Edenred, Up, Sodexo... Les émetteurs de titres-restaurant dans le collimateur de Bercy

Accusées de prendre trop de commissions et de rembourser tardivement les restaurateurs, les sociétés émettrices de tickets-restaurants vont faire l’objet d’une enquête de l’Autorité de la concurrence et vont devoir dématérialiser leurs titres d’ici à 2026, a annoncé Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises et du Commerce.
Pour un repas réglé 10 euros en titres-restaurant, avec une commission généralement entre 3 et 5%, le restaurateur reverse entre 30 et 50 centimes.
Pour un repas réglé 10 euros en titres-restaurant, avec une commission généralement entre 3 et 5%, le restaurateur reverse entre 30 et 50 centimes. (Crédits : edenred)

Les sociétés émettrices de titres-restaurant sont sur le grill de Bercy. Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises et du Commerce a confié regarder de près le business de ces sociétés, ce lundi sur Franceinfo.

Selon elle, 5 millions de Français salariés utilisent aujourd'hui des titres-restaurant mais « un quart des restaurateurs les refusent car c'est trop compliqué ». Fin septembre en effet, la startup Openeat (spécialisée dans les avantages aux salariés liés à l'alimentation) et la communauté des Toqués de restauration ont publié une enquête affirmant que sur 700 restaurateurs sondés, près de 20 % refusent désormais ces moyens de paiement.

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Une situation qui révèle des difficultés chez les restaurateurs et qui a poussé la ministre a « missionné il y a plusieurs mois l'Autorité de la concurrence pour voir si le fonctionnement du marché des tickets-restaurant était équitable ». Le résultat de cette enquête est attendu « dans les jours qui viennent ».

Des retards et des commissions élevées

Dans le viseur de Bercy, « les commissions sont trop élevées et les démarches beaucoup trop lourdes » pour les restaurateurs qui « manquent de trésorerie » a renchéri Olivia Grégoire qui s'est faite défenseuse des commerçants ce lundi.

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Pour rappel, les restaurateurs versent une commission aux sociétés émettrices de titres-restaurant, prélevée sur la somme qui leur est réglée par leurs clients. Ainsi, pour un repas réglé 10 euros en titres-restaurant, avec une commission généralement entre 3 et 5%, le restaurateur reverse entre 30 et 50 centimes. Autre problème, les restaurateurs pointent un rallongement des délais de remboursement après la fermeture de la Centrale de règlement des titres (CRT).

Autant de critiques qui viennent d'un même problème selon les émetteurs : environ 40% des titres-restaurant sont émis au format papier, et c'est la coexistence des deux formats, papier et électronique, qui pèse sur les commissions, se défendent les sociétés émettrices.

Dématérialiser les titres et plafonner les commissions

En réponse, ce lundi, Olivia Grégoire a annoncé la dématérialisation des titres-restaurant.

« Je lance la dématérialisation des tickets - restaurant (pour que) avant 2026, on puisse être tout dématérialisé (pour) simplifier et faire en sorte que cela coûte moins cher aux restaurateurs de prendre les tickets resto », a-t-elle annoncé.

Une première étape qui pourrait être suivie d'autres après le résultat de l'enquête de l'Autorité de la concurrence.

La ministre a prévenu : « s'il y avait un dysfonctionnement de marché qui était prouvé », elle serait prête à « plafonner les commissions (...) et nous les plafonnerons plutôt au plancher qu'au plafond ».

Et pour cause, le soupçon de pratiques illégales de ces sociétés ne serait pas une première. Les sociétés émettrices de titres-restaurant Edenred, Up, Natixis Intertitres et Sodexo avaient été sanctionnées en 2019 par l'Autorité de la concurrence à payer 415 millions d'amende au total pour pratiques anticoncurrentielles.

L'Autorité de la concurrence les accusait « d'avoir mis en place un système leur permettant d'échanger régulièrement des informations sur leur stratégie commerciale », écrivait en 2019 le Figaro selon lequel ces spécialistes des titres-restaurants se sont entendus de 2002 à fin 2015.

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Elle reprochait par ailleurs « à ces quatre acteurs de s'être concertés pour contrôler l'entrée de nouveaux acteurs et pour ralentir la dématérialisation des titres-restaurant ».

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 03/10/2023 à 9:46
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C'est une monnaie privée qui constitue un désavantage pour le salarié, qui se voit privé d'une augmentation substantielle de salaire au motif d'un "avantage" en nature. En plus, c'est obligatoire dans certaines entreprises, ce qui revient à dépenser ...

à écrit le 02/10/2023 à 20:21
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Bonjour' Seul 6 millions de salariés ont les chèques restaurants, dans les grandes entretoises c est au choix à la tête du client bref pots de vins , détournements de biens, il faut déjà que les salariés aient accès aux tickets restaurants, à la...

à écrit le 02/10/2023 à 20:20
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Bonjour' Seul 6 millions de salariés ont les chèques restaurants, dans les grandes entretoises c est au choix à la tête du client bref pots de vins , détournements de biens, il faut déjà que les salariés aient accès aux tickets restaurants, à la...

le 03/10/2023 à 10:43
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Normalement si il existe un restaurant d'entreprise au sein de la boite , les salariés n'ont pas de chèque restaurant.

à écrit le 02/10/2023 à 15:51
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"et qui a poussé la ministre a « missionné il y a plusieurs mois l'Autorité de la concurrence" ça fait bizarre... "et qui a poussé la ministre à « missionner il y a plusieurs mois l'Autorité de la concurrence " ?

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