Le groupe Crédit mutuel (Crédit mutuel Alliance Fédérale, Arkéa, Nord Europe, Océan et Maine-Anjou-Basse-Normandie) est sans conteste la banque la plus dynamique en France : il a connu une croissance interrompue de son chiffre d'affaires depuis dix ans, en hausse de 40% sur la période, et ce malgré la chute des taux, alors que la marge d'intérêt représente toujours 46 % de son produit net bancaire.
C'est également le groupe qui affiche le meilleur coefficient d'exploitation (charges sur chiffre d'affaires), sous la barre des 60%, quand la moyenne des banques françaises est à 70%. Et, sans surprise, le groupe affiche, comme pour clore une saison de résultats bancaires exceptionnelle, un solide résultat net de 4,3 milliards d'euros en 2021 (+13% par rapport à 2019), dont 25 % provient de l'assurance, pour un produit net bancaire de près de 20 milliards d'euros (+9,6% par rapport à 2019). Le groupe a donc plus que rattrapé les effets de la crise sanitaire.
Le sujet est clos
Tout va bien donc pour le groupe. Même la guerre de tranchée avec Crédit mutuel Arkéa sur la question de son indépendance ne semble plus émouvoir la Confédération nationale de Crédit mutuel, l'organe central du groupe. « Le sujet est clos pour moi comme pour la Banque centrale européenne », avance, laconique, Nicolas Théry, président de la Confédération nationale, lors de la présentation des résultats 2021.
Mais le sujet est ailleurs. « L'actualité donne une coloration très différente de ces résultats », reconnaît Nicolas Théry. Son exposition au risque russe et ukrainien (150 millions d'euros) n'est pas une menace pour le groupe. Mais ce basculement de l'Europe qui est en train de se produire aura de lourdes conséquences.
« L'ordre mondial est une notion très instable et nous voyons émerger en Europe une logique impériale. Mais le fait d'exister par la violence n'est jamais durable », avance le dirigeant, non sans émotion, face au drame qui se noue en Ukraine sous les bombes.
Coût économique élevé
Le coût humain est inacceptable et le coût économique sera « élevé », selon Nicolas Théry :
« Il y a les sanctions qui, cette fois-ci, auront des conséquences pour l'économie européenne. Il y aura aussi un coût d'inflation, avec un impact sur le pouvoir d'achat. Le cycle d'inflation sera plus long qu'attendu. Il faut également souligner le coût de l'incertitude. Si la réaction des marchés reste raisonnable, nous commençons à voir une fuite vers la qualité sur le marché obligataire, avec une baisse des taux. Enfin, il y aura un coût de la sécurité, avec une augmentation des budgets militaires, comme en Allemagne ».
Cette crise met également en exergue notre dépendance aux énergies fossiles, ce qui devrait accélérer les programmes d'investissement de transition énergétique. « Il y a comme un écho entre la publication du GIEC (groupe d'experts sur le climat, ndlr) et cette crise en Ukraine », estime Nicolas Théry.
Face à cette crise, « l'attitude des banques centrale sera clé », estime enfin le dirigeant.
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