Arrivé à la tête du réassureur français il y a six mois, dans un contexte de gouvernance tendu, marqué également par la disparition brutale du président Denis Kessler, l'emblématique patron du groupe depuis vingt ans, Thierry Léger, directeur général, présente aujourd'hui des résultats à l'image du groupe : apaisés. Le groupe avait dévoilé, en septembre dernier, lors des Rendez-vous de Monaco, son nouveau plan stratégique 2024-2026, centré sur la rentabilité et une meilleure gestion du risque, tout en profitant d'un marché de la réassurance devenu très favorable aux réassureurs alors que la demande de couverture n'a jamais été aussi grande.
« Les résultats sur neuf mois confirment la détermination de SCOR à atteindre ses objectifs », souligne Thierry Léger dans un communiqué. Avec un troisième trimestre dans le vert, le bénéfice net du groupe s'élève à 650 millions d'euros depuis le début de l'année. C'est davantage qu'en 2021 (+456 millions d'euros) et sans comparaison avec la perte nette de 301 millions d'euros enregistrée l'an dernier. C'est surtout une rentabilité sur fonds propres de 20%.
Toutefois, ces résultats sont inférieurs au consensus des analystes, selon l'agence Bloomberg.Selon JP Morgan, cité par l'agence Reuters, le résultat trimestriel est 20% en-dessous du consensus, et les analystes de la banque s'attendent à ce que le consensus soit revu à la baisse. Le cours de l'action a décroché en matinée perdant plus de 9% à 25,4 euros, avant de se limiter ses pertes autour de 5% en début d'après-midi. La capitalisation du groupe présente une forte décote de 50% par rapport à sa valeur économique au 30 septembre (9,2 milliards d'euros).
Procédure d'arbitrage
Le chiffre d'affaires (revenu brut d'assurance) trimestriel a augmenté de 10 % à 4,2 milliards d'euros et le ratio combiné (primes sur sinistres) est de 90,2% sur les activités de réassurance dommages et responsabilité civile, et ce, malgré les incendies qui ont frappé Hawaï en août dernier.
L'activité vie et santé se redresse également avec un résultat de 113 millions d'euros. Le réassureur est cependant engagé dans une procédure arbitrale avec l'assureur mutualiste Covéa : il avait vendu à ce dernier un portefeuille vie aux Etats-Unis d'un milliard de dollars de primes, dans le cadre d'un accord de paix entre les deux groupes, signé en 2021, pour clore des poursuites en justice engagées réciproquement après une tentative de rachat de SCOR par Covéa en 2018.
Le désaccord porte notamment sur l'interprétation de clauses du contrat alors que l'espérance de vie aux Etats-Unis s'est brutalement dégradée avec la crise sanitaire mais surtout avec la crise des opioïdes (médicaments contenant des dérivés d'opium et vendus en masse aux Etats-Unis depuis 2010, provoquant des centaines de milliers de décès). La prime étant payée, ce portefeuille de réassurance vie coûte ainsi très cher chaque année à Covéa compte tenu d'une sinistralité plus élevée que prévu.
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