Alors que la crise sanitaire est toujours bien présente, avec son lot de fermetures de commerces et de couvre-feux, les banques, aiguillonnées par Bercy, ont décidé de réactiver une mesure qui a fait ses preuves lors du premier confinement : accorder des moratoires sur les crédits bancaires. Dans un communiqué diffusé jeudi soir, dans la foulée des annonces du gouvernement sur la généralisation du couvre-feu à 18h00 à partir de ce samedi, la Fédération française des banques (FBF), a annoncé la mise en place de "moratoires ou reports d'échéances nécessaires aux entreprises et aux professionnels subissant toujours des restrictions d'activité". Avec les nouvelles mesures gouvernementales, les secteurs touchés pourraient d'ailleurs largement débordés les seuls actuellement sinistrés, comme la restauration, l'hôtellerie, la culture ou le tourisme. Toutefois, précise la FBF, ces mesures seront accordées "de manière personnalisée", c'est à dire à la discrétion des banques elles-mêmes.
Un dispositif qui marche
Reste que ces moratoires ont été largement accordés, généralement pour une durée de six mois, au printemps dernier, pour un volume estimé de 20 milliards d'euros. Souvent ils pouvaient être inclus dans les contrats de prêt. Les banques ont été globalement satisfaites de ce dispositif, d'autant qu'elles n'ont pas constaté de casse lors de l'extinction de ces dispositifs à partir de septembre dernier. Selon les réseaux, le taux de reprise des échéances normales oscillait en effet entre 97 et 99%.
Les moratoires de remboursement des prêts aux entreprises seront cette fois le plus souvent extra-contractuel et leur durée n'est pas précisé actuellement. "Il est très important d'aller au devant des problèmes, notamment auprès des commerçants touchés par la crise sanitaire, pour leur proposer tout l'arsenal possible pour passer ce cap difficile, les moratoires comme les prêts garantis par l'Etat", nous confiait récemment Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA et également président de la FBF.
Différé d'un an de remboursement des PGE
Seconde mesure importante de soutien à l'économie, les banques ont confirmé leur volonté d'accorder, de façon systématique, aux entreprises qui en feront la demande, un différé d'un an supplémentaire pour le remboursement des échéances du prêt garanti par l'Etat (PGE). Lancés en mars dernier, ces PGE ont profité à 630.000 entreprises pour un encours de 130 milliards d'euros, à la fin 2020. La possibilité de souscrire un tel prêt avait déjà été prorogée de six mois au 30 juin 2021.
La grande majorité de ces PGE a été souscrite entre mars et mai, notamment par les entreprises les plus fragiles. Les premières échéances, attendues à la date anniversaire en mars prochain, risquaient donc de mettre en difficulté nombre de petites entreprises ou commerces. D'où la volonté de Bercy d'accorder une année supplémentaire, un souhait rapidement accepté par les banques. Les entreprises qui en font la demande pourront ainsi bénéficier de deux années de différé de remboursement, de quoi décaler le "mur" des remboursements à 2022. A cette date, espérons-le, la crise sanitaire ne sera plus qu'un souvenir. A défaut, d'autres mesures comme la transformation d'une partie de ces PGE en prêts participatifs sont en cours d'élaboration pour renforcer les bilan des entreprises.
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