BNP Paribas devient l'une des rares banques à cesser de financer les projets autour du charbon métallurgique

La plus grande banque européenne a annoncé mercredi qu’elle ne financera plus le charbon métallurgique très polluant. La banque avait déjà arrêté le financement du charbon thermique mais continuait jusqu’alors d’investir dans ce type de charbon destiné essentiellement à la sidérurgie.
Ce nouvel engagement, a précisé mercredi BNP Paribas à l'AFP, « s'inscrit dans le travail d'alignement du portefeuille de crédits de BNP Paribas dans le secteur de l'acier sur son engagement net zero ».
Ce nouvel engagement, a précisé mercredi BNP Paribas à l'AFP, « s'inscrit dans le travail d'alignement du portefeuille de crédits de BNP Paribas dans le secteur de l'acier sur son engagement "net zero" ». (Crédits : STEPHANE MAHE)

Au compte-gouttes, les banques se décarbonent. C'est du moins ce que laisse entendre la dernière annonce de BNP Paribas ce mercredi en incluant désormais le charbon métallurgique, destiné essentiellement à la sidérurgie,dans son champ d'exclusion de financement du charbon. Société Générale exclut déjà depuis 2021 certaines entreprises dont les revenus proviennent à plus de 50 % du charbon métallurgique.

L'annonce de BNP Paribas n'est peut être pas étrangère à la publication, ce jeudi, du nouveau rapport de l'ONG Reclaim Finance. Selon l'ONG, seules cinq banques sur les cinquante passées au crible par Reclaim Finance ont pris un tel engagement sur le charbon métallurgique.

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Une sortie totale du charbon

Dans une mise à jour de sa politique sectorielle sur l'industrie minière, BNP Paribas indique qu'elle a « décidé d'arrêter le financement de tout projet lié à l'extraction de charbon métallurgique ou thermique », alors que la mention précédente ne citait que le charbon thermique. Ce dernier est majoritairement utilisé pour la production d'électricité.

En 2020, BNP Paribas s'était engagée à sortir totalement du financement de l'ensemble de la chaîne de valeur des entreprises liées au charbon thermique d'ici à 2030 dans les pays de l'OCDE et de l'Union européenne, et d'ici à 2040 dans le reste du monde. Ce nouvel engagement, a précisé mercredi BNP Paribas à l'AFP, « s'inscrit dans le travail d'alignement du portefeuille de crédits de BNP Paribas dans le secteur de l'acier sur son engagement "net zero" ».

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La banque a rappelé « qu'en 2022 et 2023 (elle) s'était fixé des objectifs de réduction de l'intensité d'émissions carbone financées dans 6 premiers secteurs: pétrole et gaz, production d'électricité, automobile, acier, aluminium et ciment ».

Les banques financent toujours la sidérurgie

L'ONG Reclaim Finance relève dans un communiqué de presse que « seules cinq des cinquante banques analysées - la Société générale, BNP Paribas, HSBC, Westpac et Caixa Bank - ont adopté des engagements contre le financement des projets de mines de charbon métallurgique ».

« Cependant, ces mêmes politiques ne les empêchent en aucun cas de soutenir l'expansion du secteur puisque les financements aux entreprises sont toujours autorisés », regrette-t-elle.

« L'industrie de l'acier est le plus grand émetteur industriel de CO2 », rappelle Reclaim Finance, qui précise qu'en raison « de l'utilisation du charbon métallurgique dans sa production, l'acier est responsable de 11% des émissions mondiales, devant les 2,1% du secteur de l'aviation ».

Selon l'ONG, 138 projets de nouvelles mines ou d'extensions de mines existantes destinées à produire du charbon métallurgique existent actuellement dans le monde. Elle affirme qu'entre janvier 2016 et juin 2023, les banques ont fourni plus de 557 milliards de dollars (environ 510 milliards d'euros) aux 50 entreprises qui développent le plus de charbon métallurgique. Parmi les banques françaises, BNP Paribas y a consacré 4,5 milliards de dollars, Crédit agricole 3,7 milliards, Société générale 3,5 milliards et BPCE/Natixis 1,6 milliard de dollars. Elles se classent entre la 11e et la 42e position des banques ayant le plus contribué à ce secteur dans le monde sur ces sept années et demie, d'après Reclaim Finance.

BNP Paribas dans le viseur des ONG depuis des années

D'ailleurs la banque française a déjà eu de nombreux déboires avec des activistes environnementaux à cause de ses financements.

BNP Paribas avait par exemple été épinglé par Reclaim Finance en mai dernier quand elle avait annoncé arrêter tous les financements dédiés aux projets de développement de nouveaux champs gaziers. Pour cause, l'ONG affirmait que la banque ne renonçait pas à financer les grandes majors pétro-gazières qui ont la capacité de développer ces mêmes projets, souligne . Les engagements climatiques de BNP Paribas ne couvrent pas non plus le financement des terminaux GNL, ni le financement des entreprises via les obligations, pointe l'association.

« Bien que bienvenues, les mesures annoncées restent largement insuffisantes pour aligner la banque sur les projections du scénario 1,5°C de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et répondre aux attentes des scientifiques et associations qui appellent BNP Paribas à ne plus financer l'expansion pétrolière et gazière », avait affirmé à l'époque, Lucie Pinson, à la tête de l'association Reclaim Finance. Car « la majorité des financements de BNP Paribas au pétrole et au gaz passe par des services financiers fournis non à des projets spécifiques mais à des entreprises », avait-elle rappelé.

Et les choses sont même allées plus loin puisqu'en février 2023, BNP Paribas a été assigné en justice par trois ONG pour la défense du climat - Les Amis de la Terre, Oxfam et Notre Affaire à Tous. Les trois associations demandaient au groupe bancaire de stopper tous financements de nouveaux projets d'énergies fossiles et d'adopter un plan de sortie du pétrole et du gaz.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 25/11/2023 à 17:28
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Le charbon est une réalité dans le monde entier. Une banque n'a pas le droit de pratiquer le refus de vente : où s'arrêter sinon ? Ne pas financer quelles activités, quels pays, quelles personnes ? Cela peut aller très loin...

à écrit le 23/11/2023 à 8:53
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Souhaitons que ces banques ne perdent pas en rentabilité car je n'imagine pas que les ONG bien pensantes soient un marché pour les banques. La même situation se présente pour les pétrolières, les aciéries, et... Que deviendrons-nous dans un monde dom...

à écrit le 23/11/2023 à 8:09
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Déjà arrêter le charbon dans un premier temps est un objectif atteignable en ces dictatures de lobbys, ne s'attaquer qu'à un seul est bien plus prudent que d'annoncer faire la guerre en plus au lobby pétrolier qui au 20ème siècle générait des guerres...

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