L'assurance santé digitale Alan s'attaque au grand public et à l'Europe

La startup parisienne, qui emploie plus de 120 personnes, lance des offres pour les particuliers, les fonctionnaires, les retraités ainsi que le secteur de l’hôtellerie-restauration. Elle fera ses premiers pas à l’international, en Espagne et en Belgique, d’ici à la fin de 2020.
Delphine Cuny
(Crédits : Alan)

« L'assurance santé qui fait du bien » : le nouveau slogan de la startup de l'assurance Alan reflète ses ambitions nouvelles, s'attaquer à un public plus large que les jeunes pousses et travailleurs indépendants de ses débuts. Dotée d'un agrément d'assureur, l'Assurtech parisienne, qui revendique 37.000 utilisateurs et 2.850 entreprises clientes, met toujours en avant la simplicité de son offre 100% digitale, en rupture avec « la complexité et l'opacité » des mutuelles classiques. Mais pour élargir son marché, elle a ajouté de l'humain derrière cette interface numérique afin de se poser « en allié dans la santé » pour ses utilisateurs, a expliqué son cofondateur et directeur général, Jean-Charles Samuelian.

« La mission d'Alan est de réimaginer la santé en la recentrant sur les personnes, en rendant le système plus fluide, en aidant à trouver un médecin bien remboursé près de chez soi, en proposant de la téléconsultation par vidéo à la demande, en répondant rapidement grâce des outils de tchat », a-t-il détaillé lors d'une conférence de presse ce mardi 27 août dans ses nouveaux locaux avec vue sur le canal Saint-Martin.

La startup, qui a plus que triplé ses effectifs en un an et emploie 126 personnes, s'attaque à de nouveaux marchés en lançant cette semaine des offres à destination des particuliers (seuls les travailleurs indépendants pouvaient souscrire jusqu'ici), des retraités (la limite d'âge était auparavant de 55 ans), des fonctionnaires (un marché de 5,5 millions de personnes) et aux entreprises de l'hôtellerie et de la restauration (avec deux contrats, à 30 euros et 50 euros par mois).

Campagne TV pour clientèle grand public

Dans ce secteur, composé majoritairement de TPE, qui emploie un million de personnes, avec un important turnover, Alan a déjà signé « avec plusieurs chaînes, comme Pokawa », des bars à Poké (les bols hawaïens), la dernière tendance. La souscription désormais 100% mobile "en trois minutes" et l'absence de paperasse devraient séduire ce secteur qu'il faut toutefois aller démarcher. Ces nouveaux marchés devraient permettre à Alan d'atteindre son objectif ambitieux de 100.000 assurés à la fin de 2020.

Afin de développer sa notoriété auprès du grand public, la startup vient de lancer une campagne TV d'un coût de 2 millions d'euros environ sur les grandes chaînes, avec un message décalé : « Alan est une marque fraîche dans une industrie qui manque de légèreté », fait valoir Jean-Charles Samuelian. Le timing est important, dans un secteur à la forte saisonnalité du fait des dates limites de résiliation des contrats de mutuelle, généralement le 31 octobre : Alan réalise 85% de la croissance de ses assurés entre septembre et octobre. « Tout se joue maintenant », a insisté son directeur général. En décembre 2020, la résiliation sera possible à tout moment, sans motif, dès la première année de souscription. La startup sait d'ores et déjà qu'elle réalisera au 1er janvier prochain un chiffre d'affaires annuel de 28 millions d'euros.

Cap sur l'international

L'autre axe de croissance est l'international. Alan compte réaliser ses premiers pas en Europe dans les 12 à 18 mois en ouvrant un bureau en Espagne et en Belgique, pour un coût estimé de 3 à 5 millions d'euros par pays. Après analyse des systèmes de santé des pays voisins, ces marchés sont apparus prioritaires, sans concurrence directe. S'il existe aux États-Unis une très grosse startup de l'assurance santé, Oscar Health, les Assurtech en Europe ne sont pas vraiment positionnées sur ce créneau.

Un autre chantier, moins visible, mais important (2 millions d'euros investis), concerne l'internalisation de ses processus de back-office. Après la facturation et le recouvrement, qui ne sont plus sous-traités depuis un an, la startup va se doter de sa propre équipe de gestion des sinistres, ce qui devrait diviser par dix les délais de traitement et permettre de valider les devis de façon quasi instantanée.

La jeune pousse, qui a levé 40 millions d'euros en février dernier et 75 millions d'euros depuis sa création en 2016, est rentable et dispose d'une trésorerie confortable.

« Nous avons encore plus de 55 millions d'euros de cash, ce qui nous permet de financer notre expansion internationale. Nous sommes très sollicités par des investisseurs : si nous avions besoin d'un coup d'accélérateur, nous savons vers qui nous tourner. Ce n'est pas le cas aujourd'hui », a confié Jean-Charles Samuelian.

Alan compte parmi ses actionnaires les fonds Index Ventures, DST Global, Partech ainsi que la CNP, qui est aussi un de ses partenaires réassureurs (avec Swiss Re).

Delphine Cuny

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