La solidarité a un prix. Pour le groupe Covéa, qui regroupe les mutuelles MMA, GMF et MAAF, les mesures exceptionnelles liées au Covid s'élèvent, en 2020, à 457 millions d'euros, dont 363 millions d'indemnités (231 millions) ou de remises de primes (107 millions), et 93 millions de contributions aux efforts de solidarité de place (taxe santé comprise !). Par ailleurs, le groupe supporte un montant de sinistres net de réassurance de 456 millions d'euros, essentiellement en pertes d'exploitation.
Au total, le résultat net du groupe a été divisé par deux l'an dernier à 415 millions d'euros, contre 858 millions d'euros en 2018. L'intégralité des résultats provient des résultats financiers, le résultat technique des activités non vie étant en perte, avec un ratio combiné de 100,8%.
Le chiffre d'affaires a reculé, de son côté, de 4,5% à 16,6 milliards d'euros, dont près de 90% est réalisé en France. Malgré cette année difficile, le groupe a réussi à maintenir son ratio de solvabilité à un niveau élevé (394%), ainsi que ses fonds propres comptables à 14 milliards d'euros.
Le groupe conserve donc les moyens financiers de ses ambitions, après avoir renoncé, au printemps dernier, au rachat du réassureur PartnerRe, sur une question de prix, en pleine crise sanitaire. De fait, le holding italien Exor a réduit la "fair value" de sa filiale de réassurance de 8 % à 8,25 milliards de dollars dans ses comptes 2020.
La réassurance reste un objectif de diversification
Mais Covéa est toujours intéressé par une diversification de ses activités dans la réassurance. « Notre objectif est bien cette articulation de notre exposition sur les différentes chaînes de valeur et la réassurance est très clairement un segment qui nous intéresse », rappelle Paul Esmein, directeur général adjoint.
Mais, selon, le numéro deux du groupe, cela ne passe pas forcément par la croissance externe, mais aussi, « par la croissance organique en France ou des expositions au travers de partenariats, comme les investissements que nous avons conclus avec Exor et ParnerRe ».
Après l'échec des négociations, Covéa et Exor ont signé un accord financier qui engage l'assureur mutualiste à investir, dans les trois ans, un montant de 1,5 milliard d'euros dans le cadre d'un partenariat d'investissement avec le holding ou dans des véhicules de réassurance (sidecar) gérés par PartnerRe.
Prudence sur 2021
Le groupe se montre prudent sur l'année en cours, même s'il estime que les impacts assurantiels seront moindres qu'en 2020. « Nous ne sommes pas au terme de cette crise et nous avons devant nous bien des obstacles à franchir », estime Thierry Derez, PDG du groupe. Ce dernier s'alarme notamment « des dégâts psychologiques (de cette crise) que nous ne manquerons pas de rencontrer et que nous rencontrons déjà ».
L'assureur s'interroge également sur l'ampleur des faillites à venir et la montée en puissance des phénomènes climatiques, notamment la sécheresse « qui prend une ampleur de plus en plus conséquente, année après année », constate Paul Esmein.
C'est donc dans ce contexte incertain que le groupe prépare son nouveau plan stratégique 2022-2024. Il devra reposer sur deux piliers : une revue complète de la typologie et de l'ampleur des risques que souhaite supporter le groupe et « l'accompagnement humain des assurés ». Deux axes directement issus des enseignements tirés par Covéa de cette année 2020 exceptionnelle.
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