Discours sur l'état de l'Union européenne : 4 questions pour tout comprendre

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce mercredi son discours sur l'état de l'Union devant les eurodéputés, réunis dans l'hémicycle à Strasbourg. Evénement incontournable chaque année à la rentrée, il doit permettre d'établir le bilan de l'année écoulée et de définir les chantiers prioritaires des mois à venir. Cette année, le discours sur l'état de l'Union revêt une dimension particulière, puisqu'il s'agit du dernier du mandat de cette proche d'Angela Merkel, à neuf mois des élections européennes de 2024.
Pauline Chateau
(Crédits : Reuters)

A partir de 9 heures mercredi, les yeux des eurodéputés seront tournés vers Ursula von der Leyen. La présidente de la Commission européenne doit en effet prononcer le discours sur l'état de l'Union. En quoi consiste cet exercice ? Que faut-il en attendre cette année ? Eléments de réponse en quatre questions.

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En quoi consiste le discours sur l'état de l'Union européenne ?

Instauré via le Traité de Lisbonne en 2010, ce rendez-vous marque le lancement de la rentrée politique européenne. Egalement appelé SOTEU (State of the European Union), le discours sur l'état de l'Union européenne est prononcé par la présidente de la Commission européenne devant les eurodéputés, réunis en séance plénière à Strasbourg.

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A travers cet exercice annuel, l'exécutif européen rend des comptes devant le Parlement. Le discours comporte deux volets : un bilan de l'année écoulée, et une dimension prospective. Dans un premier temps, Ursula von der Layen va ainsi revenir sur les réalisations de l'UE. Dans un second temps, elle établira les chantiers prioritaires à venir, et le calendrier. Une fois le discours achevé, un débat s'enclenche : chaque groupe politique se succède pour interroger la présidente de la Commission européenne.

Que faut-il en attendre cette année ?

Le discours de la présidente de la Commission européenne n'est pas connu à l'avance. En amont, l'exécutif européen se démène toutefois pour promouvoir les réalisations de ces derniers mois : la défense de la paix en Europe - et le soutien apporté à l'Ukraine -, l'investissement dans la prospérité en Europe et le bien-être social. Le dossier énergétique devrait occuper une place centrale.

Le mois de février 2022 a été marqué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'éclatement du conflit a entraîné dans son sillage une explosion des prix de l'énergie.

« Nous devions sortir rapidement de notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles russes, en diversifiant nos sources d'approvisionnement et en accélérant la transition vers des énergies propres, rappelle la Commission européenne dans son document dédié. Grâce au plan REPowerEU, nous avons remporté la guerre énergétique menée par la Russie contre notre économie : nous avons évité les pannes généralisées; ramené les prix de l'énergie aux niveaux d'avant la guerre et redoublé d'efforts en ce qui concerne les énergies renouvelables propres, abordables et produites localement. »

En coordonnant la réduction de la demande de gaz, la Commission européenne assure que près de 53 milliards de m3 de gaz russe ont été économisés. Outre la mise en place d'une plateforme énergétique d'achat commune, l'exécutif européen se félicite des investissements dans les énergies renouvelables ayant permis de produire 39% de l'électricité au sein de l'UE.

La présidente de l'exécutif européen devrait également se targuer d'avoir fait aboutir une grande partie du Pacte vert, ambitieux plan visant à sabrer les émissions carbone de l'UE dont elle avait fait une priorité. Elle a par ailleurs fait passer deux règlements clés pour encadrer les dérives des géants du numérique.

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Quels seront les grands chantiers de l'Union européenne pour les mois à venir ?

La pile de dossiers législatifs des prochains mois promet d'être particulièrement haute. Le conflit opposant l'Ukraine et la Russie a remis sur le devant de la scène la question de l'élargissement de l'Union européenne. Outre l'Ukraine et la Moldavie, cinq pays des Balkans occidentaux sont candidats et ont entamé pour certains des négociations avec l'UE depuis plus de dix ans. L'élargissement de l'UE sera donc au cœur des discussions des dirigeants des Vingt-Sept lors de leurs prochains sommets. La Commission européenne, elle, doit présenter ses recommandations en octobre.

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La question climatique devrait, elle aussi, rester centrale dans les mois à venir. Si l'essentiel du plan climat a été adopté (réforme du marché carbone, fin de la vente des voitures à moteur thermique en 2035...), des textes-clefs demeurent en discussion -notamment sur la réduction des pesticides et la restauration des écosystèmes.

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Pour rappel, l'UE s'est fixé pour objectif de réduire de 55% d'ici 2030 ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, et d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Le paquet législatif a fait face à des résistances croissantes, certains Etats et des eurodéputés de droite réclamant même une « pause » dans les législations environnementales.

