentine en difficulté pour le remboursement d'une dette de 44 milliards de dollars au FMI. Le chef d'Etat brésilien s'est engagé à « réduire les vulnérabilités » des pays du Sud grâce à « nos (ceux des BRICS) propres systèmes financiers ».

Les BRICS ont créé en 2015 une Nouvelle banque de développement (NDB) avec l'ambition de proposer un choix autre que la Banque mondiale et le FMI. Celle-ci a investi 30 milliards de dollars dans des projets d'infrastructure et de développement durable dans les États membres et les économies en développement.

Rebattre les cartes de l'ordre mondial

Les BRICS, des pays géographiquement éloignés et aux croissances économiques inégales, partagent la revendication d'un équilibre mondial plus inclusif, en particulier au regard de l'influence des Etats-Unis et de l'Union européenne. Depuis la création du groupe, les BRICS ont pris la position de défenseur du « Sud global ».

« Les BRICS doivent œuvrer en faveur du multilatéralisme et ne pas créer de petits blocs. Nous devons intégrer davantage de pays dans la famille des BRICS », a déclaré le président chinois Xi Jinping qui s'est rendu à Johannesburg.

« Nous défendons tous un ordre mondial multipolaire », a souligné pour sa part Vladimir Poutine, qui participe au sommet par visioconférence.

Les cinq pays du groupe ont réaffirmé leur position « non-alignée » et leur revendication d'un monde multipolaire, à un moment où les divisions ont été accentuées par le conflit en Ukraine.

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Un bouleversement des équilibres géopolitiques ?

Les Etats-Unis ont affirmé mardi 22 août ne pas voir dans les BRICS de futurs « rivaux géopolitiques ». Washington a déclaré avoir l'intention de maintenir de « solides relations » avec le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud, tout en continuant à « gérer » ses relations avec la Chine et s'opposer à l'invasion russe.

Pourtant, l'arrivée de nouveaux entrants pourrait perturber les équilibres géopolitiques actuels, selon les observateurs. Parmi les pays en lice pour rejoindre les BRICS, certains sont ouvertement hostiles aux États-Unis et à leurs alliés, comme l'Iran et le Venezuela.

« Si l'Iran est ajouté aux BRICS, cela changera évidemment la portée politique du groupe de manière significative », tout comme dans le cas d'une adhésion de l'Arabie Saoudite, estime Cobus Van Staden, chercheur sud-africain spécialiste des relations Chine-Afrique.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 24/08/2023 à 2:29
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Etonnant tous ces gens qui refusent la realite. Elle s'imposera de gre ou de force suivant l'expression. Le pib du G20 est inferieur de plus de 20% face aux actuels Brics et on continue de regarder ailleurs ? Le mur approche.

à écrit le 23/08/2023 à 23:05
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L'Inde et la Chine sont ennemies et la Russie, qui arme l'une et l'autre (en quelle quantité d'ailleurs au regard de son "effort de guerre" actuel?), s'enfonce lentement mais sûrement, tout en voulant une place de leader. Chacun veut changer l'ordre ...

à écrit le 23/08/2023 à 18:53
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Brics, ce mot me fait toujours penser au "machin" de De Gaulle à propos de l'Onu. Un truc sympa mais qui n'a aucun pouvoir du fait en autre du Droit de veto des 5 principales puissances.

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