Pour l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, la guerre en Ukraine a « incontestablement » été un facteur de l'accélération des relations transatlantiques. Elle a « fait ressortir ce qu'on voulait : se défendre ensemble ». Le conflit a remis sur le devant de la scène les questions de défense et de sécurité, à tel point que « plus personne aujourd'hui ne dirait que l'OTAN est en situation de mort cérébrale », souligne-t-il.
Une coopération politique, mais pas industrielle
« D'un point de vue technologique et industriel, l'Europe est forte », assure Patrice Caine. En revanche, le PDG de Thales constate l'absence de coopération transatlantique dans le domaine industriel : « quand un pays européen achète américain, ce n'est pas une coopération industrielle ». « Je ne connais pas de programme fait conjointement entre industrie américaine et européenne », poursuit-il, relevant plutôt des coopérations programmatiques « tactiques ou transactionnelles ».
Le PDG de Boeing Defence, Space & Security, Ted Colbert, évoque quant à lui la place de l'industrie américaine pour « tirer vers le haut l'écosystème à travers le monde » mais aussi la nécessité d'investir pour développer une coopération qui permettrait de « résoudre ensemble les problèmes rencontrés », que ce soit pour des programmes de prochaine génération ou les questions d'export. Pour Michael Schoellhorn, « il faut que l'Europe prenne sa part et sa place » dans le cadre d'une industrie de défense compétitive, au sein d'un système de défense résilient. La guerre en Ukraine a permis à l'Union européenne « d'ouvrir les yeux sur ce qui devait être mis en place en matière de défense et de dissuasion ».
L'industrie de défense tire les leçons du conflit
Les trois patrons industriels sont unanimes : les processus de décision et les processus industriels doivent être accélérés. « Le système traditionnel est très lourd, le développement prend du temps, mais la donne a changé », explique Michael Schoellhorn. Il est rejoint par Patrice Caine, pour qui,« il faut remettre un peu plus d'agilité » dans les procédures : « c'est une question de volonté et non pas de difficultés techniques ».
Ted Colbert ne dit pas autre chose lorsqu'il évoque la nécessité de se détacher des lenteurs bureaucratiques, mais surtout de développer davantage l'interopérabilité industrielle. Pour le PDG de Thales, les consolidations industrielles pourraient permettre à l'Europe de peser davantage, plutôt que de maintenir un certain « nationalisme industriel ».
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