Pour Bruxelles, la guerre en Ukraine est en train de « fissurer » le pouvoir russe (Borrell)

La mutinerie avortée de Wagner montre que la guerre en Ukraine est en train de « faire craquer » le pouvoir russe, estime le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell. Si un retour à la normale forcé a lieu en Russie ce lundi, le coup de tonnerre de ce week-end a profondément mis au jour les failles au cœur même de l’Etat russe, selon les Occidentaux.
Cette crise représente le plus grand défi auquel Vladimir Poutine a été confronté depuis son arrivée au pouvoir en 1999.
Cette crise représente le plus grand défi auquel Vladimir Poutine a été confronté depuis son arrivée au pouvoir en 1999. (Crédits : POOL)

« Le monstre Wagner créé par (le président russe Vladimir) Poutine est en train de mordre son créateur », a commenté Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE, avant une réunion des ministres européens des Affaires étrangères au Luxembourg. Bien que le coup de force ait pris fin aussi soudainement qu'il a débuté, cette crise représente le plus grand défi auquel Vladimir Poutine a été confronté depuis son arrivée au pouvoir en 1999.

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« Ce qui s'est passé au cours de ce week-end montre que la guerre contre l'Ukraine est en train de fissurer le pouvoir russe et affecte son système politique », a estimé le chef de la diplomatie de l'UE.

Si la Russie s'efforce lundi d'afficher un retour à la normale avec la levée des mesures de sécurité draconiennes instaurées pendant le soulèvement du groupe paramilitaire Wagner, cette crise sans précédent révèle pour les Occidentaux la fragilité du régime de Vladimir Poutine.

Phase d'instabilité

« Ce n'est certainement pas une bonne chose qu'une puissance nucléaire comme la Russie puisse entrer dans une phase d'instabilité. C'est aussi quelque chose qu'il faut prendre en compte », a averti Josep Borell ce lundi.

En lançant sa mutinerie ce week-end, le chef de Wagner avait promis de « libérer le peuple russe », ciblant notamment ses deux ennemis jurés, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d'état-major Valéri Guérassimov, qu'il accuse d'avoir sacrifié des milliers d'hommes en Ukraine.

Si Valéri Guérassimov n'est pas apparu en public depuis la crise, les images de Sergueï Choïgou en visite auprès des troupes en Ukraine diffusées lundi par la télévision russe semblaient destinées à donner l'impression qu'il est aux commandes. De son côté, le président Vladimir Poutine n'est pas non plus réapparu en public depuis une allocution télévisée samedi où il a accusé Prigojine d'avoir donné un « coup de poignard dans le dos » de la Russie en lançant sa révolte.

Inquiétudes

Cette phase d'instabilité ne manque pas d'inquiéter les dirigeants européens, ayant réagi rapidement à la suite de cet événement.

« La Russie est (...) l'une des deux plus grandes puissances nucléaires de la planète. Nous ne pouvons pas rester indifférents à ce qui se passe là-bas. Et cela doit nous faire tous réfléchir », a abondé le chef de la diplomatie autrichienne, Alexander Schallenberg.

Pour Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères française, « ces événements posent beaucoup de questions et nous devons rester prudents. Il y a beaucoup de zones d'ombre. Mais ils montrent des fissures, des fractures, des failles au sein du système russe ».

« Il s'agit d'une affaire interne à la Russie », mais « nous la suivons bien sûr de très près (...), car ce qui se passe en Russie aura apparemment un impact sur les conditions de sécurité », a également réagi son homologue suédois Tobias Billstrom.

Soutenir l'Ukraine

La « chose la plus importante » reste de soutenir l'Ukraine pour qu'elle regagne des territoires, a toutefois insisté le ministre suédois. « Ce qui se passe en Russie démontre qu'il est plus important que jamais de soutenir l'Ukraine », a également confirmé Josep Borrell.

En Ukraine, justement, de nombreux analystes estiment que la crise en Russie pourrait affaiblir les forces russes sur le terrain et profiter à celles de Kiev, qui mènent depuis plusieurs semaines une difficile contre-offensive. Lundi, la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar a annoncé que l'armée ukrainienne avait enregistré des gains modestes en grignotant 17 km de terrain supplémentaire face aux forces de Moscou, soit 130 km2 depuis début juin.

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE doivent confirmer lundi leur accord pour une nouvelle dotation de 3,5 milliards d'euros pour la Facilité européenne pour la paix (FEP) utilisée pour financer leurs fournitures d'armes à l'Ukraine et les missions militaires à l'étranger. La Facilité est abondée par les contributions des Etats membres et 66% de ses financements sont abondés par l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne.

Retour à la normale ?

Quelques jours après le début de la mutinerie, les autorités ont annoncé la levée du « régime d'opération antiterroriste ». Celui-ci confère des pouvoirs élargis aux forces de sécurité, dans la région de Moscou et de Voronej, au sud de la capitale. C'est dans cette région que des unités de Wagner étaient entrées, des échanges de tirs avaient même eu lieu.

Une mesure prise face à « l'absence de menaces pour la vie » des habitants, a précisé le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, en remerciant les Moscovites pour « leur calme et leur compréhension ».

Evgueni Prigojine, milliardaire autrefois allié de Vladimir Poutine, a mis fin à sa rébellion samedi soir, en échange d'une immunité pour lui et ses hommes après une médiation du président bélarusse, Alexandre Loukachenko. Depuis, plus de nouvelles de lui, alors que selon le Kremlin, le patron de Wagner doit s'exiler au Bélarus, ce que l'intéressé n'a pas confirmé.

L'incertitude est totale aussi sur le lieu où se trouvent les 25.000 hommes dont Prigojine disait disposer : dans leurs camps en Ukraine ? Ou dans des bases en Russie ? Malgré l'apparente normalité affichée lundi par les autorités, la spectaculaire équipée de rebelles de Wagner entre vendredi soir et samedi soir a choqué en Russie.

Pendant 24 heures, les forces de Prigojine se sont emparées de plusieurs sites militaires dans la ville stratégique de Rostov (sud-ouest) et ont parcouru 600 km en direction de Moscou, en rencontrant visiblement peu de résistance. A Rostov, ses hommes ont même été acclamés alors qu'ils partaient du QG militaire pour la guerre en Ukraine qu'ils avaient réussi à prendre.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 27/06/2023 à 10:10
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Comme d'habitude, dans les commentaires les poutinophiles veulent trouver un chat noir dans une pièce sombre, lorsqu'il n'y est pas. Pour eux il est impossible d’imaginer qu’en Occident on dit, au moins, des fois, la vérité à propos de la Russie. La ...

à écrit le 26/06/2023 à 17:25
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On voit la paille dans l'œil du voisin mais on ne voit pas la poutre dans le sien ! Nous avons toujours droit a une interprétation occidentale pour mieux se cacher ! ;-)

à écrit le 26/06/2023 à 16:40
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Moi j'attends les échanges de sms entre Van Layen et Zelensky et Poutine pour me faire une idée parce qu'avec vous les gars sinon une chienne n'y retrouverait pas ses chiots !

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