Titres-restaurant : Edenred chute en Bourse après l’ouverture d’une enquête en Italie

Le champion mondial des titres-restaurant décroche de près de 13% en une seule séance. Une enquête pour escroquerie a été ouverte en Italie. Le groupe rejoint la liste des grandes capitalisations qui peuvent prendre pied en quelques heures en Bourse. Cette volatilité extrême qui devient peu à peu la norme et qui interroge sur le fonctionnement des marchés.
Worldline, Société Générale, Alstom, Edenred... les chutes brutales des cours se multiplient sur l'indice CAC 40.
Worldline, Société Générale, Alstom, Edenred... les chutes brutales des cours se multiplient sur l'indice CAC 40. (Crédits : Regis Duvignau)

Coup de torchon sur l'action d'Edenred. Le titre de champion mondial du titres-restaurant, une valeur de croissance appréciée des investisseurs pour la régularité de la croissance de ses résultats, a dévissé de près de 15 % en Bourse ce mercredi, pour passer largement sous la barre des 50 euros l'action.

La raison ? Le groupe français a indiqué qu'il faisait l'objet d'une enquête en Italie sur un appel d'offres public lancé en 2019, confirmant ainsi des informations de presse. Dans un communiqué, les autorités italiennes ont expliqué avoir saisi 20 millions d'euros dans cette affaire au titre « d'escroquerie aux dépens de l'Etat ». Une affaire sur laquelle le groupe français ne souhaite pas commenter pendant l'enquête judiciaire en cours. L'appel d'offre concerné concerne la délivrance et la gestion des titres-restaurant, un marché estimé à 1,25 milliard d'euros.

Successions de chocs

Ces informations expliquent, selon le courtier Oddo BHF, cité par l'AFP, « le petit sursaut de volatilité sur le titre ». Elles peuvent surtout raviver les inquiétudes qui pèsent sur l'entreprise concernant la réglementation de son activité. Déjà, en 2019, l'Autorité de la concurrence française avait infligé des amendes d'un montant total de 414 millions d'euros aux sociétés Edenred, Sodexo, Natixis Intertitres et Up, pour une entente sur le marché des titres restaurant en France. Une amende récemment confirmée par la Cour d'appel de Paris.

En fin d'année, c'est la grogne des restaurateurs sur le niveau jugé excessif des commissions appliquées sur les titres-restaurant qui est remontée jusqu'à Bercy, en pleine lutte contre l'inflation. Pour autant, l'Autorité de la concurrence a déconseillé l'automne dernier de plafonner les commissions prélevées - qui sont actuellement de 3 à 5 % - mais milite pour davantage de transparence sur les tarifs. Reste que ces débats avaient déjà fait décrocher le titre fin septembre après un beau parcours boursier depuis 2022, valorisant alors Edenred presque comme une « fintech », un statut dont le groupe se réclame par ailleurs. Ces à-coups n'ont cependant pas empêché Sodexo de mener avec succès l'introduction en Bourse de sa filiale Pluxee, concurrent direct de Edenred.

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Forte volatilité

Reste que l'ampleur de la baisse peut surprendre. Pourtant, cette volatilité extrême des cours face à un événement non prévu devient peu à peu la norme sur les marchés. Chacun se souvient de l'effondrement du titre Worldline (-60% en une seule séance ! ) après une alerte sur résultats - et accessoirement sa sortie du CAC 40 - alors que les fondamentaux du groupe spécialisé dans les paiements ne justifiaient en rien une telle sanction boursière.

Idem pour Alstom qui perd 15 % en une seule séance en novembre après avoir plongé de près de 40 % au début octobre, voire même Société générale qui chute de 12% après une réunion d'analystes financiers en septembre. L'inverse est également vrai : la moindre bonne nouvelle fait bondir des grandes capitalisations, comme une valeur moyenne ! Ainsi, mardi dernier, le mastodonte Air Liquide a gagné plus de 8 % en une seule séance pour frôler les 100 milliards de capitalisation.

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Ces mouvements brusques sur les titres doivent beaucoup à la profonde transformation des marchés financiers ces quinze dernières années. La montée en puissance de la gestion indicielle, la gestion active de plus en plus « benchmarkée » (plus ou moins collée à un indice) et la gestion alternative sur les options expliquent en partie ces mouvements massifs de capitaux, simultanés et dans le même sens (sans contreparties en l'absence des banques depuis 2008) qui provoquent cette forte volatilité, surtout sur un marché européen des actions qui n'est pas très profond.

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Commentaire 1
à écrit le 22/02/2024 à 9:21
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Qu'est-ce que je dis depuis plusieurs années ? Qu'il faut massivement investir sur la justice, avec 25ù de la finance internationale liée au crime organisé on peut nous aussi énormément gagner comem les américains. Ah mais faut faire du ménage avant ...

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