Parmi les autres dossiers restant à boucler avant la fin de son mandat, la présidente de la Commission européenne devrait aborder l'épineuse réforme de la politique migratoire. Pour rappel, les institutions européennes se sont engagées à adopter le Pacte sur la migration et l'asile avant le scrutin du mois de juin. Le projet porté par la Commission souhaite aboutir à une plus grande solidarité entre Etats membres, afin de gérer les flux migratoires. Le texte suscite toujours de difficiles discussions, dans la mesure où la hausse des demandes d'asile en Europe met les capacités d'accueil des pays sous pression. En juillet dernier, Ursula von der Leyen a annoncé un partenariat stratégique avec la Tunisie afin de lutter contre l'immigration irrégulière.

Pourquoi le discours sur l'état de l'Union intervient dans un contexte particulier ?

Il s'agit du quatrième et dernier discours du mandat d'Ursula von der Layen. Et pour cause, les prochaines élections européennes interviennent désormais dans moins d'un an, en juin 2024. Le scrutin implique en effet un changement de tête de l'exécutif : le ou la présidente de la Commission européenne est élue par le Parlement européen, sur proposition du Conseil européen - les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.

Le discours sur l'état de l'Union européenne 2023 devrait prendre une tournure hautement politique. La présidente de la Commission européenne va, certes, chercher à défendre son bilan sur l'année, voire sur la mandature, mais il est certain que les observateurs et analystes vont chercher à déceler le moindre signe afin de répondre à cette question : l'Allemande est-elle candidate à sa propre succession ? L'hypothèse est jugée probable. Toutefois, Ursula von der Layen se garde bien, jusqu'à présent, de dévoiler ses intentions pour la suite.

Sur le plan économique, le SOTEU intervient à la veille d'une nouvelle réunion cruciale de la Banque centrale européenne. La BCE est confrontée à un choix cornélien : acter une nouvelle hausse des taux d'intérêt - après neuf augmentations consécutives depuis juillet 2022 pour un cumul de 4,25 points de pourcentage - ou décréter une pause.

Pour l'heure, le premier scénario semble davantage privilégié. Les données économiques publiées l'été dernier suggèrent qu'un scénario de stagflation se profile en zone euro, avec des indicateurs de confiance (PMI) en chute libre, une distribution du crédit en berne et une inflation en recul, mais restant encore bien loin de la cible des 2% établie par la banque centrale.

Lundi 11 septembre, la Commission européenne a réduit de 0,3 point ses prévisions de croissance économique pour la zone euro en 2023 et 2024, ce lundi 11 septembre. La croissance du PIB tombe ainsi à 0,8% cette année et 1,3% l'année prochaine.

Les derniers indicateurs « laissent entrevoir un ralentissement de l'activité économique au cours de l'été et sur les mois à venir, avec une faiblesse persistante dans l'industrie et une perte de vitesse dans les services, malgré une forte saison touristique dans de nombreuses régions d'Europe », a déclaré l'exécutif bruxellois.

« Les multiples vents contraires auxquels nos économies sont confrontées cette année ont entraîné une dynamique de croissance plus faible que ce que nous avions prévu au printemps », a reconnu le commissaire à l'Economie Paolo Gentiloni, soulignant l'impact de la guerre en Ukraine.

« La guerre brutale de la Russie contre l'Ukraine continue de provoquer non seulement des souffrances humaines, mais aussi des perturbations économiques », a-t-il mis en avant.

Pauline Chateau
Commentaires 10
à écrit le 13/09/2023 à 16:56
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État de l'Union : délabré !

à écrit le 13/09/2023 à 14:46
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"permettre d'établir le bilan de l'année écoulée et de définir les chantiers prioritaires des mois à venir." Bilan : catastrophique , guerre , pauvreté , désindustrialisation ,problème sanitaire , corruption ,faillite politique européenne incohérent...

à écrit le 13/09/2023 à 14:16
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Gestion de la Covid, guerre en Ukraine...á sa place j'aurai honte...

à écrit le 13/09/2023 à 13:30
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Bon vent et bonne chance dans son nouveau job de directrice de l'Otan.

à écrit le 13/09/2023 à 11:21
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En parlant de discours : Le président des États-Unis était dimanche en visite diplomatique à Hanoï au Vietnam après avoir assisté au sommet du G20 en Inde. Il y a tenu dans la soirée une conférence de presse, lors de laquelle il a répondu aux ques...

à écrit le 13/09/2023 à 9:54
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En tout cas, la chaîne publique Franceinfo met le paquet ce matin avec le discours en direct d’Ursula .

à écrit le 13/09/2023 à 9:37
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....élue , légitime ? ....ha bon c'est la "représentativité " européenne ???

le 13/09/2023 à 14:44
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@ agathe thé blouse Vous la préféreriez Poutinienne?

à écrit le 13/09/2023 à 8:58
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Le problème de l'UE c'est quelle s'adresse à 27 Nations qui possèdent tous une histoire et une spécificité occulté par cet empire mal né.

le 13/09/2023 à 9:59
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@Albert. Parfaitement résumé 👏👍

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