
L'essai a été concluant. Après plusieurs mois de réflexion et de tests, trois groupes bancaires - BNP Paribas, Société générale et Crédit mutuel Alliance et sa filiale CIC - ont décidé de mettre en commun la gestion de leur parc d'automates bancaires, au sein d'une société commune, 2SF. Une marque commune aux quatre enseignes est également créée, cashservices, au logo gris anthracite. Elle sera progressivement déployée sur l'intégralité des automates à partir de fin 2023, et ce jusqu'en 2025.
Un tiers du parc
A la fin 2022, le parc concerné par cette mutualisation porte sur environ 15.000 machines, soit 30 % du parc total actuel (47.800 automates à la fin 2021, selon les chiffres de la Banque de France). Ce projet répond à une logique de réduction de coûts : comment rentabiliser un parc d'automates, dont l'entretien et l'alimentation en billets coûtent cher, alors que ce service reste faiblement facturé aux porteurs de cartes. Les retraits sont généralement gratuits sur un automate de la banque du porteur, et facturé environ un euro sur un automate d'une autre banque (retrait déplacé).
Cette mutualisation de moyens est inédite en France. Pourtant, les banques françaises ont très vite compris l'intérêt de coopérer dans la monétique, avec notamment la création du GIE Cartes Bancaires, et c'est bien cet interbancarité qui a fait le succès de la carte bancaire en France. Les banques se sont ensuite lancées dans une course effrénée d'équipements en distributeurs dans les années 1980 et 1990... avant de se rendre compte que l'exploitation devenait une charge de plus en plus lourde, malgré le relèvement de la commission que se versent entres-elles les banques sur les retraits déplacés.
Lente érosion
Mais les comportements des ménages changent et l'utilisation du cash ne cesse de diminuer, lentement mais sûrement, avec une accélération liée à la crise sanitaire et au relèvement à 50 euros du plafond de paiement sans contact par carte. Le nombre d'automates bancaires s'érode de 2 à 3% chaque année depuis 2012, avec une diminution plus prononcée en ville. En dépit de la baisse du nombre d'automates, la Banque de France, gardienne du dogme de l'accès au cash, souligne toujours que « 99% des Français réside à moins de 15 minutes en voiture » d'un distributeur de billets.
Ce qui fait d'ailleurs tout l'intérêt de cette mutualisation pour les banques : éviter de multiplier dans une même rue des automates dont la fréquence d'utilisation stagne, voire diminue. En 2021, le retrait moyen est de 113 euros pour un volume total en légère hausse (+5%), après la forte de baisse en 2020 lors de la crise sanitaire.
Pour l'heure, les trois groupes bancaires ne dévoilent pas leurs objectifs de réduction d'automates. Mais la communication pour les clients est déjà rodée : un client d'une des quatre réseaux bancaires concernés aura à sa disposition un nombre d'automates plus élevé, et donc moins de retraits déplacés à payer dans l'usage de sa banque au quotidien.
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