La Banque Postale affiche une rentabilité de 12% sur le premier semestre

La « toute jeune banque », lancée officiellement au printemps 2006, clôture un premier semestre sur des résultats solides alors qu’elle a finalisé, au 30 juin, l’intégration à 100% du groupe d’assurance CNP. Le navire amiral de la bancassurance en France tire toujours les résultats, tout en assurant son ADN social, mais la diversification des métiers commence à payer, notamment dans la banque de financement et d’investissement. Le groupe compte mettre le turbo sur le livret d’épargne populaire (LEP) et s’apprête à annoncer de nouvelles initiatives dans le paiement fractionné.
Renforcé avec CNP, La Banque Postale se hisse parmi les principaux bancassureurs européens.
Renforcé avec CNP, La Banque Postale se hisse parmi les principaux bancassureurs européens. (Crédits : Jean-Michel Daix)

Pour l'instant, tout va bien. La Banque Postale, reflet de la situation des ménages en France au travers de ses 20 millions de clients, ne constate pas de dégradation de la situation. « Nous notons une stabilité des dossiers de surendettement et un retour à la normal de 2019 de la fréquence des incidents bancaires », indique Philippe Heim, président du directoire, lors de la présentation des résultats semestriels. Même le coût du risque reste contenu autour de 12 points de base (au niveau groupe). Et dans la bataille actuelle sur le pouvoir d'achat, le groupe entend jouer son rôle de banque « citoyenne » notamment pour les plus modestes.

Sans attendre les initiatives se multiplient dans les banques en faveur des clients les plus fragiles, comme récemment le lancement par le Crédit Mutuel d'un compte à un euro par mois, La Banque Postale a déjà mis en place de nombreuses offres inclusives, comme son compte « Simplicité » (2,3 euros par mois et plafonnement des frais d'incidents à 20 euros), son programme de soutien pour les clients en rupture bancaire, une solution de coaching financier pour les jeunes, une assurance habitation à 6 euros ou le gel des tarifs de l'assurance emprunteur.

Surtout, le réseau postal entend profiter du prochain relèvement du taux du Livret d'épargne populaire (LEP) à 4,6% au 1er août pour lancer une grande campagne de promotion du produit, comme souhaite le faire d'ailleurs le gouvernement. Sur le semestre, le réseau postal a déjà généré quelque 130.000 souscriptions de livret que les banques n'apprécient généralement guère compte tenu du coût de la ressource.

Dixième bancassureur européen

Cette mission sociale, inscrite même dans le marbre de la loi, La Banque Postale n'y déroge pas même si elle est en voie de constitution d'une nouvelle banque, dont les principaux piliers restent la densité de son réseau (un programme de modernisation de 500 millions d'euros est engagé) et la toute récente intégration complète du groupe d'assurances CNP. Aujourd'hui, la Banque Postale est le dixième bancassureur européen (avec un chiffre d'affaires réparti en gros à 60% pour la banque et 40% pour l'assurance), qui peut revendiquer près de 64 millions de clients dans le monde. « Le semestre a été de forte intensité, en ligne avec notre feuille de route, celle de construire une nouvelle banque postale à l'horizon 2025 », résume Philippe Heim.

Au premier semestre, les résultats sont peu ou prou au rendez-vous. Les revenus sont en progression de 5,8 % à 4,7 milliards d'euros ( +3,1% en France à 3,2 milliards), le coefficient d'exploitation en légère amélioration à 66,7% (mais il dépend largement de la clé de répartition des charges du réseau entre les activités financières et de courrier), et le résultat net en hausse de 53% à 765 millions d'euros, hors amortissement du « badwill » lié à l'intégration de CNP (une opération à 5,5 milliards d'euros, dont 3,6 milliards d'écart d'acquisition négatif amortissable sur dix ans). Du coup, La Banque Postale affiche une rentabilité de 12%, digne des meilleurs standards des banques à réseau.

Projet de rachat d'une fintech dans le paiement fractionné

Aujourd'hui, la priorité est de poursuivre l'effort sur le terrain de la qualité de services, qui passe pour l'essentiel sur la digitalisation, le renforcement du taux d'équipement de la clientèle - il existe de fortes marges de progression dans ce domaine - et de diversification des métiers. Le nouveau pôle de banque de financement et d'investissement a dégagé un résultat net de 208 millions d'euros et près de 100 millions d'euros pour le pôle patrimonial et gestion d'actifs. La bancassurance France a dégagé de son côté 488 millions d'euros de résultat net et les activités internationales 75 millions.

La Banque Postale compte également pousser les feux sur le crédit à la consommation, surtout en matière de paiement fractionné via sa toute nouvelle filiale Django. Plus de 70 partenariats avec des marchands ont été signés depuis son lancement en mars 2022 et la prochaine étape sera de proposer du paiement fractionné directement au client final, soit en post-achat, soit avec la carte bancaire.

Plein pot sur le crédit immobilier

Dans ce cadre, La Banque Postale devrait annoncer à la rentrée le rachat d'une fintech. « Le paiement fractionné a vocation à remplacer le crédit renouvelable », estime Philippe Heim. La Banque Postale avait pris en décembre 2021 un ticket minoritaire dans la fintech Joe, qui développe une application permettant étaler ses dépenses. Cette participation fait désormais partie des quatre investissements du nouveau fonds 115K, dédié aux start-ups, et dont le montant pourra s'élever à terme à 150 millions d'euros.

Autre sujet de satisfaction, le bond de 21% de la production de crédit immobilier sur le semestre, à 6,6 milliards d'euros, ce qui devrait se traduire par des gains de part de marché. Pour autant, Philippe Heim s'attend à une érosion de la production au troisième trimestre, notamment sous l'effet d'un taux d'usure trop bas. Ce dernier, pourtant légèrement relevé en juillet, s'ajuste avec un effet retard de plusieurs mois aux conditions de marché. Ce qui pose un problème quand les taux grimpent trop vite.

Reste que cette hausse des taux d'intérêt est une bouée de respiration pour les activités bancaires, même si, précise le dirigeant, « les inversions de cycles sont toujours des moments de compression des marges ». C'est, en tout cas, clairement le cas sur le crédit immobilier.

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Commentaires 3
à écrit le 28/07/2022 à 23:22
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Qu’elle hypocrisie commerciale .. on nous oblige à avoir des comptes bancaires et à payer des frais pour avoir accès à son argent … est ce qu un politique peut nous expliquer ? Moi j appelle cela du racket organisé

à écrit le 28/07/2022 à 23:21
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Qu’elle hypocrisie commerciale .. on nous oblige à avoir des comptes bancaires et à payer des frais pour avoir accès à son argent … est ce qu un politique peut nous expliquer ?

à écrit le 28/07/2022 à 21:04
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"La « toute jeune banque »" y en a eu plusieurs (successives) ? On avait un compte 'association de proximité' pour la copropriété (suis trésorier et syndic bénévole), les frais de tenus de compte étaient de 2€/trim au début vers 2007, ont augmenté pa...

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