Leasing : avec le rachat de SGEF, le groupe BPCE affirme ses ambitions à l’international

Le groupe mutualiste a signé un protocole d’accord pour racheter à la Société Générale sa filiale spécialisée dans le crédit-bail à l’international pour un montant de 1,1 milliard d’euros. Cette transaction illustre l’ambition du groupe mutualiste de devenir un leader des services financiers en Europe et confirme la cure d’amaigrissement que s’impose la Société Générale pour redresser sa rentabilité.
Le président du Directoire de BPCE, Nicolas Namias, doit présenter le nouveau plan stratégique du groupe le 26 juin prochain.
Le président du Directoire de BPCE, Nicolas Namias, doit présenter le nouveau plan stratégique du groupe le 26 juin prochain. (Crédits : Greg Gonzalez)

C'est la plus grosse opération de croissance externe du groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Epargne) depuis 2009. Le groupe mutualiste vient d'annoncer la signature d'un protocole d'accord visant la reprise de l'essentiel des activités de Société Générale Equipement Finance (SGEF), spécialisé dans le crédit- bail professionnel, via les fabricants ou les distributeurs (vendor), un actif jugé non stratégique par la Société Générale.

La transaction s'élève à 1,1 milliard d'euros en cash, soit légèrement plus que les capitaux propres de la filiale cédée (960 millions d'euros), ce qui témoigne d'une bonne rentabilité de l'activité. L'opération est donc significative pour un groupe qui a dégagé l'an dernier un résultat net de 2,8 milliards d'euros en 2023, en baisse de 25%.

Cap sur l'international

Le périmètre de la transaction concerne uniquement des activités à l'international, dans 25 pays, avec l'Allemagne et l'Italie comme principaux marchés, et l'Espagne et le Royaume-Uni comme marchés à plus forte croissance. Cette opération devrait faire de BPCE le leader européen du leasing de biens d'équipement, devant BNP Paribas et Rabobank, sur un marché dont la croissance est estimée à 6 % par an. BPCE est déjà numéro un du marché en France, via sa filiale BPCE Leasing.

Au total, la reprise concerne 15 milliards d'euros d'encours de crédit (soit 8 milliards d'euros d'encours pondérés par les risques), soit un impact négatif de 0,4 points de pourcentage sur les fonds propres de BPCE. Autant dire une piqûre de mouche quand le groupe affiche, malgré une année 2023 difficile, un ratio de solvabilité CET 1 de plus de 15%.

Deux banques, deux choix stratégiques

Cette opération est née de la rencontre, pour reprendre l'expression de Nicolas Namias, président du directoire de BPCE, de deux choix stratégiques. Pour BPCE, c'est clairement celui de la conquête et de la croissance, notamment à l'international, choix qui sera réaffirmé lors de la présentation du nouveau plan stratégique du groupe en juin prochain.

La croissance est donc le maître-mot de Nicolas Namias depuis qu'il est arrivé aux commandes du groupe en décembre dernier, après le départ surprise de son prédécesseur Laurent Mignon à l'automne. « Cette acquisition concrétise dès aujourd'hui nos ambitions de développement en Europe et la diversification de nos revenus, qui seront des éléments importants de notre prochain plan stratégique », résume Nicolas Namias.

Pour Société Générale, c'est en revanche la poursuite de la cure d'amaigrissement. Une cure impulsée par le nouveau directeur général, nommé en juin dernier, Slawomir Krupa, dans le cadre d'un nouveau plan stratégique de rupture, présenté aux analystes financiers en septembre dernier. Ce plan est basé sur le contrôle strict des coûts et une concentration du capital sur les métiers jugés prioritaires, comme le leasing automobile. Le crédit-bail professionnel n'en faisait pas partie.

Closing début 2025

Depuis, la banque multiplie les annonces de cessions d'actifs, notamment en Afrique dans la banque de détail. Très vite, la SGEF faisait partie des actifs à céder, d'autant que la maison-mère avait déjà commencé à lever le pied en vendant certaines activités de cette filiale en 2020. D'autres annonces de cessions devraient logiquement suivre, notamment l'activité titres (SGSS), un métier industriel et fortement concentré, sur lequel la banque n'a clairement plus la taille critique.

Les discussions entre les deux groupes bancaires ont débuté dès l'automne dernier et le closing de l'opération est prévu pour le premier trimestre 2025, le temps que toutes les instances du personnel soient informées et que les autorités réglementaires donnent leur feu vert dans chaque pays. L'intégralité des 1.400 salariés de SGEF seront repris par BPCE.

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