Coup de théâtre chez SCOR : Denis Kessler écarte Laurent Rousseau

Denis Kessler, l'emblématique président du groupe SCOR, a obtenu le départ de Laurent Rousseau, nommé directeur général en juin 2021. C'est le deuxième départ d'un DG en deux ans, dans un contexte de pertes sur un marché de la réassurance de plus en plus difficile. Le remplaçant sera Thierry Léger, directeur des souscriptions de Swiss Re.
Le réassureur affiche 500 millions de pertes sur les trois premiers trimestres de 2022, notamment dans la réassurance dommages.
Le réassureur affiche 500 millions de pertes sur les trois premiers trimestres de 2022, notamment dans la réassurance dommages. (Crédits : Christian Hartmann)

La gouvernance n'est pas un exercice facile chez le réassureur SCOR. Moins de deux ans après sa nomination au poste de directeur général, Laurent Rousseau vient de démissionner de ses fonctions et de son mandat d'administrateur pour « poursuivre d'autres opportunités», indique, assez sèchement un communiqué du groupe, publié ce jeudi soir.

Ce même communiqué précise que le conseil d'administration, sur proposition du comité des nominations, a décidé « à l'unanimité » de nommer Thierry Léger directeur général de SCOR à compter du 1er mai prochain. Thierry Léger est loin d'être un inconnu dans le monde de la réassurance : il était le patron des souscriptions chez Swiss Re, numéro deux mondial de la réassurance. Il vient de quitter le groupe helvétique avec effet immédiat.

Tensions à la tête du groupe et envolée des prix des sinistres

Le départ de Laurent Rousseau peut surprendre. Mais ses relations avec Denis Kessler, dirigeant historique et « sauveur » dans les années 2000 d'un groupe au bord de la faillite, s'étaient sérieusement dégradées au fil des mois. Chacun s'attendait donc au départ de l'un ou de l'autre.

Les mauvais résultats du réassureur en 2022 (500 millions d'euros de pertes au 30 septembre 2022) et un contexte difficile pour la réassurance, avec l'envolée des prix et des sinistres, notamment climatiques, n'a sans doute rien arrangé.

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Les comptes passés à la paille de fer

D'autant que Laurent Rousseau a engagé toute une série de mesures pour serrer les boulons et passer les comptes à la paille de fer.

Le dirigeant avait même sonné la fin de « l'abondance » (de capital, Ndlr) lors des rencontres de la réassurance de Monte-Carlo en septembre dernier. Une politique qui a sans doute fortement agacé Denis Kessler, qui aimait à répéter qu'il avait laissé un groupe en parfait état de marche lorsqu'il a dû céder ses fonctions de PDG pour ne conserver que le poste de président.

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Départ de deux directeurs généraux en deux ans

Cette passation de pouvoir n'a pas été sans mal.

Pressenti dans un premier temps pour occuper le poste de directeur général, Benoît Ribadeau-Dumas, ancien directeur de cabinet du Premier ministre, mais sans réelle expérience dans la réassurance, est parti au bout de quelques mois.

Denis Kessler, souvent accusé de rester accroché à son siège, aura donc épuisé deux directeurs généraux en deux ans.

Après avoir fait voté en assemblée générale le report de deux ans de la limite d'âge à 72 ans, Denis Kessler reste donc aux commandes jusqu'au printemps 2024.

La démission de Laurent Rousseau douche les espoirs de ceux qui espéraient un départ anticipé du boss.

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Commentaires 2
à écrit le 27/01/2023 à 3:30
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On espérait plutôt le départ de Denis Kessler ?

à écrit le 26/01/2023 à 22:52
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C est drôle pour eux c est jusqu à 72 ans … c est que la place et les avantages sont bons… et bien gras

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