La superstar déchue des cryptomonnaies, Sam Bankman-Fried, a fait appel de sa condamnation. Pour rappel, ce petit génie à l'allure fantasque qui était parvenu à conquérir le monde des cryptomonnaies en quelques mois - mais au prix de risques insensés - devenant ainsi milliardaire avant 30 ans, a été reconnu coupable de l'une des pires fraudes financières de l'histoire récente et écopé de 25 ans de prison.

Lors de l'audience de prononcé de la sentence le 28 mars par le juge fédéral Lewis Kaplan, à New York, ses avocats avaient indiqué qu'il comptait faire appel. Ce qu'il a fait dès le 1er avril, et qui lui a coûté 605 dollars, d'après le formulaire de justice ad hoc que l'AFP a consulté.

Outre les 25 ans d'emprisonnement, « SBF » - son surnom- s'était vu infliger une sanction de 11 milliards de dollars -- qui pourra servir à l'indemnisation des pertes éventuelles de clients -- et une période de mise à l'épreuve de trois ans après sa libération, selon le ministère de la Justice.

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9 milliards de dollars évaporés

Et pour cause, le jeune financier a utilisé les avoirs des clients de sa plateforme d'échanges de devises numériques FTX, sans leur accord, pour effectuer des transactions à risque via sa société sœur Alameda, pour acheter des biens immobiliers ou pour faire des donations politiques. Mais début novembre 2022, le média CoinDesk révèle qu'une part considérable des actifs d'Alameda est constituée d'une cryptomonnaie créée par FTX, le FTT, ce qui provoque l'effondrement de cette devise numérique. Soumise à des demandes massives de retraits venues de clients paniqués, FTX a implosé en novembre 2022. Or, au moment de son dépôt de bilan, environ 9 milliards de dollars manquaient à l'appel.

Les liquidateurs du groupe ont déjà récupéré environ 6,4 milliards de dollars en numéraire et prévoient de rembourser intégralement les clients lésés. Fin mars, ils ont ainsi annoncé vendre deux tiers de la participation que détient la plateforme de cryptomonnaies au capital de la start-up d'intelligence artificielle (IA) Anthropic pour 884 millions de dollars.

De son côté, l'ancien élève du Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui n'a jamais été mis en cause pour enrichissement personnel, a pu conserver, jusqu'au bout, l'essentiel de sa fortune en actions FTX, mais dont la valeur s'est évaporée.

Beaucoup de personnes ont l'impression qu'on les a laissées tomber, et on les a laissées tomber, j'en suis désolé, avait-il regretté lors de l'audience du 28 mars, affirmant être « désolé de ce qu'il s'est passé à tous les niveaux ».

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« Jamais un mot de remords »

 Mais, de son côté, le juge Kaplan avait relevé que le jeune homme avait reconnu que « des erreurs avaient été faites, mais n'(avait) jamais eu un mot de remords pour avoir commis un crime terrible ». Le qualifiant d'« insolent », le magistrat avait dénoncé son « exceptionnelle flexibilité » concernant la vérité.

Selon lui, exemples à l'appui, Sam Bankman-Fried s'était livré à trois parjures au moins lors de son témoignage au procès de cinq semaines, ainsi qu'à une subornation de témoin. Ce qui avait fait grimper la peine maximale possible à 110 ans.

Après l'énoncé de la sentence, le procureur Damian Williams avait, elle, considéré qu'elle allait « empêcher à jamais (Sam Bankman-Fried) de commettre une fraude » et qu'elle envoyait un « message important » à ceux qui seraient tentés par la criminalité en col blanc que « la justice sera rapide et les conséquences sévères ».

(Avec AFP)